The Red Bulletin Decembre 2020 (FR)
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L<br />
orsque la rappeuse britannique Stefflon<br />
Don a surgi en 2016, des têtes ont<br />
tourné. Son flow sur sa première mixtape<br />
Real Ting était sans faille, avec<br />
des paroles qui mélangeaient le patois<br />
jamaïcain, l’argot de l’Est de Londres<br />
et les références au hip hop américain.<br />
Et, contrairement à l’attitude terre-àterre<br />
de la plupart des rappeurs britan-<br />
Sur<br />
niques, elle s’est présentée comme<br />
une superstar en devenir, glamour<br />
et effrontée.<br />
En novembre de la même année,<br />
elle a été sélectionnée parmi les talents<br />
de 2017 à suivre par la BBC. Quatre<br />
mois plus tard, elle a signé un contrat<br />
de 1,2 million de livres sterling avec un<br />
grand label et, en août 2017, son single<br />
Hurtin’ Me, avec le rappeur américain<br />
French Montana, a atteint la septième<br />
place du classement des singles britanniques.<br />
Depuis, la jeune femme de 28 ans<br />
– de son vrai nom Stephanie Allen – a<br />
collaboré avec des artistes tels que Sean<br />
Paul, Nile Rodgers, Charli XCX, Skepta,<br />
Drake et Mariah Carey et, en 2018, est<br />
devenue la première artiste anglaise à<br />
figurer sur la liste annuelle des nouveaux<br />
talents du légendaire magazine américain<br />
de hip-hop XXL.<br />
Née à Birmingham de parents jamaïcains,<br />
la rappeuse s’est installée avec sa<br />
famille à Rotterdam aux Pays-Bas à l’âge<br />
de cinq ans, avant de revenir au Royaume-<br />
Uni, à Hackney, à 14 ans. La musique<br />
de Stefflon Don est donc un mélange de<br />
dance hall, de grime, de R’n’B et de house,<br />
ses rimes incorporant des influences de<br />
Londres, de la Jamaïque, de la Hollande<br />
et des USA. Elle dit que le fait d’avoir<br />
grandi au milieu de différentes cultures<br />
lui a ouvert l’esprit et a élargi sa musique<br />
et, en ce sens, c’est le secret de son<br />
succès.<br />
THE RED BULLETIN : Vous avez une<br />
gouaille caractéristique de l’Est de<br />
Londres, mais vous utilisez aussi<br />
du patois jamaïcain et de l’argot<br />
américain. Vous rappez même en<br />
néerlandais…<br />
STEFFLON DON : C’est à cause de mon<br />
éducation diversifiée. J’ai passé la plupart<br />
de mon enfance à Rotterdam. Les<br />
gens y parlent l’anglais américain, et j’ai<br />
grandi dans un foyer jamaïcain. J’avais<br />
des amis blancs, turcs, marocains. Les<br />
gens y sont très accueillants, j’ai donc<br />
beaucoup appris sur leur culture, leurs<br />
traditions, leur nourriture, leur musique.<br />
Quelles influences musicales y avezvous<br />
absorbées ?<br />
Les Pays-Bas contrôlaient le Suriname<br />
(le pays sud-américain était sous domination<br />
néerlandaise entre 1667 et 1975,<br />
ndlr) et la culture surinamaise a une<br />
forte influence à Rotterdam – similaire<br />
à l’influence de la culture jamaïcaine à<br />
Londres. La langue qu’ils parlent au<br />
Suriname est un mélange d’espagnol,<br />
de français, de néerlandais et d’anglais.<br />
En étant proche de cette communauté,<br />
j’écoutais tout le temps des chansons<br />
surinamaises ; on utilisait aussi leurs<br />
mots d’argot. Je pense que cela a même<br />
marqué ma prononciation : j’étais en<br />
Espagne l’autre jour et certains habitants<br />
pensaient que j’étais de là-bas. Pourtant,<br />
je ne parle pas l’espagnol couramment !<br />
Pensez-vous que le fait de parler couramment<br />
le néerlandais a eu un<br />
impact sur vos talents de rappeuse ?<br />
Sans aucun doute. Quand je parle néerlandais,<br />
je parle très vite. C’est pour ça<br />
que je suis rapide avec ma langue quand<br />
je rappe. C’était un gros avantage quand<br />
j’ai commencé.<br />
votre nouvelle mixtape, Island 54,<br />
vous ajoutez des sons afrobeats à<br />
votre mélange déjà éclectique. Les<br />
directeurs artistiques ne préfèreraient-ils<br />
pas que vous vous en teniez<br />
à une seule chose afin de ne pas submerger<br />
votre fanbase ?<br />
J’ai l’impression qu’il y a certains artistes<br />
que l’on peut mettre sur n’importe quel<br />
morceau – que ce soit un morceau latino,<br />
un truc posé ou une chanson alternative<br />
– parce que leur voix est comme un instrument.<br />
Leur voix apporte un certain<br />
son, et j’ai l’impression que c’est le cas<br />
pour moi. Dans mon prochain single,<br />
je parle le yoruba, une langue parlée<br />
principalement en Afrique de l’Ouest.<br />
Je pense que le public va être choqué :<br />
c’est encore une fois totalement nouveau.<br />
Mais, pour moi, c’est quelque chose que<br />
j’ai toujours expérimenté. En tant qu’artiste,<br />
je me sens tellement libre.<br />
Il y a deux ans, vous êtes entrée dans<br />
l’Histoire en étant la première artiste<br />
anglaise à figurer sur la Freshman List<br />
du magazine américain XXL. Pensezvous<br />
que votre perspective globale est<br />
la raison pour laquelle le public américain<br />
vous a plus adoptée que les autres<br />
MCs britanniques ?<br />
À fond ! Je sens que c’est seulement<br />
maintenant que les Américains acceptent<br />
mieux l’accent britannique sur un morceau<br />
de rap. Avant cela, c’était du genre :<br />
« J’aime quand vous parlez, mais quand<br />
quelqu’un rappe, je ne peux pas vous<br />
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