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transhumanisme. D’où l’intérêt de détruire la langue pour en réserver la
connaissance et l’usage à une élite.
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Deuxième thèse : la langue est attaquée. Le début de la fin eut lieu quand,
à l’école, au cœur nucléaire du sanctuaire de l’apprentissage de la langue, il
fut question de détruire une méthode de lecture ayant fait ses preuves
depuis des générations au profit de nouvelles méthodes qui réjouissaient de
prétendus experts en une prétendue science de l’éducation, mais au
détriment des élèves devenus des apprenants.
Cette abolition d’une méthode efficace au profit d’une autre qui,
clairement, ne l’était pas, s’est accompagnée d’une destruction de ce qui
permet à un cerveau de se structurer comme un organe capable de lire,
d’écrire, de compter, de penser, donc de juger, de comprendre, de saisir :
abolition du par cœur, qui générait une efficience de la mémoire, quel que
soit ce sur quoi elle fonctionne – plus de poésie par cœur en littérature, plus
de tables de multiplication par cœur en mathématiques, plus de dates par
cœur en histoire, plus d’informations par cœur en géographie ; suppression
de l’analyse logique avec laquelle on comprenait le fonctionnement interne
d’une phrase, ses mécanismes, sa construction, sa logique donc ; abandon
de la dictée par laquelle s’effectuait l’apprentissage de l’orthographe ;
liquidation de la grammaire qui manifeste le génie de la langue et surtout
ses subtilités ; élimination de l’apprentissage de l’écriture graphique qui
était logique subtile de la main au profit d’une initiation au clavier qui est
logique sommaire du clic.
À quoi s’ajoute : la fascisation de la langue selon le principe édicté par
Barthes lors de sa leçon au Collège de France, sottise qui génère dans la
foulée sa politisation avec des polémiques stériles sur les usages du
masculin et du féminin, sur la féminisation des professions, sur l’écriture
inclusive, sur la réforme de l’orthographe, sur l’apprentissage des langues
étrangères alors même que la langue mère se trouve piétinée, sur la
réécriture des classiques dans la langue du politiquement correct, sur la
réduction des chefs-d’œuvre de la littérature à des versions allégées,
édulcorées, transformées.
Pendant ce temps, la prolifération d’une littérature dite « de jeunesse »