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<strong>Vapeur</strong> <strong>Mauve</strong><br />
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s’appelle désormais Universal : il y avait, entre<br />
autres, Amanda Lear, les Panda, Leano Morelli,<br />
Walter Foini… Et on s’est aperçu de plusieurs<br />
choses. D’abord, nous, on était les seuls à jouer<br />
live alors que tous les autres jouaient en playback,<br />
et ça déjà c’était une grande déception, car on<br />
s’était aperçu être tombé dans un monde de fiction.<br />
Mais, surtout, on s’est aperçu qu’eux, qui jouaient<br />
en playback, avaient le plus d’applaudissements,<br />
et ça, ça nous étonnait encore plus… C’était bien<br />
l’époque du punk mais aussi de la disco music. On<br />
voyait Amanda Lear avoir un public immense et<br />
devenir la tète d’affiche de la tournée… Donc, après<br />
1977 et cette expérience décevante, on devait faire<br />
un deuxième 33t. La maison discographique nous<br />
communiqua un peu son embarras, car on avait<br />
un contrat pour deux LP. Ils nous ont dit qu’ils ne<br />
voulaient pas perdre de l’argent en produisant un<br />
deuxième disque, que le genre était passé de mode,<br />
etc. Donc ils nous ont dit que si on voulait continuer<br />
à exister on devait se tourner vers quelque chose<br />
de plus commercial, de se défaire de cet air de<br />
« musiciens engagés », et même notre producteur<br />
adhérait à cette thèse. Nous nous sommes alors<br />
retrouvés dans un groupe remanié, qui essayait de<br />
produire un 45t plus « tendance » qui sortira par la<br />
suite, New York/Nove lune. On espérait que ce 45t<br />
aurait l’effet de lancer un deuxième 33t, on s’est<br />
dit : « Allons, faisons deux titres faciles et voyons<br />
comment ça marche. »<br />
Paolo : Je voulais revenir à Forse le lucciole non si<br />
amano più. A-t-il été précédé d’un 45t ?<br />
Luciano : Non, mais on a fait un 45t avec deux<br />
compositions un peu plus « simples ». Enfin, à<br />
l’écoute, car Non chiudere a chiave le stelle est<br />
une ballade, et Sogno di estunno comprend des<br />
moments un peu plus simples.<br />
Paolo : Justement, dans les crédits tu es l’auteur<br />
de Sogno di estunno. Mais comment se passaient<br />
les compositions ?<br />
Luciano : Alors, il est vrai que j’apparais comme<br />
l’auteur de Sogno di estunno. Mais nous tous on a<br />
composé quelque chose, car chacun a mis même<br />
seulement une idée, une rythmique. Voilà ! Donc<br />
je ne te dis pas que c’est moi ou Michele Conta,<br />
par exemple, qui avons composé le morceau.<br />
Disons qu’au fur et à mesure qu’on avançait avec<br />
les arrangements chacun y allait de son apport, on<br />
s’entraidait sans pour autant signer le morceau. Je<br />
ne sais pas, moi aussi j’ai composé une partie du<br />
morceau Forse le lucciole par exemple, mais bon,<br />
ce qui nous importait c’était le résultat final, d’une<br />
manière assez désintéressée, sans compétition<br />
pour la signature. Néanmoins, il y avait deux blocs<br />
principaux pour la partie musicale : le bloc Vevey et<br />
le bloc Conta. Je commence par Vevey, car c’est le<br />
plus simple. Ezio Vevey portait des morceaux, pour<br />
ainsi dire, « complets ». Il nous les faisait entendre<br />
avec sa guitare du début à la fin, lorsqu’il fallait<br />
varier, il savait déjà quand et comment, tu sais, il a<br />
toujours été un très bon musicien, très bon aussi<br />
pour les arrangements. Voilà, il ne s’agissait plus<br />
que faire les arrangements, des interventions plus<br />
soft. Pour le bloc Conta c’est une autre histoire.<br />
Michele Conta a étudié le piano au conservatoire,<br />
et il venait alors de terminer ses études. Donc pour<br />
les morceaux il proposait beaucoup d’idées, mais<br />
qu’il fallait lier entre elles, et ce travail était bien plus<br />
long, il fallait construire des ponts pour passer d’un<br />
cadre à un autre. Il fallait travailler beaucoup plus,<br />
et certainement, dans ce deuxième groupe, c’est le<br />
batteur Giorgio Gardino qui a le plus passé de temps<br />
en salle de répétitions, en essayant et réessayant<br />
la rythmique, c’est-à-dire essayant de donner<br />
un rythme à ce flot de notes musicales élaborées<br />
instinctivement par Michele. Et, une fois accompli ce<br />
travail, la phrase était dessinée, et tous les autres<br />
entraient en scène. Donc, en ce qui concerne les<br />
compositions, celles d’Ezio Vevey étaient un peu<br />
plus simples – des quatre quarts ou des ballades<br />
– alors que celles de Michele, beaucoup plus<br />
difficiles, demandaient un travail du début à la fin,<br />
car il y avait certaines idées qui manquaient. Je te<br />
fais un exemple : Sogno di estunno. C’est le premier<br />
morceau qu’on a essayé tous ensemble. Dans<br />
ce morceau, chaque partie est différente de celle<br />
précédente. Il débute d’une certaine manière, mais<br />
dès la partie chantée c’est déjà autre chose, donc<br />
c’était marrant d’essayer d’y insérer de nouvelles<br />
rythmiques et d’élaborer un jeu de réponses entre<br />
instruments. On se disait : vas-y, démarre encore