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Le Gourgandin - Fran.. - Index of

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impazzire ». Il ne comprenait pas le dernier mot. « Impazzire ? Rendre fou. » Je l'ai traduit à son oreille.<br />

Il a laissé son oreille contre ma bouche. Je l'ai désiré violemment. Tétais contente que ça me revienne. Il<br />

bandait sur mon ventre, tout près, tout près de mon volcan à moi. Il m'a dit : « Quand le disque sera<br />

presque à la fin, il faudra me le dire, pour l'enchaînement...» C'était étrange, notre enlacement avait<br />

quelque chose d'urgent, de désespéré, notre temps était compté, nous mourions de plaisir et de chagrin de<br />

devoir déjà nous séparer. Il y a eu une fausse alerte, la musique s'est mise à languir, nous avons<br />

commencé à desserrer nos bras, à éloigner nos ventres l'un de l'autre, à nous dire adieu... Et puis soudain<br />

dans la pénombre, la belle voix chaude est repartie plus forte, plus troublante, il était déjà presque<br />

détaché de moi, je l'ai supplié : « Oh ! reprends-moi ! », il est revenu à l'instant, m'a serrée très fort,<br />

complètement enveloppée dans ses bras, c'était un voyage fabuleux vers la plénitude, je m'accrochais des<br />

deux mains à sa nuque, il m'emmenait, je me laissais guider. Il m'a répété : « Tu me diras bien, quand ce<br />

sera la fin ? » <strong>Le</strong>s derniers mots de la chanson sont arrivés, les presque dernières notes, j'ai crié tout bas,<br />

comme si je jouissais : « C'est là, c'est la fin ! », il s'est retiré à l'instant de mon étreinte, comme pour<br />

aller exploser ailleurs, c'était magnifique et complètement improvisé, complètement réussi. Je venais, tout<br />

habillée, de faire l'amour avec lui, tout habillé, et devant trois cents personnes, et je suis sûre que plus<br />

jamais, jamais il n'entendra cette musique sans penser à moi, et moi non plus, sans le revoir collé à moi,<br />

et si admirablement intuitif...<br />

Pardon, pardon, mes amours, de vous parler de ça, de lui, de la gourgandine... C'est pour vous expliquer<br />

que peut-être, ça nous a manqué, enfin, ça m'a manqué, à moi, ce moment de trouble partagé avec vous,<br />

une danse dans le noir, une belle voix, un repas, une terrasse au soleil, un apéritif, un café. Tiens. Rien<br />

que ça. Oui, je regrette infiniment, pour le café. On aurait dû commencer par là. C'est ma faute. Pas la<br />

vôtre.<br />

Maintenant, je m'interroge : mon histoire, avec l'un comme avec l'autre, pourra-t-elle se poursuivre, se<br />

survivre ? Notre histoire, à tous les trois, devra-t-elle se parfaire ? Je suis prête à tous les<br />

gourgandinages, prête à tous les Gabriel, les Arabes, les jeunots, les DJ, les grands Paul fidèles et les<br />

autres pour me retrouver, et donc, vous retrouver.<br />

Parce que, là, je me suis un peu perdue. Quand même.<br />

Mais ma tendresse vous reste. Me répondrez-vous ? Toi, Isa, tu auras déjà écrit, et nos lettres se<br />

croiseront. Mais toi, le gourgandin ? Rien qu'un petit signe ? Comme le coup de fil, après notre rendezvous<br />

improvisé... Parce que si Isa avait déjà été partie, tu ne m'aurais peut-être pas tout à fait dit la même<br />

chose. Peut-être... Moi, en tout cas, c'est là, sur le papier, que j'ai réellement joué le jeu. Là que je vous ai<br />

le mieux aimés.<br />

Maintenant, je vais commencer à rêver. Et à attendre... Et à réfléchir à fond, à hésiter, à douter si le<br />

moment du point final à mon journal est arrivé.<br />

Je n'ai plus mal de votre couple. Si j'avais tué, avec la souffrance, quelque chose de plus précieux, et de<br />

plus somptueux ?...<br />

P. S. : Lundi, je ferai deux photocopies de cette lettre. L'original, je le garderai. Même délicatesse que la

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