Les tribulations d'un sinophile dans la Chine républicaine Le ... - AFEC
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<strong>Le</strong> musicien et pédagogue Alfred Westharp<br />
seraient là des expressions visibles et tangibles d'énergie intérieure de<br />
F Orient. 38<br />
Dans cette optique <strong>d'un</strong>e réforme globale de <strong>la</strong> société chinoise, Westharp<br />
postu<strong>la</strong>it une réforme radicale des méthodes d'éducation traditionnelles<br />
tout en préservant leur contenu — ou du moins ce qu'il prenait pour tel 39 .<br />
Cette éducation était paralysée par le principe de l'imitation, ennemie<br />
intime de l'autonomie individuelle prêchée par Westharp :<br />
L'imitation produit une sorte d'activité falsifiée qui n'a aucune re<strong>la</strong>tion avec<br />
les instincts créateurs de l'individu et n'exprime ni sa force sensorielle ni sa<br />
force psychique. [...] <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>, pendant des milliers d'années, n'a eu d'autre<br />
principe moral que celui de l'imitation des sages du passé [...]. Cette imitation,<br />
en éducation, empêche d'enseigner au Chinois quoi que ce soit de Chinois ou<br />
d'original ou de nouveau, et n'arrive même pas à mettre le Chinois en re<strong>la</strong>tion<br />
intime avec les éléments essentiellement « créateurs » de <strong>la</strong> civilisation<br />
Occidentale, c'est-à-dire avec l'esprit de recherche <strong>dans</strong> le domaine de <strong>la</strong><br />
science naturelle et d'invention <strong>dans</strong> le domaine de <strong>la</strong> technologie [...]. On<br />
pourrait dire que si un Chinois est né, c'est pour ne faire et pour ne penser<br />
que des choses et des idées qui ne sont pas Chinoises. Parce que son but est<br />
tout à fait étranger à lui-même, il compte que le moyen le meilleur et le plus<br />
rapide pour acquérir les choses et les idées étrangères, c'est non seulement<br />
d'imiter ces choses et ces idées mais d'imiter même les méthodes d'après<br />
lesquelles ces choses et ces idées sont produites en Occident. 40<br />
Westharp résume ici le but de ses efforts pédagogiques : s'il faut transformer<br />
<strong>la</strong> société, il ne sert à rien d'imiter le modèle que l'on a pris, il<br />
faut soi-même réaliser les conditions <strong>d'un</strong>e création autonome. Westharp<br />
pensait à l'individu autant qu'à l'ensemble de <strong>la</strong> société : <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> devait<br />
acquérir librement sa propre culture. Croyant <strong>dans</strong> <strong>la</strong> force de <strong>la</strong> culture<br />
de l'homme jeune, Westharp misait sur les procédés de <strong>la</strong> pédagogie<br />
montessorienne. Mais <strong>la</strong> pédagogie n'était qu'un premier pas vers <strong>la</strong><br />
formation <strong>d'un</strong>e nouvelle société chinoise. C'est cette volonté de tout<br />
38 Cf. Westharp (1927b), p. 4 et 5.<br />
39 Sur ce point et sur <strong>la</strong> « scientificité » de sa méthode, voir Westharp (1924).<br />
40 Cf. Westharp (1927b), p. 4.<br />
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