LA MORT DE MITRIDATE - University of Liverpool
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La Mort de Mitridate<br />
T’oblige à me traicter comme les ennemis ?<br />
Il est vray, je le suis, mais c’est de Mitridate,<br />
830 Tu le dois estre aussi, si tu n’es point ingrate.<br />
Si de sa passion ton esprit n’est guery,<br />
Tu suivras à clos yeux l’interest d’un mary.<br />
Nostre condition sera tousjours commune,<br />
Tu dois aveuglement embrasser ma fortune :<br />
835 Aymer tous mes amis, haïr ceux que je hay,<br />
Et pour ne point faillir, faire ce que je fay.<br />
BERENICE.<br />
Je sçay ce que je dois à la foy conjugale,<br />
Mais sçache que mon ame est une ame Royale :<br />
Qui ne peut sans contrainte appreuver un forfaict,<br />
840 Ny louër un peché, quoy qu’un mary l’ayt faict. [p.43]<br />
Conduy tes bataillons aux murs de cette ville,<br />
Qui sert contre les tiens à toy mesme d’azyle.<br />
Va porter la terreur aux lieux plus retirez,<br />
Que le flambeau du jour ayt encor esclairés.<br />
845 Rend des Cieux seulement tes conquestes bornées,<br />
Arme toy, si tu veux, contre les destinées :<br />
Et si tu ne me vois compagne de tes pas,<br />
Publie hardiment que je ne t’ayme pas.<br />
Mais servir les Romains contre ton propre pere,<br />
850 Usurper par sa mort un throsne hereditaire,<br />
Tenir le jour de luy, le luy vouloir oster,<br />
Juges-tu qu’en cela je te doive imiter ?<br />
Sçache que je croirois une honte de vivre,<br />
Ayant eu seulement le penser de te suivre.<br />
PHARNACE.<br />
855 Je commets un peché que je ne peux nier,<br />
Mais tout ce que j’ay faict se peut justifier.<br />
Je blesse mon honneur d’une mortelle <strong>of</strong>fense :<br />
Mais les raisons d’Estat me servent de dispense. 30<br />
Mes parens 31 delaissez, Mitridate trahy,<br />
860 Ses soldats subornés, son pays envahy,<br />
Des ennemis mortels l’alliance embrassée,<br />
Ses rampars assaillis, & sa ville forcée,<br />
Me font paroistre ingrat, traistre, denaturé :<br />
30<br />
31<br />
Beauregard says just this in his liminary poem: ‘Pharnace est innocent par maxime<br />
d’Estat’ (p. 80, l. 10).<br />
AF: ‘Qui est de mesme famille, qui est de mesme sang, qui touche de consanguinité à<br />
quelqu’un’. Cf. ll. 960, 1705, 1750.<br />
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