semblait, à la voir ainsi si petite et malheureuse en face de moi, qu'elle s'en foutait d'être respectable, qu'elle aurait préféré être un peu violée, un peu utilisée, même à la légère... Qu'une petite place entre nous lui aurait suffi, l'aurait comblée... Mais « entre nous », ça n'existait pas, ça ne pouvait pas exister, pendant son aventure avec le gourgandin. Puisque c'était moi qui avais l'impression d'être rejetée... Toute l'importance accordée au gourgandin par nos dissections, nos larmes et nos regrets la soulevait d'un hautle-cœur qui gonflait sa bouche. J'ai failli épouser complètement sa colère de femme, oublier mon amour et proposer : « Vengeons-nous. Moi aussi, j'ai été bien triste. » Mais j'ai pensé vulgairement qu'on allait faire les choux gras de Myriam. Ou alors il faudrait qu'elle aussi, armée de ressentiment, rejoigne le bataillon des représailles... Bienvenue au club !
Chapitre 14 Jeudi 30 janvier Dans mon bureau - 9 h 30. Dans l'ascenseur, tout à l'heure, la loufoquerie d'une évidence m'a arraché un sourire. Moi, j'étais malheureuse parce qu'Isabelle couchait avec le gourgandin. Elle, elle l'est devenue parce que j'ai cessé de coucher avec lui. En gros, c'est ça. Si j'avais continué, comme si de rien n'était, il ne se serait pas senti encouragé à la « vider », comme elle l'a dit si amèrement hier. C'est tout de même très cocasse, non ? Imagine un instant, Christine, que tu viennes à apprendre ma liaison avec le gourgandin. Que tu lui laisses nettement entendre que tu le quittes. Que pour te récupérer, il me signifie encore plus nettement la fin de nos relations. Et que je vienne te faire une scène !... Bien sûr, la différence, c'est que toi et moi, nous ne sommes pas amies... L'amitié, si tu veux mon avis, c'est quelque chose de très pervers, finalement. Dans mon bureau - 11 heures. Il sort d'ici. Je lui ai dit que, selon moi, nous nous étions fourrés dans un sale guêpier. Plutôt, qu'il nous y avait fourrées. Qu'Isabelle, bien qu'elle prétende le contraire, m'en voulait beaucoup. Il a répondu : « Tu n'y es pour rien ! » Ce qui n'était pas forcément pour me rassurer. Qu'elle lui en voulait beaucoup à lui aussi. Il m'a prise dans ses bras, serrée, caressée. Son pull d'angora vert contre ma robe de mohair noir. Sous ses mains j'ai ondulé, suis devenue mince et souple, et chaude d'une impossible attente. Il ne pouvait pas me prendre là, c'était trop risqué, trop hâtif, et tant mieux. J'ai préféré le désirer. Contre ma cuisse, qui la reconnaît d'abord, puis sous ma main qui la cherche et la trouve à la même seconde, qui la flatte, sa queue enfle et commence à battre. Elle est libre dans le caleçon, son fuselage émeut mes doigts, mon bassin s'y émerveille et s'y berce... Il m'embrasse un peu partout, cette fois ce n'est pas mon rouge qui le marque, mais mon fond de teint. Sa lèvre du bas, la plus charnue, est poudrée d'un beige rosé qui le dénoncera aux coups d'œil perspicaces. Plusieurs fois, d'une phalange avertie, j'essuie sa bouche, plusieurs fois il la maquille encore de baisers sur mon visage et dans mon cou. Son étreinte est moelleuse et persuasive. Je pose mes lunettes pour déshabiller mon regard, le plonger tout nu dans son regard doré, je lui dis : « Je t'aime. » Je fonds de douceur et d'impatience domptée. Sous son pull il n'a rien. Je me promène sur sa taille, son dos, blottis mes mains au creux de ses aisselles mouillées, ramène son odeur à mes narines comme un butin de prix. Ce parfum, je le reconnaîtrais entre mille... Il est parti. Je garde sur moi l'arôme entêtant de sa sueur, qui m'envoûte de petites vagues un peu âcres
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tribulations niaises de ce videur-d
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oire. On aura toujours quelque chos
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fort, si dur que parfois. Nous nous
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Le gourgandin va payer, je le sens.
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Alors j'ai surenchéri, sans grande
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mes mains, de mes regards... J'ai o
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et de redites, pour m'apercevoir qu