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Trajectoires et Origines - Ined

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Pour les immigrés venus d’Europe, la mixité domine : les couples formés avec une<br />

personne de la population majoritaire, avec un immigré venu d’un autre pays, ou<br />

encore avec un descendant d’immigré d’un autre courant migratoire prévalent n<strong>et</strong>tement.<br />

Les immigrés venus du Portugal sont les Européens qui se m<strong>et</strong>tent le moins<br />

souvent en couple avec des personnes de la population majoritaire, mais ce taux<br />

avoisine tout de même les 40 %. Plus de la moitié des immigrés venus du Maghreb<br />

vivent avec un conjoint immigré du même pays (6 sur 10), à l’exception des hommes<br />

originaires d’Algérie (seulement 37 % d’entre eux). L’ancienn<strong>et</strong>é de la vague migratoire<br />

algérienne se traduit par un « vivier » matrimonial de descendant-e-s d’immigrés<br />

de ce pays plus important : 14 % des hommes <strong>et</strong> 9 % des femmes originaires d’Algérie<br />

vivent en couple avec un descendant d’immigrés d’origine algérienne.<br />

Les immigrés originaires de Turquie ont très majoritairement choisi un conjoint<br />

également immigré de leur pays d’origine : c’est le cas de 75 % des hommes <strong>et</strong> 88 %<br />

des femmes, ce qui est dû à la fois au faible degré de qualification dans c<strong>et</strong>te population<br />

<strong>et</strong> au caractère plus récent de c<strong>et</strong>te migration. Les immigrés d’Asie du Sud-Est<br />

<strong>et</strong> d’Afrique subsaharienne se distinguent de leur côté à la fois par des taux élevés<br />

d’union avec des personnes de la population majoritaire <strong>et</strong> par une fréquence n<strong>et</strong>tement<br />

plus élevée que les autres d’unions avec un immigré d’un autre pays que celui<br />

dont ils sont originaires.<br />

Enfin, on peut souligner que la part des unions entre deux immigrés issus de pays<br />

différents dépasse 15 % pour les originaires d’Afrique subsaharienne <strong>et</strong> d’Asie du<br />

Sud-Est. Cependant, la proximité d’origine est grande car les deux conjoints viennent<br />

du même continent dans 90 % de ces cas.<br />

5 W Les descendant-e-s d’immigrés se m<strong>et</strong>tent d’abord en couple<br />

avec une personne de la population majoritaire<br />

Bien que n’ayant pas fait eux-mêmes l’expérience de la migration, les enfants d’immigrés<br />

nés en France se situent dans un espace relationnel transnational de par les<br />

liens de leur famille avec le pays d’origine <strong>et</strong> leur proximité avec d’autres familles<br />

immigrées en France. Pour autant, leur situation se distingue n<strong>et</strong>tement de celle des<br />

immigrés. Pour eux, l’union avec une personne de la population majoritaire comporte<br />

peu de distance culturelle. Réciproquement, le choix d’une union avec un<br />

immigré originaire du même pays que leurs parents comporte une certaine distance<br />

culturelle, car en dépit d’une origine commune, les écarts peuvent être importants<br />

concernant les valeurs prévalant dans le pays du conjoint où ils sont souvent perçus<br />

comme des Français d’abord <strong>et</strong> avant tout. En revanche, le choix d’un conjoint luimême<br />

descendant d’immigré comporte une certaine proximité d’expérience : celui<br />

d’une histoire familiale marquée par la migration, par la diversité des référents culturels,<br />

<strong>et</strong> par une proximité de lieu de vie (voir chapitre ségrégation résidentielle) (4) .<br />

Les choix opérés dépendent de nombreux facteurs là-encore : le fait d’être issu d’un<br />

couple mixte, d’avoir des parents arrivés jeunes ou à l’âge adulte en France, déjà en<br />

couple ou non, l’ancienn<strong>et</strong>é du courant migratoire, les différences religieuses <strong>et</strong><br />

culturelles, le niveau de qualification obtenu <strong>et</strong>, enfin, le fait d’appartenir ou non à<br />

une population soumise au racisme <strong>et</strong> aux discriminations.<br />

(4) Santelli E. <strong>et</strong> Coll<strong>et</strong> B., 2010, « De l’endogamie à l’homogamie socio-<strong>et</strong>hnique. Réinterprétations normatives <strong>et</strong> réalités<br />

conjugales des descendants d’immigrés maghrébins, turcs <strong>et</strong> africains subsahariens », Sociologie <strong>et</strong> sociétés (à paraître) aborde<br />

les différentes options du choix conjugal à partir d’une enquête qualitative réalisée auprès de populations de descendants<br />

d’immigrés.<br />

Chapitre 11<br />

W W W<br />

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