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Le Gourgandin - Fran.. - Index of

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Chapitre 43<br />

Jeudi 9 avril<br />

Je ne vais nulle part. Ma douleur a cessé, mystérieusement. Maintenant, je suis seulement très fatiguée.<br />

Dans tous les sens du terme. Lasse aussi un peu d'Isa, caracolant du drame à la fantaisie, de la tragédie à<br />

la comédie avec une aisance et une rapidité qui finissent par me déstabiliser moi-même.<br />

Lasse du gourgandin. Je dois à sa fougue - à son autorité - de jeudi dernier, une poussée hémorroïdaire<br />

féroce. C'est tout ce qu'il me reste de notre rendez-vous. <strong>Le</strong> souvenir est cuisant et sans poésie. Je ne lui<br />

en parlerai pas, même sur le mode badin et provocateur que nous aimons tous les deux. Il dirait : « Mais<br />

non, ce n'est pas de ma faute, tu exagères !» Il nie toujours ses responsabilités. Longtemps cela m'a<br />

attendrie, comme un excès de modestie. Aujourd'hui, je m'agace à imaginer le petit garçon qu'il a dû être,<br />

chahuteur et sournois, et fuyant... <strong>Le</strong> genre de sale môme qui orchestre les bêtises et se défile au moment<br />

du châtiment, avec un air d'innocence étonnée...<br />

Je rêve toujours de rencontrer quelqu'un d'inconnu, d'adorable, et de la nuit d'amour que je pourrais<br />

passer avec lui... La lune de miel consécutive au retour d'Antoine a vite fondu, s'est diluée dans les<br />

amertumes du quotidien. Il faudrait, pour parler de mon histoire avec lui, non pas un, mais plusieurs<br />

tomes particuliers. Il n'est pas dit que je ne m'y mette pas un jour.<br />

Kamel, le gracieux Arabe aux douceurs enchanteresses, n'a plus donné de ses nouvelles depuis son lapin<br />

téléphonique. Exit le songe des retrouvailles savoureuses avec son corps mince et poli, sa passion<br />

étonnée. « Avant toi, m'avait-il dit au temps de notre aventure, jamais une femme ne m'avait fait<br />

l'amour...» Tant pis.<br />

<strong>Le</strong> tortilleur de vertèbres aussi vient de sortir de ma vie. Notre dernière rencontre a eu lieu lundi soir,<br />

s'est conclue par une deuxième infiltration qui m'a torturée jusqu'au lendemain. D'ailleurs, il n'avait plus<br />

les mains si douces...<br />

Comme le kiné, qui m'a massée mardi avec des gants en caoutchouc ! Etrange idée, et cruelle déception<br />

pour moi qui attendais le contact de ses paumes tièdes, de ses phalanges intelligentes... Un peu le petit<br />

tiraillement de mes cheveux qui s'accrochaient au caoutchouc sans glisser, un peu le froid (j'étais en<br />

culotte), un peu les mouvements qu'il me faisait faire en respirant à fond et dont je redoutais qu'ils ne<br />

redéclenchent la souffrance à peine enrayée, enfin, sans doute un peu la fatigue d'une nuit sans sommeil, et<br />

la contrariété de retrouver, au matin, un mari sans compassion, je me suis mise à grelotter de partout et à<br />

claquer des dents sans pouvoir m'arrêter. Une vraie castagnette, de la tête aux pieds, et frénétique, encore.<br />

J'étais navrée. Lui, plutôt inquiet, voire paniqué... Je l'ai quitté plus vite que d'habitude, sur ses conseils,<br />

mais le soir, je l'ai retrouvé à la télé : Patrick Swayze, c'est lui, j'en suis sûre ! J'ai suivi jusqu'à la fin les

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