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L : L’Assemblée est le Soviet suprême. Sur le papier, c’est l’idéal : le
conseil y décide en effet de façon collective lors de débats ce qui est le
mieux pour la communauté ; mais, dans la réalité, c’est moins le lieu du
débat entre tous que celui des affrontements d’ego entre des tendances
idéologiques et politiques adverses : l’opposition de Napoléon à Boule de
Neige, pourtant deux cochons que leur fratrie devrait réunir, met en scène
l’affrontement de deux tempéraments : celui de Staline-Napoléon et de
Trotski-Boule de Neige. Il est bien évident que le silence des membres de
l’assemblée rend possible le pugilat verbal des deux figures, un pugilat dont
les animaux, donc le peuple, font toujours les frais. Ce qui se joue dans
cette « Assemblée 29 » qui est la matrice du Soviet suprême, c’est moins le
Conseil ouvrier que la lutte pour le leadership de la Révolution. Quand les
marins de Cronstadt se révoltent en 1921, c’est justement parce que les
équivalents de Napoléon et Boule de Neige ont confisqué le pouvoir qui
n’est plus, ou pas, si tant est qu’il l’ait jamais été, entre les mains des
travailleurs.
M : La création des commissions est l’un des premiers marqueurs de la
trahison de la Révolution : c’est en effet la bureaucratie qui se profile contre
le soviet. Cette bureaucratie va être moins un instrument au service du
prolétariat qu’un dispositif utilisé contre les travailleurs eux-mêmes. Le
soviet était l’outil de la démocratie directe qui permettait une authentique
démocratie – l’exercice du pouvoir par le peuple, pour le peuple ; la
bureaucratie devient l’appareil de démocratie indirecte qui prive le peuple
du pouvoir sur lui-même en le confiant à des bureaucrates impavides, à des
techniciens étroits, à des ingénieurs idéologisés, à des commissaires du
peuple fanatisés et autres auxiliaires de la dictature non pas du prolétariat
mais sur le prolétariat.
N : Personne ne niera qu’en URSS ou dans d’autres pays communistes
l’illettrisme ait reculé – c’est d’ailleurs souvent un argument des
thuriféraires de ces régimes… Mais la lecture et l’écriture n’y étaient pas
des instruments de libération intellectuelle, comme dans une démocratie
digne de ce nom où l’offre intellectuelle est large et diverse, contradictoire
et multiple, mais le moyen sûr d’un asservissement idéologique.
L’inexistence de la littérature universelle et critique dans les bibliothèques
ou les librairies des pays marxistes-léninistes et la seule présence d’une
littérature de propagande en témoignaient. La lutte contre l’illettrisme est à