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TttH<br />
Véritable défi lancé à l'habituelle monotonie architecturale des<br />
bâtiments utilitaires, ces châteaux d'eau aux lignes étonnantes se<br />
dressent dans le ciel de la ville de Koweit comme un symbole des<br />
recherches menées pour intégrer de façon nouvelle la<br />
technologie moderne aux traditions existantes. Alimentées par<br />
deux centrales de distillation de l'eau de mer, ces tours en forme<br />
de champignons, trente et une au total, assurent l'alimentation<br />
en eau douce de cette ville en pleine expansion. Page ci-contre :<br />
En dernière analyse, la constitution de cette<br />
communauté scientifique dépend de nous.<br />
Je suis personnellement engagé, en tant<br />
que savant, dans la recherche d'une unité<br />
des forces fondamentales de la nature, par<br />
delà leur apparente disparité. Que l'unité et<br />
la symétrie foncières de la Nature doivent<br />
finalement être mises en évidence, c'est ce<br />
que nous croyons en tant que physiciens,<br />
c'est ce que je crois en tant que musulman.<br />
J'ai eu l'honneur de le rappeler aux convives<br />
du Banquet Nobel de 1979 :<br />
« La création de la physique est l'ouvre<br />
commune de l'humanité. L'Orient et l'Occi¬<br />
dent, le Nord et le Sud y ont également pris<br />
part. Dans le Saint Livre de l'Islam, Allah<br />
dit :<br />
"Il a créé sept cieux superposés. Tu ne<br />
vois pas de faille dans la création du Miséri¬<br />
cordieux. Regarde encore. Y vois-tu une fis¬<br />
sure ? Regarde encore et encore. Ton regard<br />
revient las, épuisé."<br />
(<strong>Coran</strong>, LXVII, 3-4)<br />
Telle est bien la foi de tous les physiciens,<br />
la foi qui nous anime et nous soutient. Plus<br />
ces trois tours dominant la baie de Koweit, contrastent par leur<br />
silhouette avec les précédentes. La plus grande est un pilier de<br />
béton, haut de 185 mètres, pourvu de deux sphères qui abritent,<br />
outre un réservoir, un restaurant et une salle de banquet, un<br />
jardin couvert et un observatoire. La deuxième porte un réservoir<br />
sphérique. Véritable obélisque en béton, la troisième vient<br />
compléter l'ensemble.<br />
notre recherche s'approfondit, plus grandit<br />
notre émerveillement, plus s'accroît notre<br />
éblouissement.<br />
C'est dans cet esprit que mon deuxième<br />
appel s'adresse à ceux d'entre nous qui, par<br />
l'enseignement, façonnent nos sociétés.<br />
Qu'ils n'oublient pas ces paroles du Livre<br />
Saint, ni ce qu'elles signifient par rapport<br />
aux objectifs de notre société ! Puis-je indi¬<br />
quer qu'entre autres choses, elles veulent<br />
dire que les écoles théologiques de l'Islam<br />
doivent faire entrer dans leurs programmes<br />
les notions de la science moderne et ne pas<br />
se borner au savoir du temps d'Ibn Sina ?<br />
Mon troisième appel s'adresse à nos diri¬<br />
geants. La science est importante parce<br />
qu'elle nous permet de comprendre le<br />
monde qui nous entoure et les desseins<br />
d'Allah ; elle est importante aussi en raison<br />
des avantages matériels que ses découver¬<br />
tes peuvent nous procurer.<br />
En Islam, nous avons envers la science<br />
internationale une dette dont le sens de<br />
l'honneur nous commande de nous acquit¬<br />
ter. Cependant, la recherche scientifique ne<br />
pourra s'épanouir sans une aide généreuse<br />
de nos gouvernants ; il en est aujourd'hui<br />
comme aux premiers siècles de l'Islam.<br />
Appliquées dans le monde musulman, les<br />
normes internationales de 1 à 2 % du PNB<br />
entraîneraient des investissements de l'ordre<br />
de quatre à huit milliards de dollars par an<br />
dans la recherche-développement, le cin¬<br />
quième étant consacré aux sciences pures.<br />
C'est pour nous un besoin criant.<br />
Il nous faut, dans nos pays, des fonda¬<br />
tions scientifiques dirigées par les hommes<br />
de science. Il nous faut des centres interna¬<br />
tionaux d'études supérieures, au sein et en<br />
dehors des universités, qui assurent large¬<br />
ment l'appui, la sécurité, la continuité néces¬<br />
saires. Faisons qu'aucun historien futur ne<br />
puisse écrire qu'au 15e siècle de l'Hégire, s'il<br />
y avait des hommes de science, on manquait<br />
de « princes et de ministres » pour les proté¬<br />
ger et les aider.<br />
Abdus Salam<br />
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