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mécanicienne sur machine à romans 20 ». Elle est brune, peut avoir un peu moins de trente ans, a des
taches de rousseur et ses gestes sont ceux d’une sportive. Elle porte le vêtement de la « Jeunesse
Antisexe 20 ». Elle l’a regardé, il a craint ce regard : Winston estime que les femmes constituent les
militantes les plus farouches de la cause. Il croit qu’elle pourrait très bien travailler à la « Police de la
Pensée ».
Winston rencontre un autre personnage : O’Brien 21 qui fait partie des hautes sphères du Parti
Intérieur, il en porte l’uniforme – une combinaison noire. C’est « un grand gaillard au cou de taureau,
doté d’un visage brutal et grossier sous lequel perce l’humour 21 ». Il porte des lunettes. Malgré tout
cela, il se dégage de lui des manières et du charme. Instinctivement, Winston estime qu’il n’est
probablement pas d’une parfaite orthodoxie. Mais comment le savoir, voire le lui faire savoir ?
Winston et O’Brien participent aux « Deux Minutes de la Haine 22 » consacrées à Emmanuel
Goldstein, « l’Ennemi du Peuple 22 » dont on montre l’image sur grand écran et qui se trouve hué,
conspué, insulté, sous prétexte qu’il serait le traître, le renégat du Parti et aurait quitté le pays pour
vivre en exil d’où il tirerait les ficelles de toute opposition dans Océania.
À mots couverts, dans Océania, on parle de l’existence d’un mouvement clandestin d’opposition : «
Fraternité 27 ». Mais rien ne permet de savoir si c’est vrai ou faux. On sait que des opposants sont
arrêtés au petit matin et qu’ils disparaissent sans procès, puis que toute trace d’eux sur cette planète
se trouve ensuite effacée.
À son bureau, Winston écrit contre Big Brother qui est le chef du Parti : des affiches montrent son
visage partout mais nul ne sait où il est. Par le télécran, il contrôle tout et, donc, il sait tout. Winston
écrit tout de même contre Big Brother, il sait qu’il va mourir, qu’on lui tirera une balle dans la nuque,
mais il affirme qu’« il s’en fout 29 ». À ce moment, on frappe à sa porte…
C’est une voisine dont l’évier est bouché. Il s’agit de la femme de l’un de ses collègues dont les
enfants sont endoctrinés, assistent aux exécutions capitales mensuelles, écoutent aux portes et
dénoncent à la police de la pensée ceux qu’ils suspectent. Les parents sont fiers de leurs enfants
dénonciateurs – et ils leur devront un jour leur propre arrestation…
Un rêve de Winston nous permet d’apprendre qu’il a perdu ses parents dans les purges des
années 50 ; des souvenirs de ses parents, de son enfance et de sa sœur lui reviennent. Le télécran le
réveille. Il fait sa gymnastique devant l’appareil.
Au travail, Winston détruit des journaux, les réécrit en fonction de l’intérêt du Parti. Par exemple,
ce qui a été annoncé mais qui n’a pas eu lieu est modifié : on efface et on prédit sans risque ce qui a
eu lieu puisque… ce qui a eu lieu a bien eu lieu ! Les livres, les journaux, les archives, les tracts, les
périodiques, les brochures, les affiches, les prospectus, les films, les enregistrements sonores, les
dessins animés, les photos, les poèmes – tout y passe…
Dans Océania, on manque des produits de première nécessité et le luxe n’a pas lieu d’être. Tout est
sale, gras, crasseux. La nourriture et l’alcool sont de très mauvaise qualité.
Le télécran annonce de fausses nouvelles : la bataille de la production est gagnée, le niveau de vie a
augmenté, la délinquance a disparu, les biens de consommation sont en augmentation, la maladie
recule, les enfants naissent en grand nombre. Les gens manifestent leur bonheur. On distribue des
rations de tabac et de chocolat. Tout le monde est laid. Tous portent l’uniforme bleu.
On apprend que Winston a été marié avec Katharine et qu’il avait horreur de la sexualité avec elle
parce qu’elle visait la production d’un enfant qui ne vit jamais le jour. Les femmes sont
conditionnées à ne pas aimer l’acte sexuel qui se trouve réduit par le pouvoir à un pur et simple
mécanisme de reproduction… La vie privée est interdite, la solitude impossible ou impensable, les
loisirs collectifs imposent un usage hygiéniste du corps.