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Yenyen : Alors Jack, revenons à Ganafoul, vous<br />
commencez l’aventure à cinq avant de devenir<br />
un trio. Comment se sont passées les premières<br />
années du groupe avant le 1 er album ?<br />
Jack : On écoutait beaucoup de rock, on faisait des<br />
bornes pour aller voir un concert. À l’époque, pas de<br />
vidéos sur le Net pour jouer comme un guitar hero,<br />
c’était tout au feeling et à l’oreille, tout s’apprenait sur<br />
le tas. On travaillait pour acheter le matériel, guitares<br />
américaines et Marshall 3 corps. Deux répétitions<br />
par semaine, on composait, cinq types en pleine<br />
complicité musicale, une vraie aventure de groupe.<br />
Yenyen : Saturday Night sort donc en 77, en pleine<br />
vague punk et bientôt new-wave, comment l’esprit<br />
blues de Ganafoul a-t-il réussi à trouver son public<br />
en cette fin de décennie ?<br />
Jack : Le groupe avait la pêche, jouait une musique<br />
simple, sincère et festive. Beaucoup de jeunes qui,<br />
comme nous, sortaient de nulle part s’y retrouvaient<br />
pour oublier qu’on s’ennuyait dur à l’époque dans la<br />
France de Giscard.<br />
Yenyen : AC/DC a, à cette époque, une importance<br />
certaine pour toi et le groupe, tu nous racontes ?<br />
Jack : En 76 avec Jean-Yves Astier le bassiste de<br />
Ganafoul, on était monté à Londres s’acheter des<br />
vêtements, des disques, écouter des groupes dans<br />
les clubs. Au Marquee on est tombé sur un groupe<br />
inconnu au nom bizarre, AC/DC. La claque, ça<br />
marque un apprenti musicien. J’ai vu les Who à Lyon<br />
quand j’avais 14-15 ans, je m’en souviens encore.<br />
Yenyen : À l’époque où le rock est boudé par les<br />
critiques, vous parvenez tout de même à rencontrer<br />
un joli succès dans l’Hexagone. Originaires de<br />
Lyon, vous pensez que cette ville était celle des<br />
irréductibles du rock ?<br />
Jack : Il y avait beaucoup de groupes, du public<br />
aux concerts, de bons magasins d’instruments de<br />
musique et de disques. La presse a fait monter le<br />
soufflé pour vendre du papier, on en a bénéficié et<br />
comme on n’était pas aussi mauvais qu’on en avait<br />
l’air, ça l’a fait.<br />
Yenyen : Vous avez souvent joué avec Little Bob,<br />
mais qu’en est-il des autres groupes lyonnais<br />
comme Pulsar, Starshooter ou Marie et les<br />
Garçons. Vous vous rencontriez parfois ?<br />
Jack : Pulsar c’est la génération de musiciens avant<br />
nous. Ado j’allais les voir en concert, plus tard je les<br />
ai connus personnellement. Starshooter, Marie et les<br />
Garçons, pas de problème, très sympas, talentueux<br />
mais on n’était pas du même monde, on n’avait pas<br />
les mêmes codes.<br />
Yenyen : Après quatre albums dont un live, et de<br />
nombreuses séries de concerts, vous sortez T’as<br />
Bien Failli Crever. Vous en venez finalement à la<br />
langue française. Pourquoi ce choix ?<br />
Jack : On n’a pas eu le choix. On n’avait plus de<br />
contrat discographique. Téléphone cartonnait. Pour<br />
les maisons de disques, c’était tu chantes en français<br />
où tu vas voir là-bas si j’y suis.<br />
Yenyen : Cet album marquera donc la fin de<br />
Ganafoul, tu nous expliques les raisons de cette<br />
séparation ?<br />
<strong>Vapeur</strong> <strong>Mauve</strong><br />
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