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<strong>Vapeur</strong> <strong>Mauve</strong><br />
122<br />
Le plaisir ressenti en plongeant dans les articles<br />
de <strong>Vapeur</strong> <strong>Mauve</strong> mérite vraiment d’être partagé.<br />
Résurgence de souvenirs ensevelis (mais bien<br />
sûr jamais oubliés) d’un passé glorieux, riche<br />
de tous les écarts, de toutes les audaces,<br />
comment ne pas considérer <strong>Vapeur</strong> <strong>Mauve</strong> avec<br />
la bienveillance que votre travail mérite ?<br />
Deux articles ont interpellé le lecteur de VM qui vous<br />
écrit. Et au moins un en appelle, semblerait-il, à une<br />
autre vision (et il ne s’agit bien que de cela) que celle<br />
exposée par Gérard Nguyen au travers de l’article<br />
concernant Atem.<br />
Ah, la belle époque ! Les affiches « psyché » de<br />
Crium Delirium ou d’Art Zoyd dévoilant de loin en<br />
loin, au hasard des murs s’offrant au plus offrant, les<br />
délires de courants musicaux hors normes.<br />
C’était quoi d’autre, « l’époque » ? Quelques lieux<br />
magiques de diffusion de vinyles, si difficiles à<br />
trouver dans ma petite ville océane pourtant pleine<br />
de promesses (Rencontres Internationales d’Art<br />
Contemporain, rencontre aussi avec Wenders nous<br />
présentant Au Fil du Temps au Festival du film de JL<br />
Passek, plus tard, mais autrement plus consumériste,<br />
les Francofolies).<br />
C’est aussi le vendeur de Music Action, bras tendus,<br />
simulant les ailes d’un avion, glissant entre les<br />
rayonnages sur Land de Schulze, histoire de nous<br />
en mettre plein la vue, ou peut-être aussi pour se<br />
moquer gentiment de nous, ou encore les courriers<br />
sympathiques accompagnant la livraison des galettes<br />
(de cire) commandées au Moulin de la Vierge (panem<br />
et musica…) ; et ne passons pas sous silence le<br />
militantisme affirmé qu’exhalaient les pochettes<br />
des premiers Heldon, les Côtes de cachalots à la<br />
psilocybine ou les Ouais, Marchais, mieux qu’en 68 !<br />
Ou encore Pôle répondant par quelque message de<br />
sympathie.<br />
Et puis quoi encore sur cette « époque » ? Des<br />
négociations serrées entre nous pour déterminer qui<br />
allait se porter acquéreur de tel ou tel disque – nos<br />
moyens financiers étaient limités, il est vrai – sachant<br />
que nous allions transférer les précieux albums sur<br />
des cassettes ferriques que nous userions sans<br />
vergogne jusqu’à gommer la piste magnétique, ou<br />
être surpris en plein « délire musical » par rupture<br />
de la bande… Les concerts qu’on enregistrait<br />
discrètement – fraudant au passage devant le vigile<br />
(plus ou moins en veille) posté à l’entrée de la salle –<br />
et qu’on dupliquait pour en faire profiter les copains.<br />
Oui tout cela brasse bien des souvenirs…<br />
Était-ce un « âge d’or » ? Oui, sans doute.<br />
Mais ne cédons pas au spleen. La force émotionnelle<br />
que dégageait l’époque « bénie » n’aurait-elle<br />
pas tendance à survolter les souvenirs des « vieux<br />
briscards » que nous sommes probablement<br />
devenus ?<br />
Alors, il serait utile de porter témoignage de ces<br />
dernières années passées, du présent, et pouvonsnous<br />
l’espérer, nous projeter dans un proche avenir.<br />
Chacun s’accordera à reconnaître la « traversée d’un<br />
désert opaque » où accéder à de nouveaux courants<br />
musicaux, ou plus simplement de nouvelles musiques,<br />
de nouveaux artistes, s’avérait un cheminement<br />
difficile tant les supports médias étaient devenus<br />
pauvres. Disparition des « boutiques à disques »,<br />
normalisation des standards et formatage des goûts<br />
musicaux, voilà ce que nous ont sensiblement offert<br />
les deux dernières décennies d’un siècle essoufflé.<br />
Et puis… voici qu’arrive la duplication numérique<br />
proposée au plus grand nombre, d’abord les CD,<br />
et ensuite les DVD. Un graveur, quelques minutes,<br />
et voilà, c’est prêt… Fini les copies longues et<br />
hasardeuses de cassettes, avec des résultats pas<br />
toujours heureux. Le numérique, ça passe, ou ça<br />
passe pas ! Et si ça passe, eh bien tout le monde est<br />
content. Et puis le support est léger, « easy to trade »<br />
et donc à envoyer par la poste pour se passer des<br />
enregistrements « live ».<br />
Et voilà qu’arrive ce dont on rêvait tous : Internet !<br />
INTERNET ! Haut lieu de l’échange, du partage, de<br />
la découverte, de la curiosité jamais arrivée à satiété,<br />
ouverte sur l’infini. Quoi de plus rassurant de savoir<br />
que nous avons tout à portée de souris, et que<br />
notre vie ne suffira jamais à étancher notre soif de<br />
découverte ? Infini ! Voilà le mot, voilà l’esprit !