The Red Bulletin Decembre 2020 (FR)
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Ci-dessous : le team<br />
en virée freestyle<br />
autour du parking<br />
vide près du sommet<br />
du mont Lycabette<br />
d’Athènes,<br />
juste avant le lever<br />
du soleil.<br />
Page opposée :<br />
(de gauche à droite)<br />
Suzana Bakatsia,<br />
Constantina Xafi<br />
et Lydia Panagou<br />
attendent le lever<br />
du soleil au sommet<br />
du Lycabette<br />
après avoir ridé<br />
toute la nuit.<br />
dit Constantina Xafi, 28 ans. Quel que soit votre<br />
niveau et le type de personne que vous êtes, vous<br />
méritez une place au skatepark. » Xafi est l’une des<br />
forces motrices du groupe. Elle travaille dans le<br />
monde du théâtre, a fondé sa propre entreprise de<br />
sérigraphie et est bénévole en tant qu’enseignante<br />
pour Free Movement Skateboarding, qui offre des<br />
cours gratuits de skateboard à de jeunes Grecs et à<br />
des réfugiés. Xafi travaille à la réalisation de son rêve<br />
de créer un skatepark rempli de bowls adaptés aux<br />
pratiquants du patin à roulettes, mais ouvert à tous.<br />
Même si chaque type de rider considère que le skatepark<br />
est le sien – sur un skate, une BMX, une trottinette<br />
ou des rollers en ligne – les patineuses sont<br />
presque toujours des femmes. Et la construction<br />
d’une communauté forte a changé la donne.<br />
« Après avoir commencé le patin à roulettes, je me<br />
suis mise à imaginer des filles radicales, conquérant<br />
la ville sur leurs rollers », se souvient Sofia Argyraki,<br />
31 ans, co-fondatrice de Chicks in Bowls Athens. En<br />
janvier 2015, Sofia est allée patiner sur la rampe de<br />
BMX de Vrilissia, aujourd’hui démolie, une ville de<br />
la banlieue nord d’Athènes, avec ses amies Christina<br />
Rodopoulou et Akylina Palianopoulou. Le trio a<br />
passé la plus grande partie de l’après-midi à attaquer<br />
la rampe ensemble, s’encourageant mutuellement à<br />
y aller plus fort. Épatées par leur propre motivation,<br />
elles ont créé un team pour encourager d’autres<br />
femmes à partager leur passion. Le groupe compte<br />
aujourd’hui environ trente à quarante filles qui<br />
se réunissent régulièrement pour rider dans leurs<br />
parks favoris et explorer la ville ensemble.<br />
métropole d’Athènes n’est pas un<br />
paradis pour riders ; c’est une ville à la planification<br />
chaotique, très dense, dispersée sur de<br />
L’ancienne<br />
nombreuses collines escarpées, et truffée de<br />
nids de poule et de trottoirs cabossés, particulièrement<br />
dangereux pour les petites roues en uréthane<br />
des patins. Si vous voulez rider une rampe de skate<br />
à Athènes, il n’y a pas beaucoup d’options ; la ville<br />
ne dispose pas de skateparks municipaux somptueux<br />
ni d’une administration encline à tolérer les spots<br />
faits maison. Certaines banlieues disposent de petits<br />
parks, mais les meilleurs spots ont été construits<br />
par les riders eux-mêmes, qu’il s’agisse du vaste<br />
park indépendant de Galatsi ou de l’unique bowl<br />
d’Athènes, l’espace expérimental de skate/art<br />
Latraac du côté de Kerameikos. Mais, malgré ces<br />
conditions défavorables, la ville abrite une communauté<br />
de plus en plus dynamique de skateurs, de<br />
BMXers et, plus récemment, de roller girls.<br />
Lydia Panagou, 23 ans, l’une des rideuses les<br />
plus accomplies du groupe, est l’un des moteurs de<br />
cette scène en progression. « Ce que j’aime le plus<br />
dans le roller, c’est qu’il me permet de me rapprocher<br />
des autres, dit-elle. Nous organisons des rencontres,<br />
nous avons notre musique et nous nous déplaçons<br />
dans la ville vers nos endroits préférés. Chacun se<br />
déplace et s’habille comme il le souhaite. Il est<br />
important de ne faire qu’un avec ses patins : le style,<br />
l’esthétique, le rythme. C’est ce qui ressort quand<br />
il y a une harmonie et que vous vous sentez à l’aise<br />
avec vous-même et avec les gens qui vous entourent.<br />
Vos amis vous encouragent et vous élèvent. »<br />
N’importe qui peut connecter avec les Chicks in<br />
Bowls Athens sur Instagram et participer à l’une de<br />
leurs sessions régulières, de la nouvelle rideuse à la<br />
fille de passage en quête de relations locales. « Avoir<br />
une communauté est vraiment important, déclare<br />
l’artiste et architecte Foteini Korre, 29 ans. De nombreux<br />
spots sont éloignés, ce qui motive moyennement<br />
à y aller seule. Mais lorsqu’on bouge et ride<br />
ensemble, on s’aide et se soutient mutuellement,<br />
on se nourrit de l’énergie des autres. »<br />
Korre n’a pas souvenir d’avoir pratiqué le patin<br />
à roulettes quand elle était gamine. « Ma génération<br />
de filles n’a pas eu l’occasion de faire ça. On nous<br />
demandait de jouer à la poupée ou de rester à la<br />
maison pour les tâches ménagères, pendant que nos<br />
frères jouaient dans la rue. J’ai commencé le roller<br />
à 28 ans, et j’aurais aimé en avoir eu la possibilité<br />
à six. C’est difficile quand on réalise qu’à vingt ans,<br />
on veut récupérer le temps perdu. »<br />
Les skateparks à dominance masculine ne sont<br />
pas uniques à Athènes. Partout dans le monde, des<br />
efforts énormes ont été faits ces dernières années<br />
pour rendre la culture du skate plus inclusive, mais<br />
cela reste en grande partie un territoire d’hommes.<br />
« Aller dans cet espace en tant que femme alors que<br />
la majorité des riders sont des garçons crée une<br />
division, automatiquement, explique la fondatrice<br />
de Chicks in Bowls, Samara Buscovick, alias Lady<br />
Trample. Que ce soit intentionnel ou non, on a<br />
THE RED BULLETIN 63