LA MORT DE MITRIDATE - University of Liverpool

La Mort de Mitridate
Je me dois prosterner devant mon propre fils,
Et faire plus à luy que jamais je ne fis.
Ah ! Pharnace, à quel point tu t’es rendu coupable,
1110 As-tu cogneu de crime à ton crime semblable ?
Je ne demande point que tu rendes mes biens,
Possede-les, Pharnace, ils devoient estre tiens.
Mais tu les recevrois avec moins d’infamie,
Les recevrant de moy que de mon ennemie.
1115 Pourquoy veux-tu 9 gaigner par ce honteux secours,
Ce qu’on te differoit seulement quelques jours ?
Est-ce pour te vanger d’une injure receuë ?
As-tu pour quelque offense une haine conceuë ?
Parle, descouvre moy le mal que je t’ay fait :
1120 Si j’en 10 suis esclairci, je seray satisfait.
[p.56]
PHARNACE.
Je ne vous redis point la cause de ma haine,
J’ay suivy par raison l’alliance Romaine :
Ma femme qui l’a sçeu vous a dit le sujet.
Je n’ay point vostre mal, mais mon bien pour objet.
MITRIDATE.
1125 Croy que tu te repais d’une vaine esperance,
Et tu te crois heureux contre toute apparence :
Rome pour son profit aime la trahison,
Mais elle hait le traistre avec trop de raison.
Quoy que pour la servir ta haine degenere,
1130 Sçache qu’elle craindra mesme sort que ton pere.
Et tu seras payé du salaire attendu,
Lors qu’elle te perdra, comme tu m’as perdu. 11
Si son ambition n’estoit si fort connue,
Qu’on ne peut l’ignorer au point qu’elle est venuë :
1135 Je croirois qu’un appast 12 auroit peu t’abuser,
Et qu’ainsi ton peché se pourroit excuser.
Mais si bien informé du pouvoir tyrannique, [p.57] 13
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Errata: corrected from the original viens-tu.
Errata: both verbs were originally preceded by j’en. The errata states that j’en should
be changed to je without stipulating which j’en. Scherer also opts for the second one.
This is the last of the errors pointed out in the errata.
For Pharnace’s fate, see note 31 to this act.
F: ‘APPAST, se dit figurément en choses morales de ce qui sert à attraper les hommes,
à les inviter à faire quelque chose’.
Gathering H begins on page 57 of the original text. It is from this gathering onwards
that La Calprenède appears to have seen the proofs.
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