Le Gourgandin - Fran.. - Index of
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vite : « Je ne bande pas...» Je l'ai pris dans ma bouche. Ai mis toute ma suavité et mon savoir à tâcher de<br />
la persuader. Il a vite eu un geste de renoncement résigné, a saisi ma tête dans ses mains, m'a ramenée audessus<br />
de lui... Je craignais qu'il ne soit blessé et amer. Je lui ai dit : « Ce n'est pas grave, hein ? - Non,<br />
a-t-il approuvé, parce que c'est avec toi...» On a ri un peu, et puis il m'a caressée encore jusqu'à ce que je<br />
jouisse... J'ai regardé l'heure. Il était temps, pour lui. Moi je n'étais pas si pressée, je ne travaille jamais<br />
les après-midi. Benoît ne s'est pas précipité. Au contraire. Il a décidé de téléphoner au gourgandin : « Je<br />
vais lui dire que j'aurai un peu de retard. » Ça lui faisait plaisir. L'autre savait qu'il était avec moi, parce<br />
qu'il avait pris la peine de lui jalonner le jeu de piste. Maintenant, il fallait qu'il sache qu'il s'y oubliait,<br />
que l'affaire roulait <strong>Le</strong> gourgandin symbolise tellement de choses aux yeux des autres hommes en général,<br />
et pour Benoît tout particulièrement... Tous deux s'intéressent également à la gent féminine et cherchent à<br />
multiplier leurs succès. Mais, pour Benoît, les aventures restent souvent des « ouvertures », des histoires<br />
en puissance ; qui pourraient arriver, et qui déjà le satisfont en tant qu'éventualités. Alors que, avec une<br />
admiration envieuse et un peu naïve, il prête au gourgandin le don de toujours aboutir dans ce qu'il<br />
entreprend... «Avec une gueule pareille, comment tu veux que les femmes lui résistent ? » demande-t-il.<br />
Et il ajoute : « Pour moi, il représente vraiment l'homme parfait...» C'est à l'homme parfait qu'il téléphone<br />
donc, pour le tenir au courant, à mot couvert, du délicieux moment, trop difficile à écourter, qu'il vient de<br />
passer avec moi... Car pour Benoît, comme le gourgandin est le prototype de l'homme avec un grand H, je<br />
suis, moi, la femme avec un grand F. Et si tout à l'heure, dans le lit de son petit garçon parti, Benoît a<br />
essuyé un échec avec cette femme-là, le gourgandin n'a pas besoin de le savoir...<br />
<strong>Le</strong> soir, j'ai revu Isabelle au club de gym. « Ça n'allait pas, ce matin ? », me demande-t-elle avec<br />
sollicitude. Lâchement, j'abonde dans son sens : « Non, pas très bien. Benoît m'avait invitée à manger, il<br />
avait besoin de parler, moi aussi. » Demi-vérité, demi-mensonge. Isabelle est contente de m'avoir<br />
devinée. Moi, embêtée, parce que je ne sais pas jusqu'où Benoît lui a fait tellement de peine il n'y a pas si<br />
longtemps... Mais elle m'affirme que dorénavant, elle éprouve pour lui une grande tendresse...<br />
De toute façon, je ne veux pas dire à Isabelle que je suis tombée dans les draps de Benoît. Même si ça ne<br />
la rend pas jalouse, ça lui donnerait trop bonne conscience... Pourquoi se gêner avec le gourgandin,<br />
puisque la gourgandine se couche n'importe où ?<br />
Je ne me suis pas couchée n'importe où. Mais dans un lit trop désert que ma présence a tenté pour un<br />
moment de peupler. Et dans la maison d'un homme qui a le téléphone, et s'en sert avec une malice que<br />
j'apprécie...