Le Gourgandin - Fran.. - Index of

Chapitre 53
Vendredi 5 juin
Hier, c'est l'arrivée de Martial qui a interrompu ma page d'écriture. Martial est un ami de longue date, qui
s'amène toujours à l'improviste, enchante la famille de ses apparitions théâtrales, presque magiques. On
parle de lui longtemps, on l'attend toujours, d'ailleurs il promet qu'il viendra bientôt, mais ne vient
jamais, ni ce week-end, ni l'autre, ni de tout le mois, ni de tout le trimestre. On n'y compte plus, on
l'oublie. Alors la porte s'ouvre et il entre, pataud, gêné, souriant...
Isabelle l'a rencontré chez moi pour une fête. Elle le trouve charmant. Désarmant de naïveté, de
gentillesse. Troublant. Martial est resté dormir ici cette nuit et aujourd'hui, Isa et moi avons déjeuné avec
lui, avant qu'il ne reparte vers son destin trébuchant d'éternel insatisfait Nous étions bien, nous riions tous
les trois, j'ai taquiné Martial, il roulait de grosses prunelles bleues incrédules, mais allumées. Isa se
prêtait au jeu, il l'a serrée contre lui, a dégrafé son chemisier, caressé son sein... Mais Isa devait
retourner à la Boîte. Elle était déjà très en retard. Il s'en est fallu de peu que, toutes deux, nous ne
trahissions le gourgandin. Enfin, de peu... Il aurait seulement suffi qu'Isa reste un moment de plus. « Je ne
pouvais pas », a-t-elle plaidé, après.
Et pour le gourgandin, ce « fameux vendredi », elle avait bien pu, non ? Quand nous nous sommes
retrouvés seuls, Martial et moi, nous étions aussi dépités l'un que l'autre. Pour des raisons différentes.
Nous nous sommes consolés.
Chapitre 54
Mardi 9 juin
11 heures. Le gourgandin est encore venu dans mon bureau. C'était pour le moins inespéré, voilà quelques
jours qu'une fièvre toute professionnelle (et donc inhabituelle chez lui) le tient préoccupé loin de moi, de