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Il a conclu un pacte commercial avec les humains par lequel ces derniers seront payés avec des
œufs ; il prive donc les poules de leur ponte ; elles se rebellent et sabotent le marché en faisant
tomber leur production sur le sol. Napoléon réagit brutalement : il leur coupe la nourriture et
prononce la peine de mort contre quiconque les nourrirait. Les chiens veillent à l’application du
programme. Neuf poules y laissent la vie. Le pouvoir ment sur la cause de leur mort. Cinq jours plus
tard, la rébellion est matée. Les œufs sont livrés aux humains.
Le bruit court que Boule de Neige revient la nuit et qu’il est responsable de tout ce qui ne va pas
dans la Ferme : il vole le blé, casse les œufs, brise les fenêtres, bouche les égouts, dissimule les clés.
Les vaches disent même qu’il les trait à leur insu la nuit pendant qu’elles dorment. On dit des rats
qu’ils sont ses complices. On ajoute que Boule de Neige est de connivence avec les humains et qu’il
fomente avec eux une attaque en règle. Napoléon accable son ancien compagnon, il en fait un espion
et un traître depuis le premier jour. Il prétend disposer de documents attestant qu’il était déjà du côté
des Quatrepattes lors de la bataille de l’Étable. Les animaux doutent – y compris Malabar qui
rappelle sa valeur, son ardeur au combat, ses blessures. Brille-Babil arguë que tout cela fait partie de
la machination. Puis il explique que seul Napoléon s’est comporté en héros alors que Boule de Neige
travaillait à livrer les animaux aux humains. Afin de couper court aux discussions, Brille-Babil
décrète que Napoléon a dit que c’était ainsi – tous acquiescent alors…
Flanqué de ses molosses, le même Napoléon apparaît en arborant des décorations. Il annonce que
des espions qui travaillent pour Boule de Neige sont cachés parmi les animaux. Quatre cochons sont
attaqués par les chiens. Puis c’est au tour de Malabar lui-même de faire les frais de cette agression X .
Le cheval se défend à coups de ruades. Il cloue au sol sous son sabot l’un des chiens de garde et
implore Napoléon du regard : doit-il tuer ou épargner ? Le chef suprême décide de l’épargner,
Malabar veut donc lui aussi l’épargner, le chien s’enfuit.
Les quatre cochons rebelles sont prostrés. « Napoléon les invita à confesser leurs crimes Y . » On
leur demande d’avouer, ils avouent : oui ils sont bien des agents secrets de Boule de Neige qui
conspire contre la Ferme des Animaux. « Leur confession achevée, les chiens, sur-le-champ, les
égorgèrent 68 . » Napoléon demande si d’autres ont des aveux à faire. Les poulets qui avaient conduit la
révolte des œufs s’avancent : ils confessent… des rêves coupables dans lesquels Boule de Neige leur
est apparu pour les inciter à mal faire ! Ils sont exécutés à leur tour. Une oie admet qu’elle a volé six
épis de blé et qu’elle les a mangés l’année d’avant, deux moutons qu’ils ont tué un vieux bélier
compagnon du chef suprême : ils sont eux aussi massacrés. « À la fin ce fut, aux pieds de Napoléon,
un amoncellement de cadavres, et l’air était lourd d’une odeur de sang inconnue depuis le
bannissement de Jones 69 . »
Malabar estime qu’ils sont probablement coupables… de ne pas avoir assez travaillé ; mais sa
compagne Douce pleure en se souvenant que ça n’était pas l’idéal de départ formulé par Sage
l’Ancien. Certes, elle doute, mais il faut à tout prix éviter le retour des humains ! Elle défend donc
elle aussi Napoléon et chante l’Hymne. Les autres animaux s’associent à son chant. C’était celui du
soulèvement qui a réussi ; l’exécution des traîtres marque un second temps dans la Révolution ;
l’ennemi du dehors est vaincu de même que l’ennemi du dedans ; il faut un nouveau chant : un
Hymne nouveau est proposé Z .
Douce se souvient que, au commencement de la Révolution, un commandement interdisait de tuer :
« Nul animal ne tuera un autre animal 73 . » Après les meurtres de masse dans la Ferme, quid de cet
impératif ? Elle veut en avoir le cœur net et se rend devant le mur où il avait été peint. Elle y
découvre alors cette nouvelle formule : « Nul animal ne tuera un autre animal sans raison valable 73 . »
Personne ne se souvient de la présence de ces trois derniers mots à l’origine. Et ce dernier