Revista 25 aniversario - eoi de salamanca - Junta de Castilla y León
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Pourquoi en français?<br />
J’avais décidé d’écrire sur Andrei<br />
Makine et son roman Le Testament<br />
français mais quand j’étais en train <strong>de</strong><br />
penser ce que je voulais en dire, j’ai<br />
accepté comme inévitable <strong>de</strong> répondre<br />
à la question qui m’avait embarrassé<br />
pendant tout le temps <strong>de</strong> lecture:<br />
Pourquoi Makine, qui est russe et qui a le russe comme<br />
langue maternelle, s’est résolu à écrire en français?<br />
Qu’est-ce qui fait qu’un écrivain, amant <strong>de</strong> la langue,<br />
renonce à la sienne pour écrire en une autre, dans ce<br />
cas-là, en français?<br />
C’est vrai que les langues n’appartiennent pas aux<br />
peuples qui les créent, mais à ceux qui les parlent et<br />
donc, le français n’appartient pas seulement aux<br />
Français et il en avait tout le droit. Mais cela n’est pas<br />
la question.<br />
Makine n’est pas le premier étranger qui écrit en<br />
français ni le <strong>de</strong>rnier non plus. J’ignore si l’adoption<br />
d’une autre langue pour faire <strong>de</strong> la littérature est très<br />
habituelle dans toutes les langues <strong>de</strong> culture: en français<br />
par rapport à l’espagnol, oui, c’est plus habituel. Il y a,<br />
même, <strong>de</strong>s écrivains espagnols qui écrivent dans la<br />
langue française : Fernando Arrabal, Jorge Semprún…<br />
ce <strong>de</strong>rnier écrivain justifie son élection à l´ai<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
l´argument qui suit: s’il a vécu ses expériences en<br />
français, il doit les écrire dans cette langue.<br />
Anna Moï, écrivaine vietnamienne qui a écrit en<br />
français, disait que le français fournit l’incorporation<br />
du barbarisme. Et c’est possible parce que le français a<br />
introduit <strong>de</strong>puis toujours dans son lexique <strong>de</strong>s mots<br />
étrangers. Déjà au XVIe siècle, l’italien et l’espagnol<br />
ont envahi le français. Une <strong>de</strong>s raisons pour fon<strong>de</strong>r<br />
l’Académie française en 1635, c’était justement cela :<br />
protéger la langue <strong>de</strong>s mots étrangers. Depuis lors, en<br />
France, il y a une dispute entre les puristes, c'est-à-dire,<br />
ceux qui cherchent la virginité <strong>de</strong> la langue (Racine,<br />
Pascal, La Bruyère, Voltaire…); et, d’un autre côté,<br />
ceux qui cherchent l’enrichissement <strong>de</strong> la langue. Il ne<br />
faut pas oublier l’expulsion <strong>de</strong> l’Académie d’ Antoine<br />
Furetière, auteur du Dictionnaire Universel, pour avoir<br />
transgressé la norme <strong>de</strong> pureté <strong>de</strong> la langue.<br />
Cependant, et malgré les puristes, les écrivains<br />
étrangers ont continué à s’approprier <strong>de</strong> la langue pour<br />
l’enrichir et pour enrichir leur tradition narrative : au<br />
XVIIIe siècle il y a <strong>de</strong>ux exemples magnifiques : Le<br />
Manuscrit Trouvé à Saragosse, par le polonais Jan<br />
Potocki et, surtout, l’Histoire <strong>de</strong> ma vie, par le Vénitien<br />
Giacomo Casanova, roman extraordinaire plein<br />
d’italianismes (Casanova disait : « J'ai écrit en français,<br />
et non pas en italien parce que la langue française est<br />
plus répandue que la mienne»). Au XIXe siècle, Dumas,<br />
petit-fils d’une esclave <strong>de</strong> Saint-Domingue, introduit<br />
dans le roman français l’épique. Au XXe siècle, le<br />
Roumain Panaït Istrati incorpore la vie à la façon<br />
orientale ; la Russe Irène Némirovski, la nostalgie; le<br />
Nord-américain Julien Green, l’agitation religieuse…<br />
Et les natifs africains <strong>de</strong>s anciennes colonies? Ils ont<br />
apporté la naturalité. Léopold Sédar Senghor disait:<br />
«J’écris en français mais je pense en africain»<br />
Mais j’ai perdu le fil du sujet. Pourquoi un écrivain<br />
étranger <strong>de</strong> formation linguistique maternelle non<br />
française fait <strong>de</strong> la littérature en français? Pourquoi<br />
l’Irlandais Samuel Beckett qui écrivait en anglais, écrit<br />
il, après, en français? Peut-être que comme ça il pouvait<br />
exprimer mieux le vi<strong>de</strong> existentiel et l’absur<strong>de</strong> <strong>de</strong> ses<br />
personnages. Et le Tchèque Milan Kun<strong>de</strong>ra? Exilé pour<br />
<strong>de</strong>s raisons politiques, il a commencé à écrire en<br />
français parce qu’il n’aimait pas<br />
comment on traduisait ses œuvres.<br />
Et Andrei Makine qui a dû traduire<br />
ses romans en russe pour se faire<br />
prendre au sérieux? Peut-être que,<br />
seulement <strong>de</strong> cette façon, il a pu<br />
se distancier et rentrer en luimême<br />
pour comprendre son être<br />
russe.<br />
L’ultime exemple c’est<br />
l’Américain Jonathan Littell. Son roman Les<br />
Bienveillantes, écrit en français, prix Goncourt <strong>de</strong><br />
l’année <strong>de</strong>rnière, a eu un grand succès littéraire dans<br />
tous les pays où il a été publié. Quand on lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
pourquoi, sa réponse est parce qu’il l’aime, parce qu’il<br />
a une relation très spéciale avec la tradition littéraire<br />
française bien qu’il reconnaisse qu’il a, aussi, une<br />
relation spéciale avec la littérature américaine.<br />
Pourquoi un écrivain non français crée son œuvre en<br />
français ? Y a-t-il une réponse ? Peut-être qu’écrire dans<br />
une langue qui n’est pas la langue maternelle a <strong>de</strong>s<br />
avantages: l’écrivain étranger peut redécouvrir les<br />
mécanismes <strong>de</strong> la langue, conserver sa capacité <strong>de</strong><br />
surprise <strong>de</strong>vant certaines tournures inespérées et<br />
apprécier <strong>de</strong>s associations <strong>de</strong> mots qui resteraient<br />
cachées pour un natif sous l’influence d’une<br />
connaissance trop intériorisée pour pouvoir être<br />
critiqué.<br />
Joseph Brodsky disait: «La langue n’est pas le moyen<br />
<strong>de</strong> la poésie; au contraire, le poète est le moyen du<br />
langage… parce que la langue vit chez elle, hors <strong>de</strong><br />
chez nous».<br />
Carlos Gigosos Pérez, 1º B NI Francés.<br />
Una visita al museo Thyssen<br />
Salimos <strong>de</strong> Salamanca a<br />
las 8.00 <strong>de</strong> la mañana.,<br />
había mucha niebla.<br />
Fuimos en autobús y<br />
llegamos a las 11.00<br />
aproximadamente. El<br />
autobús nos <strong>de</strong>jó al lado <strong>de</strong>l<br />
Museo <strong>de</strong>l Prado.<br />
Una vez allí, fuimos hacia el Museo Thyssen e<br />
hicimos los grupos para entrar al mismo.