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l’homme sont le fait de la volonté, on a tout naturellement le sentiment qu’il<br />
faut freiner ou briser cette volonté <strong>pour</strong> le rendre obéissant. Un grand<br />
éducateur a dit : « L’essence de l’éducation peut tenir dans <strong>un</strong> seul mot :<br />
obéissance. » La logique humaine voudrait nous faire croire qu’en rendant <strong>un</strong><br />
enfant obéissant on peut lui enseigner toutes les vertus et, conclusion<br />
obligatoire, il sera vertueux ! Mais d’après ces principes il semblerait que le<br />
vice fondamental des enfants soit la « désobéissance » et le problème est loin<br />
d’être résolu.<br />
Heureusement, le problème n’est pas insoluble ! La volonté de l’homme<br />
ne s’exprime ni par le désordre ni par la violence, qui sont la marque de<br />
souffrance, de violation ! Mais tandis qu’on brise la volonté en <strong>un</strong> instant, son<br />
développement requiert <strong>un</strong> long processus, parce qu’il est croissance et<br />
dépend de l’aide que peut fournir l’environnement.<br />
On peut comparer le long processus de développement de la volonté au<br />
filage d’<strong>un</strong> fil ; le fil de la volonté se développe par l’activité dans <strong>un</strong> champ<br />
d’action qui va toujours s’élargissant et devient ainsi de plus en plus solide.<br />
En associant ces activités à <strong>un</strong> but central, comme de mettre le couvert ou de<br />
servir à table, on peut diriger continuellement la volonté libre des enfants vers<br />
le même but ; il en résulte <strong>un</strong>e société par cohésion des volontés plus qu’<strong>un</strong>e<br />
société par cohésion des sympathies. L’affectif n’est pas le plus important ici<br />
mais c’est la volonté qui est la force de cohésion et comme tous désirent – ou<br />
veulent – la même chose, il en résulte <strong>un</strong>e société au comportement calme,<br />
merveilleuse à regarder. Mais auparavant il faut que la volonté ait été<br />
développée dans chaque enfant.<br />
Un événement surprenant qui se passa dans ma première école, apporta<br />
<strong>un</strong>e nouvelle contribution pratique à la méthode d’éducation, sous la forme<br />
de la leçon de silence. Je pénétrai dans <strong>un</strong>e classe dans laquelle on travaillait<br />
avec sérieux ; la volonté des enfants avait déjà été développée. Je suis entrée<br />
dans cette classe de quarante-cinq enfants avec <strong>un</strong> bébé de quatre mois dans<br />
les bras. C’était <strong>un</strong>e vieille coutume en Italie d’emmailloter serré les jambes<br />
des bébés, si bien qu’elles étaient forcément immobiles et, montrant mon<br />
fardeau aux enfants, je leur dis : « Voici <strong>un</strong> visiteur ! Regardez comme il est<br />
tranquille ; je suis sûre que vous ne <strong>pour</strong>riez pas rester aussi tranquilles ! » Je<br />
croyais qu’ils riraient de ma plaisanterie mais tous devinrent très sérieux,<br />
joignirent aussitôt leurs pieds et s’abstinrent de tout mouvement. Croyant<br />
qu’ils n’avaient pas compris ma pensée, je continuai : « Si seulement vous<br />
pouviez sentir comme il respire doucement, vous ne <strong>pour</strong>riez pas respirer