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Vapeur Mauve - Rock6070

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Pour la guitare, il reste l’initiateur de beaucoup de vocations. Le Zim n’est pas un soliste, mais un guitariste<br />

rythmique très efficace, avec de très beaux fingerpicking (Don’t Think Twice, It’s Allright), et une<br />

attaque de cordes précise et remarquable quand elle se fait plus agressive (It’s Allright Ma). Dylan, seul,<br />

n’a peut-être pas un jeu impressionnant, mais sa justesse est remarquable, et toujours au service du<br />

texte qui est central dans son œuvre.<br />

Sa période électrique a, elle aussi, eu droit à de belles pistes de guitare, que ce soit en live ou en studio,<br />

même si Dylan préfère alors les faire jouer par des guitaristes avec davantage de maitrise, Mike Bloomfield<br />

et Robbie Robertson par exemple. Je pense en particulier à Tombstone Blues, Bob Dylan’s 115th<br />

Dream, ou Subterranean Homesick Blues. Mais là encore, ces guitares en furie restent au service du<br />

texte et du débit du chanteur.<br />

Au niveau de la composition Dylan est à l’origine de deux des progressions d’accords les plus célèbres<br />

de la musique populaire : celle de Knockin’ On Heaven’s Door, un classique pour les apprentis guitaristes,<br />

et celle, plus intéressante, de All Along the Watchtower. Cette progression en VI-V-IV est une<br />

véritable découverte d’efficacité pour les musiciens de l’époque, et ils ne manqueront pas de la reproduire<br />

par la suite. Citons par exemple les Who avec Fiddle About, et surtout l’hymne rock par excellence,<br />

Stairway To Heaven.<br />

Petite anecdote, cette progression est aujourd’hui employée jusqu’à l’excès par le heavy-metal (!).<br />

Cet aspect modeste, mais parfaitement maitrisé de la relation<br />

entre Dylan et la guitare fait de lui un de ses grands porteparole<br />

dans l’imagerie populaire. Quand on pense Dylan, on<br />

l’imagine toujours avec sa guitare acoustique entre les mains.<br />

Ses morceaux sont devenus des standards pour les guitaristes<br />

romantiques en herbe. La guitare acoustique, on peut<br />

le dire, a gagné une grande partie de ses lettres de noblesse<br />

dans les mains du troubadour folk.<br />

En ce qui concerne le piano, Dylan possède un feeling incomparable<br />

à cet instrument. Si le Zim n’est pas un grand<br />

technicien, il sait utiliser de façon absolument remarquable<br />

les qualités de cet instrument. On pense évidemment à l’entêtante<br />

partie de piano de Ballad Of A Thin Man. Mais il en<br />

existe beaucoup d’autres : Dirge, et sa magnifique ligne harmonique<br />

au service de paroles romantiques, mais amères, et<br />

surtout Blind Willie McTell, qui à chaque écoute, rappelle à lui<br />

les âmes des vieux bluesmen disparus pour que le monde se<br />

souvienne des souffrances du peuple noir. Alors certes Dylan<br />

se met rarement en avant lorsqu’il est au piano, mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit là de son premier<br />

instrument, et que même aujourd’hui le clavier reste son instrument principal sur scène.<br />

En définitive, une scène de Eat The Document, où il chantonne une ritournelle seul au piano dans une<br />

chambre d’hôtel, nous rappelle que Bob Dylan n’a jamais eu besoin d’une instrumentation lourde ou de<br />

solos interminables pour faire chavirer son auditoire.<br />

Pour l’harmonica, là c’est une autre affaire. Sa technique est pour le moins non conventionnelle. En effet<br />

lorsque Dylan se lance dans un solo, sa structure est pour le moins anarchique. Et pourtant, si vous demandez<br />

à n’importe quelle personne de citer un harmoniciste célèbre, il y a de grandes chances qu’elle<br />

vous dise Bob Dylan. C’est bien simple, dans l’imaginaire collectif, l’harmonica est rattaché à Bob Dylan.<br />

Et pourquoi ? Simplement parce que ses parties d’harmonica ont beau être chaotiques, elles possèdent<br />

un charisme incontestable qui finit par les rendre attachantes.<br />

Dylan n’est donc pas un technicien de la musique, mais il joue juste en mettant son instrument au service<br />

de ses chansons et surtout il possède une vraie identité à chaque instrument, et c’est aussi ça, la<br />

marque d’un grand musicien.<br />

DESMOS<br />

<strong>Vapeur</strong> <strong>Mauve</strong><br />

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