Le Gourgandin - Fran.. - Index of
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me rendre folle, sa queue glisse en moi, j'en sens les voyages jusque dans mon cul. Je le lui dis, le lui crie<br />
plutôt. Il brûle d'envie d'y mettre son doigt, d'aller se toucher à travers moi, à travers ma cloison, là-bas,<br />
tout au fond où ça pompe si fort Il promet qu'il fera très attention, il a une voix si fabuleusement tendre, et<br />
des paroles si simples : « Si je te fais mal, tu me le dis, je te jure que je m'en vais. » Ah ! J'ai bien fait d'y<br />
croire. Il m'a trouvée, enfilée sans violence, et je me suis mise à jouir d'être prise ainsi partout à la fois,<br />
partout comblée, visitée, envahie, j'ai sangloté de volupté, j'aurais donné plus encore, bien plus, mais,<br />
fauchée par la joie, je ne savais plus bouger...<br />
A la fin de l'après-midi, une fatigue bienheureuse me paralysait contre lui. Je ne pouvais plus le quitter,<br />
ma bouche, ma joue, ma main, inlassablement se caressaient à sa peau. Son corps m'était si familier, si<br />
proche, comme un galet poli et repoli par les vagues de ma passion, j'allais de sa taille à son épaule, de<br />
sa poitrine à son cou, de ses fesses à ses cheveux, des mots longtemps enfouis coulaient sans effort, et ses<br />
réponses aussi jaillissaient comme des sources claires. « Je voudrais être maternelle avec toi. - Il faut<br />
l'être. - Je suis folle de toi. - Moi je suis fou de toi...»<br />
Il était pathétique et sincère, je croyais enfin à mon pouvoir, je trouvais ma juste place, mon équilibre<br />
avec lui, la sérénité si longtemps cherchée. Je ne me suis pas remaquillée, pas défendue de la lumière. Ai<br />
laissé se poser ses regards, plus doux qu'à l'ordinaire, sur mon visage vieilli de folie, fatigué par l'amour.<br />
Consenti à m'asseoir, comme une petite fille, sur son genou où il m'avait attirée, pour y grignoter, un bras<br />
à son cou...<br />
Il parlait d'Isa, il disait : « Non, je ne l'ai pas revue depuis. Il faudra quand même que je lui téléphone. »<br />
Il me jurait encore que de l'« aventure », l'essentiel demeurait le côté incongru, cinématographique. Me<br />
demandait : « Es-tu amoureuse d'elle ? », et répondait à la même question que je posais à mon tour, sans<br />
détourner son beau regard : « <strong>Fran</strong>chement, non. » Il allait partir en me laissant enchantée et douce,<br />
comblée de lui, indulgente, émerveillée de cet après-midi où il m'avait semblé que notre histoire, d'une<br />
poussée nouvelle, venait d'ouvrir une brèche dans le mur des habitudes et des limites. J'avais dans mon<br />
sac une lettre d'Isa, reçue le matin même, où elle s'exaltait de notre beau souvenir. Où elle parlait d'amour<br />
à la deuxième personne du pluriel. <strong>Le</strong> gourgandin n'avait pas demandé à la lire. Peut-être voulait-il,<br />
finalement, demeurer mon gourgandin à moi... Peut-être que le trio ne l'avait tenté que pour son aspect<br />
ludique. Avant de partir, il a tout de même interrogé : « Recommencerons-nous ? » Ses yeux brillaient. Il<br />
a suggéré : « Il faudrait que tu la voies un peu séparément... Ce serait mieux si on recommence...» Il a<br />
ajouté : « On recommencera, non ? »<br />
Tout à l'heure, Isa m'a appelée de Paris. Elle avait reçu ma grande lettre hier. Était triste depuis... <strong>Le</strong><br />
gourgandin lui avait téléphoné hier soir, comme il m'avait laissé entendre qu'il le ferait. Mais aussi<br />
mercredi soir, la veille de sa venue chez moi. Comme il me l'avait soigneusement tu.<br />
Eblouie par tous les présents dont il m'a comblée, son application, sa ferveur, sa jalousie, le secret de ses<br />
pudeurs, l'aveu de ses timidités, la simple splendeur de ses mots d'amour, je n'ai pas trouvé la force de<br />
souffrir.<br />
Un jour, peut-être, m'<strong>of</strong>frira-t-il aussi la transparence absolue ? Mais qu'aurai-je alors à y gagner, sinon la<br />
triste victoire de le savoir désormais dépourvu du moindre scrupule ?