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Jones et ses congénères marchent armés sur la Ferme des Animaux. Mais « Boule de Neige avait
étudié les campagnes de Jules César 36 ». Fort de ce savoir acquis dans les livres des humains, il
prépare le combat. Les animaux attaquent – charge des oies, fientes des oiseaux, attaques massives
des moutons, coups de cornes des chèvres, ruades de l’âne… Boule de Neige manœuvre : il feint la
débandade et la retraite, l’ennemi y croit et avance, la contre-attaque surprend les humains par
l’arrière, ils ripostent en tirant des coups de fusil, Boule de Neige est touché, un mouton est abattu.
Malabar savate les humains. Bien que blessé, Boule de Neige précipite sa masse sur l’ennemi, la
chatte griffe à tout-va : les humains battent en retraite, la bataille est gagnée R . On célèbre la victoire :
on hisse le drapeau, on chante l’Hymne, on offre des funérailles solennelles aux animaux morts, on
prononce une allocution, on crée une décoration spéciale, on décore de manière posthume, on donne
un nom à ce combat, la « bataille de l’Étable 39 », on dresse un monument au pied d’un mât avec le
fusil de Jones, on décide de commémorer l’événement chaque année.
Lubie fait des siennes, elle arrive en retard, avance des excuses bidon, parle de douleurs… En fait,
elle collabore avec l’ennemi : on l’a vue se faire caresser par un homme de la ferme d’à côté à qui
elle a parlé ; Douce le lui reproche ; elle nie, mais, dans son box, la compagne de Malabar retrouve
du sucre et des rubans cachés dans sa paille. Trois jours plus tard, elle a disparu : elle a franchi les
clôtures S pour retrouver le camp des hommes, des pigeons l’y ont vue. Elle y tracte une carriole pour
eux, mange le sucre que lui donne son propriétaire et, bien sûr, propre et tondue de près, elle arbore
les rubans qu’elle aimait tant et dont la Révolution l’avait privée.
Les sempiternelles oppositions entre Boule de Neige et Napoléon trouvent un point de
cristallisation quant au projet de construction d’un Moulin à vent : Boule de Neige, qui a travaillé
l’aspect technique du dossier et a finalisé les plans, veut qu’il permette la modernité, l’électrification,
l’arrivée des machines, l’éclairage et le chauffage l’hiver, le confort de l’eau courante chaude et
froide pour tous, les machines qui libéreraient les animaux des travaux pénibles et les rendraient
disponibles pour la culture et le loisir, la lecture et la conversation. Les animaux souscrivent ; pas
Napoléon qui est hostile à ce projet et le fait savoir en pissant sur les plans de Boule de Neige…
Boule de Neige veut le
bonheur des animaux ; Napoléon, l’augmentation de la productivité alimentaire.
La Ferme se divise sur la question. Faut-il soutenir l’un ou l’autre ? Boule de Neige veut la semaine
de trois jours rendue possible par la mécanisation ; Napoléon, la mangeoire pleine pour tous. De
même, ils se chamaillent sur la défense du territoire et la menace que font peser les propriétaires
coalisés sur la Ferme des Animaux ; quelle réponse faut-il apporter ? Militariser la société, dit
Napoléon ; internationaliser la Révolution, rétorque Boule de Neige. Les bêtes sont d’accord avec le
dernier qui a parlé – sauf Benjamin qui « se refuse à croire à l’abondance de nourriture comme à
l’extension des loisirs. Moulin à vent ou pas, disait-il, la vie continuera pareil – mal par conséquent 44
».
Alors que les deux protagonistes défendent chacun leur position concernant le Moulin à vent,
Napoléon pousse un cri aigu. Arrivent alors neuf molosses qui aboient de façon terrifiante et
attaquent Boule de Neige qui ne doit son salut qu’à la fuite. On ne le reverra pas… Flanqué de ses
gros chiens, Napoléon prend la parole, là où jadis Sage l’Ancien avait prononcé son discours : il
abolit les assemblées du dimanche matin ; désormais, un comité privé présidé par lui décidera de la
gestion de la Ferme. Quatre gorets protestent : la garde rapprochée de Napoléon grogne et menace, la
rébellion est stoppée net, les autres animaux entonnent l’Hymne, les moutons bêlent les slogans…
Brille-Babil explique aux animaux de la Ferme ce que sont les dispositions nouvelles en faisant
assaut de rhétorique militante : l’exercice du pouvoir n’est pas une partie de plaisir, c’est au contraire