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Trajectoires et Origines - Ined

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d’Espagne <strong>et</strong> Italie <strong>et</strong> du tiers des descendants d’immigrés originaires de Turquie ou<br />

d’Asie du Sud-Est. Ces parents ont utilisé leur principale langue de communication,<br />

celle de leur région d’origine, pour parler avec leurs enfants. Leur âge à l’arrivée en<br />

France <strong>et</strong> leur connaissance de la langue française jouent incontestablement un rôle<br />

dans le maintien des langues étrangères.<br />

Peu à peu dans ces familles, comme dans les autres, l’utilisation du français devient<br />

plus courant, d’une part, du fait de son emploi par les enfants (entre eux <strong>et</strong> avec<br />

les parents) <strong>et</strong>, d’autre part, par l’amélioration du niveau de maîtrise de c<strong>et</strong>te langue<br />

par l’un ou les deux parents. Les données ne nous perm<strong>et</strong>tent pas de connaître la<br />

manière dont ces langues s’alternaient dans les différents contextes d’échange entre<br />

parents <strong>et</strong> enfants (5) . Cependant, il a été demandé aux répondants ayant cité deux<br />

langues reçues ou plus d’indiquer la langue la plus utilisée en famille. Parmi les<br />

descendants ayant eu une enfance plurilingue, entre 40 % <strong>et</strong> les deux-tiers déclarent<br />

que c’est une autre langue que le français qui était le plus souvent utilisée. La proportion<br />

est la plus élevée parmi les descendants de parents originaires de Turquie<br />

(69 %) <strong>et</strong> ceux de parents nés en Asie du Sud-Est (66 %), puis le portugais est cité<br />

comme la langue la plus utilisée par 55 % des descendants d’immigrés originaires<br />

du Portugal ayant reçu également le français. Les contacts fréquents entre la famille<br />

<strong>et</strong> l’entourage ou des voisins originaires du même pays que les parents peuvent<br />

renforcer l’utilisation d’une langue étrangère en famille (6) .<br />

C<strong>et</strong>te pratique pendant l’enfance recouvre des situations assez différentes (7) , entre<br />

l’usage uniquement oral en famille <strong>et</strong> une maîtrise à l’écrit, acquise grâce aux cours<br />

ou à l’utilisation de différents types de médias. Pour ceux qui ont reçu une langue<br />

étrangère en famille, le niveau de maîtrise déclaré au moment de l’enquête varie<br />

selon la principale langue étrangère reçue <strong>et</strong> la mixité du couple parental. Ainsi, 68 %<br />

des descendants de deux immigrés nés en Algérie ayant reçu l’arabe déclarent le<br />

parler bien, dont 15 % le maîtrisent à l’écrit, <strong>et</strong> ceux ayant reçu le berbère sont 57 %<br />

à déclarer le maîtriser bien, même si le moindre accès aux cours réduit la possibilité<br />

de maîtrise à l’écrit (5 % d’entre eux). Favorisée par des visites régulières au<br />

pays d’origine des parents, la maîtrise du portugais par les descendants de deux<br />

parents originaires du Portugal ayant reçu c<strong>et</strong>te langue <strong>et</strong> du turc par des descendants<br />

de parents nés en Turquie est déclarée comme bonne parmi 83 % des premiers (dont<br />

60 % à l’écrit) <strong>et</strong> 96 % des seconds (dont 81 % à l’écrit). L’accès aux cours dans la<br />

langue contribue fortement à sa maîtrise à l’écrit, car environ la moitié de ces deux<br />

groupes ont suivi des cours. Les niveaux de maîtrise des langues ou dialectes étrangers<br />

reçus par les descendants de deux parents originaires de l’Afrique sahélienne<br />

<strong>et</strong> de ceux ayant des parents originaires d’Asie du Sud-Est sont assez proches, avec<br />

un peu plus de la moitié (54 % dans les deux cas) qui déclarent bien parler la langue<br />

tandis qu’environ le quart (25 % <strong>et</strong> 27 % respectivement) disent bien la comprendre<br />

mais avoir des difficultés pour la parler.<br />

La mixité dans le couple parental est déterminante pour la transmission à la fois<br />

du français <strong>et</strong> des langues étrangères (tableau 4). Dans l’enquête, le nombre de descendants<br />

ayant un parent né en France <strong>et</strong> ayant reçu une langue étrangère est trop<br />

faible pour analyser la maîtrise de c<strong>et</strong>te langue. Les exceptions sont les descendants<br />

ayant un parent né en Espagne ou en Italie ou dans un autre pays européen (UE27).<br />

(5) Voir Deprez C., 1994, Les enfants bilingues : langues <strong>et</strong> familles, Paris, Didier, Credif ; Filhon A., 2009, Langues d’ici <strong>et</strong><br />

d’ailleurs. Transm<strong>et</strong>tre l’arabe <strong>et</strong> le berbère en France, Paris, INED, Cahier de l’<strong>Ined</strong>, 163.<br />

(6) Simon P., 1996, « Pratiques linguistiques <strong>et</strong> consommation médiatique » in Tribalat M. (dir.), De l’immigration à<br />

l’assimilation. Enquête sur les populations d’origine étrangère en France, Paris, La Découverte-INED, p. 188-213.<br />

(7) Voir Condon S. <strong>et</strong> Régnard C., « Héritage <strong>et</strong> pratiques linguistiques des descendants d’immigrés en France », Hommes <strong>et</strong><br />

Migrations, octobre 2010, à paraître.<br />

36 W W W Chapitre 4

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