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chanson qu’il vient juste de composer. Intuitivement<br />
Robbie Robertson rejoint le Zim pour l’accompagner<br />
sur ce titre qu’il n’a jamais entendu auparavant.<br />
Dirge est enregistré en une seule prise et est sans<br />
doute un des plus beaux moments de grâce de la<br />
carrière de Bob Dylan. Elvis Costello dira quelques<br />
années plus tard que cette chanson justifie à elle<br />
seule l’achat de l’album.<br />
Lors de l’élaboration de la tracklist finale, Dylan<br />
insistera pour faire figurer les deux versions de la<br />
chanson Forever Young. Une manière pour lui d’avoir<br />
le dernier mot avec Frazoni. Il dessinera également<br />
lui même la pochette de l’album. On choisit d’abord<br />
Ceremonies Of The Horsemen comme titre d’album,<br />
mais là encore, sans que l’on sache pourquoi, Dylan<br />
change brusquement d’avis et rebaptise le disque<br />
Planet Waves. Cette nouvelle lubie retardera la sortie<br />
de l’album et coûtera plusieurs milliers de dollars à<br />
la maison de disques.<br />
Qu’importe, Planet Waves est publié le 17 janvier<br />
1974 et reçoit un accueil favorable de la presse.<br />
Si la chanson d’ouverture traite des retrouvailles<br />
(entre Dylan et son public ?) la plupart des titres<br />
Oh Mercy<br />
(1989)<br />
Dylan est mort à la fin de sa trilogie chrétienne. Si<br />
cette dernière est d’un intérêt artistique discutable,<br />
elle a au moins le mérite d’être sincère. Entre Slow<br />
Train et Shot Of Love le Zim croyait peut-être<br />
n’importe quoi, mais au moins il croyait encore à<br />
quelque chose.<br />
À partir de 1982 il ne sera plus qu’une ombre errante<br />
dans un monde qu’il ne comprend plus.<br />
Durant toute la décennie, il va multiplier les mauvais<br />
choix tant au niveau de la production que du<br />
songwriting. Obsédé par l’idée de sonner moderne<br />
et professionnel, il publiera des disques sans âme<br />
et donc sans intérêt, car lorsque le Zim n’est pas<br />
concentré sur ses chansons toute son œuvre<br />
s’écroule comme un château de cartes. Sur scène il<br />
sauve les meubles en se lançant dans des tournées<br />
très lucratives. Jusqu’au milieu des années 80,<br />
chaque concert ressemble à une grande messe où<br />
parfois plus de 100 000 personnes viennent voir, plus<br />
qu’entendre, l’icône des années 60. Petit à petit les<br />
de Planet Waves marquent un retour à des thèmes<br />
plus sombres dans la grande œuvre dylanienne. De<br />
nombreux morceaux font référence à des ruptures<br />
amoureuses (Dirge) ou même au suicide (Gone Gone<br />
Gone). Planet Waves ressemble à un crépuscule,<br />
une fin de route pour un couple au bord de l’abîme,<br />
car dans ce disque, comme dans les autres, le Zim<br />
parle avant tout de lui et de son histoire d’amour<br />
qui bat de l’aile. Pourtant à ce moment de l’histoire<br />
Dylan ne veut pas encore croire à l’inévitable (Never<br />
Say Goodbye), et il continue de déclamer un amour<br />
sincère à Sara sur plusieurs titres (Wedding Song,<br />
Tough Mama).<br />
Peine perdue. À la sortie de l’album, le Zim<br />
s’embarque dans une énorme tournée avec le<br />
Band. Comme prévu les billets se vendent comme<br />
des petits pains et Dylan ne tarde pas à retomber<br />
dans les excès de ses anciennes tournées. Sara<br />
demande le divorce et Dylan plonge dans la plus<br />
grande dépression de sa vie. Mais ça, c’est encore<br />
une autre histoire.<br />
Vox populi<br />
setlists prennent des airs de grands Best of et le Zim<br />
interprète son répertoire en pilotage automatique.<br />
S’il y a bien une chose qui ne réussit pas à Dylan<br />
c’est la routine. Il revient longuement et lucidement<br />
sur ce moment de sa carrière dans ses chroniques<br />
« En venant à mes concerts, le public devait avoir<br />
l’impression de traverser un verger désert, des<br />
herbes mortes… Pour quantité de raisons, le whisky<br />
était sorti de la bouteille. J’étais toujours prolifique,<br />
mais jamais exact. (...) Les voies de ma musique<br />
<strong>Vapeur</strong> <strong>Mauve</strong><br />
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