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Cape<br />
spécialement<br />
tissée pour<br />
le roi Roger II<br />
de Sicile à l'occasion<br />
de son couronnement<br />
en 525/1130, quelque<br />
quarante ans<br />
après la fin du règne<br />
musulman, long de deux siècles,<br />
sur l'île.<br />
<strong>Le</strong>s bords arrondis sont ornés<br />
d'une inscription en arabe où l'on peut lire<br />
sa date de fabrication et une prière traditionnelle<br />
à l'intention du roi.<br />
<strong>Le</strong>s motifs ornementaux et les techniques en usage<br />
dans l'art du tissu islamique se propagèrent de la Sicile<br />
vers l'Occident. <strong>Le</strong>s motifs turcs, persans et arabes sont toujours en vogue aujourd'hui en Europe.<br />
apportées sous l'angle de la science, de l'art<br />
de soigner ou du service social serait une<br />
gageure. Soulignons cependant que l'Islam<br />
possède une riche tradition qui inculque au<br />
croyant un code de conduite individuelle et<br />
collective propre à assurer la santé. <strong>Le</strong> <strong>Coran</strong><br />
et les hadith du Prophète contiennent de<br />
nombreux préceptes concernant l'hygiène<br />
personnelle (ablutions, préparation à la<br />
prière), les habitudes alimentaires (« Chez<br />
notre peuple, dit un hadith, on ne mange<br />
pas avant d'avoir faim, et on s'arrête de<br />
manger lorsqu'on n'a plus faim), l'exercice<br />
physique (« Apprenez à vos enfants à nager,<br />
à tirer à l'arc et à monter à cheval, dit un<br />
autre) et beaucoup d'autres pratiques de<br />
nature à former un esprit sain dans un corps<br />
sain.<br />
Deux, pratiques sociales méritent une<br />
mention particulière. L'une est la fourniture<br />
de drogues médicinales et autres par le dro¬<br />
guiste (al-attar), qui faisait souvent fonction<br />
d'auxiliaire médical (rôle qu'il partageait<br />
avec le barbier). L'autre est l'institution très<br />
importante du bain public (al hammam), lieu<br />
de rencontre qui était à la fois un club<br />
(réservé alternativement à chacun des deux<br />
sexes), une grande salle de bains et un havre<br />
où ceux qui traversaient une période de ten¬<br />
sion physique ou morale venaient chercher<br />
la détente du corps ou de l'esprit. A cet<br />
égard, il est intéressant de noter que, selon<br />
une coutume qui n'a disparu que récem¬<br />
ment, les femmes relevant de couches<br />
allaient au hammam, entourées de leurs<br />
parents et amis, pour fêter l'événement et se<br />
purifier.<br />
La notion de naissance sous-tend les tra¬<br />
vaux des alchimistes arabes pour qui,<br />
d'après ce que dit Seyyed Hossein Nasr<br />
dans son livre intitulé Islamic Science,<br />
« l'alchimie idéale est une sorte d'obstétri<br />
que qui extrait de l'or du ventre de la<br />
nature ».<br />
Bien que l'alchimie ne doive pas être assi¬<br />
milée à une protochimie, elle est indissocia¬<br />
ble de l'histoire de la chimie. Etudiée par les<br />
Musulmans depuis les premiers temps, la<br />
chimie a surtout progressé grâce à Jabir Ibn<br />
Hayyan (aussi connu sous le nom de Geber),<br />
philosophe, médecin et alchimiste, qui a<br />
vécu au deuxième siècle de l'Hégire (8e siè¬<br />
cle de l'ère chrétienne) et rédigé un grand<br />
nombre d'ouvrages, dont Kitab al-Sab'in (le<br />
livre des soixante-dix) et Kitab al-mizan (le<br />
livre de l'équilibre).<br />
Muhammad ibn Zakariyya al-Razi, autre<br />
grand chimiste musulman, était aussi un<br />
médecin hors pair. C'est lui qui a eu l'idée de<br />
classer les substances en trois catégories<br />
minérales, végétales et animales. Il a fait<br />
beaucoup progresser l'étude de plusieurs<br />
procédés chimiques, celui de la distillation<br />
notamment. Il aurait été le premier à extraire<br />
de l'alcool de substances fermentées et à<br />
l'utiliser à des fins médicales. <strong>Le</strong> mot alcool<br />
est d'ailleurs d'origine arabe ; il pourrait<br />
venir de Kühl (kohl) ou de al-gaoul (men¬<br />
tionné dans le <strong>Coran</strong> et désignant probable¬<br />
ment la substance enivrante contenue dans<br />
le vin).<br />
Il faut bien reconnaître que la science isla¬<br />
mique d'aujourd'hui ne peut soutenir la<br />
comparaison avec son prestigieux passé.<br />
Certes, c'est là une situation regrettable<br />
(pour les Musulmans comme pour le monde<br />
en général), mais il ne faudrait pas brosser<br />
un tableau trop sombre de la science et de la<br />
technologie de Dar-al Islam (le Domaine de<br />
l'Islam). N'oublions pas les innombrables<br />
scientifiques et ingénieurs musulmans qui<br />
travaillent ou reçoivent une formation dans<br />
tous les pays du monde islamique. Il est cer¬<br />
tain que la génération actuelle et la suivante<br />
produiront, par la seule loi du nombre, beau¬<br />
coup de grands scientifiques, tel le profes¬<br />
seur Abdus Salam, prix Nobel de physique<br />
1979, premier savant musulman à avoir<br />
obtenu cette distinction.<br />
Pour leur part, les pays islamiques com¬<br />
prennent de mieux en mieux que la renais¬<br />
sance de l'Islam est liée à un renouveau de la<br />
science et de la technologie au sein de<br />
YUmma (la communauté islamique). Ils gar¬<br />
dent en mémoire ce hadith du prophète :<br />
« La fin de cette communauté n'adviendra<br />
que par ce qui a fait advenir son commence¬<br />
ment ». Aussi les pays musulmans sont-ils<br />
résolus à uuvrer individuellement, mais<br />
aussi collectivement, et en coopération avec<br />
toutes les autres nations, pour le développe¬<br />
ment de la science et de la technologie. Ils<br />
ont récemment créé la Fondation islamique<br />
pour la science, la technologie et le dévelop¬<br />
pement, dont le Directeur général est un<br />
eminent homme de science, M. Ali Kettani.<br />
Si le budget de cette fondation est encore<br />
modeste (50 millions de dollars), une frac¬<br />
tion non négligeable de celui du Fonds isla¬<br />
mique pour le développement, qui totalise<br />
deux milliards de dollars, sera utilisée,<br />
comme il a été annoncé à la Conférence de<br />
Taïf en janvier 1981, au service de la science<br />
et de la technologie. Sur la voie de ce renou¬<br />
veau, Jes Musulmans récitent avec ferveur<br />
les versets divins :<br />
« Dis : Seigneur, fais-moi entrer avec justice<br />
et sortir avec justice et donne-moi de ton<br />
pouvoir, de ton secours. »<br />
(<strong>Coran</strong>, XVII, 80).<br />
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Abdul-Razzak Kaddoura<br />
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