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terreur et les exterminations, sont exploités et insultés, méprisés et abrutis,
dominés et exploités. La promesse d’un monde meilleur demain va de pair
avec la certitude d’un monde immonde ici et maintenant.
La dynamique historique de la Révolution suivie par Orwell permet une
véritable théorie de la Révolution : premièrement, la beauté de la
Révolution avec la promesse de bonheur, d’égalité, de justice pour tous, les
déclarations de bonnes intentions, le désir de construire un paradis sur terre,
la perspective de l’abondance et de la prospérité, la fin de la négativité et
des contradictions, la réalisation de l’harmonie sociale – c’est le temps du
rêve et des projets, des plans sur la comète et de l’utopie ; deuxièmement, le
devenir idéologique de la Révolution : la construction des programmes, la
rédaction de maximes, la formulation d’impératifs, de règles et de slogans,
la proposition d’un programme – c’est le temps de l’assemblée et de la
réunion, des débats et des discussions, des constituantes et des soviets ;
troisièmement, la confiscation de la Révolution : les révolutionnaires
deviennent des professionnels de la Révolution et travaillent à l’éviction du
peuple et de la démocratie directe au profit de représentants, eux, qui
constituent une aristocratie, une oligarchie – c’est le temps de la
transformation du projet de dictature du prolétariat en réalité de la dictature
sur le prolétariat ; quatrièmement, le devenir réactionnaire de la
Révolution : ce qui se proposait à l’origine comme une rupture, un
changement, réactive les schémas anciens de sorte que l’exploitation, la
dialectique de la domination et la servitude reprennent du service, c’est le
temps des profiteurs de la Révolution, des agioteurs et des accapareurs, des
nouveaux riches et des arrivistes, c’est le temps de l’émergence d’une
nouvelle bourgeoisie de parvenus qui, loin de servir la Révolution, se sert
d’elle ; cinquièmement, l’instauration de la dictature révolutionnaire : c’est
l’avènement du tribunal révolutionnaire et de son corrélat, la terreur qui
s’accompagne du pouvoir personnel, donc du culte de la personnalité –
c’est le temps du sang et son cortège de guillotines, de fusillades, de
déportations, de camps, d’interrogatoires policiers ; sixièmement, le
figement de la Révolution en réaction : la société révolutionnaire a recréé
les tares du régime capitaliste : les inégalités sociales avec l’exploitation
d’une classe d’esclaves par une classe de dominants, la lutte des classes
entre ceux qui possèdent les moyens de répression et ceux sur lesquels ils
s’exercent, la paupérisation qui suppose l’enrichissement d’une