Les tribulations d'un sinophile dans la Chine républicaine Le ... - AFEC

Le musicien et pédagogue Alfred Westharp
importante dans l'enseignement. Les yeux, la bouche, les mains et le cerveau,
le corps entier devait y « participer ». Westharp écrivit pour les
élèves de petites pièces de théâtre à partir des œuvres de Blake, Shelley,
Goethe, Maupassant, Maeterlinck, Baudelaire et Rousseau, Shakespeare 25 .
Westharp préférait cette approche active à l'éducation livresque :
Toute action non sortie du jeu est artificielle et ne se forme que par contrainte
ou pour des raisons extérieures [...]. C'est l'invention et la création spirituelle
qui devraient constituer les bases de la vie sociale et de la civilisation ; mais
il n'y a que très peu de gens qui se rendent compte du fait que l'invention
et la création mentale sont rendues à peu près impossibles ou du moins exceptionnelles,
parce qu'il y a toujours des parents ou des éducateurs qui
séparent les jeux des tout jeunes de leurs actions et continuent de renseigner
les enfants tout jeunes à tout instant du jour et de la nuit sur ce qu'il « faut
faire » et ce qu'il « ne faut pas faire », sans attendre le résultat naturel de la
mise en relation des sens de l'enfant avec la nature.
Le système d'éducation de la Doctoresse italienne Montessori déjà fait
dériver toutes les activités de la vie de famille des jeux des enfants ; en Chine,
nous devrions en faire dériver aussi toute l'agriculture, l'industrie, le commerce,
la science et même la littérature et l'art. C'est ce qui formera la
procédure fondamentale de la nouvelle éducation scientifique. 26
Westharp suivit dans ses grandes lignes les conseils pour l'éducation de
l'adolescent élaborés par Maria Montessori. Il fallait placer l'enfant au
«cœur du projet éducatif », et, en l'aidant à développer ses potentialités
physiques et psychiques, suivre au plus près, pour y répondre le mieux
possible, l'ensemble des besoins de la croissance et de la vie. Westharp
25 D'après M. Ji, une visite de Rabindranâth Tagore fut programmée lors du séjour
en Chine de ce dernier, en 1924. Westharp adapta à cette occasion pour ses
élèves une pièce de l'auteur indien. La visite fut finalement annulée, mais la
pièce fut représentée devant la communauté étrangère de Taiyuan.
26 Cf. Westharp (1926a), p. 28-30. En dépit de sa préférence pour la langue parlée
quotidienne, Westharp n'exclut pas de l'enseignement des langues la lecture.
Pour les débutants, il rédigea — également à partir de textes d'auteurs fameux
— des manuels d'étude. Quand les étudiants furent suffisamment avancés, il
passa aux œuvres originales, telles que Macbeth, Les fleurs du mal ou Faust.
Voir Ji Fanwu (1981), p. 132.
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