MANUEL GÉNÉRAL - INRP

petits travaux qu'elle demande à l'enfant; mais,
à mesure que celui-ci grandit, il devient plus
dilllcile et sent toute la distance qu'il y a de son
ouvrage au modèle. A ce moment, il peut prendre
deux attitudes également préjudiciables à son
éducation : ou lo sentiment de la difficulté le
rendra timide, puis résigné et préparera l'éternel
maladroit qui, en dehors des gestes appris et
répétés de sou métier, est incapable de se rendre
utile; ou bien, l'enfant se contentera facilement
d'un succès très relatif et préparera l'ouvrier
"médiocre et satisfait. 11 est donc de toute nécessité
de faire marcher d'un même pas le développement
de son intelligence et ses moyens
d'expressions; or il n'y a pas de réalisations
manuelles satisfaisantes, sans une éducation de
1 œil et de la main qui donne à l'enfant comme
à l'artisan l'adresse, la souplesse, l'agilité, la
précision et la sûreté des mouvements, le sens
des proportions et le sentiment de l'harmonie.
• Quels enseignements l'école primaire offret-elle
dans ce but? l'enseignement du dessin, l'enseignement
du travail manuel. C'est- une vérité
évidente que l'enseignement du dessin a fait
depuis 20 ans de merveilleux progrès; reculant
"jusqu'à, l'horizon les bornes de son domaine,
Son action énergique, disciplinée et hardie s'est
PARTIE GENERALE 19
LA C LASSE E N ACTION
S Interrogeant en arithmétique des candidats
au C. E. P. et au B. E., il m'est arrivé d'observer,
par comparaison, que ces derniers répondent
moins bien dès qu'on leur pose un simple
problème de calcul mental. Demandez-leur de
aa théorie, interrogez-les sur les « ficelles »
cataloguées, vous les verrez triompher, mais
$ur le terrain pratique, ils sont plus gauches
Mue des gens qui n'ont jamais mis-les pieds à
1 école. Ils ne savent bien calculer que la plume
à la main; encore sont-ils susceptibles d'y
commettre les plus grosses erreurs, et, le cas
échéant, les plus préjudiciables.
^ Par contre, proposez un problème analogue
à. un épicier, à une marchande illettrée, ils
compteront plus juste et plus vite qu'un bon
élève du C. E. P. et qu'un jeune breveté.
I En faisant causer les uns et les autres, il m'a
semblé toucher du doigt une explication de ce
-fait maintes fois signalé, qui met en évidence
Wécart entre l'aptitude en général et l'aptitude
scolaire en particulier.
I Voici une question qu'on ne me reprochera
pris d'avoir compliquée à plaisir :
S Calculez le prix de 13 m. 20 d'étoffe à 4 fr. 30
à'' mètre.
a Une bonne majorité de nos élèves s'expliquent
ainsi :
I « Je dois multiplier '13,2 par 4,3. »
I (Ils posent l'opération mentale comme l'opélation
écrite.)
«Je dis :
nsuite
u total
13 X 4 ou 26 X 2 font
0,2 x i —
13.2x0,3
1,32x3 -
52,8 et 3
55,8 + 0,96
font
56,8 — 0,04 font
Le Calcul concret.
52
0,8
3,96
55,8
56,76 ».
BRANDEBOURG. Méthode simplifiée de calcul mental :
fait sentir non seulement dans son objet propre,
mais dans l'éducation spéciale et générale des
enfants; ses méthodes ont vivifié et réchauffé
bien des enseignements. Il est aujourd'hui et
doit rester la base solide de toute activité manuelle
et doit en pénétrer les plus humbles manifestations
à l'école primaire.
L'enseignement du travail manuel, par contre,
dans les écoles de filles, et plus particulièrement
à Paris, a besoin de s'affranchir, de s'élargir,
de s'aérer. Il se réduit presqu'exclusivement
a des exercices de couture sur des pièces d'étoffe
de lingerie aux dimensions réduites.
Ces exercices sont tout à fait insuffisants par
leur uniformité dans une variété apparente pour
faire l'éducation de la main; ils ne répondent
pas aux besoins de l'activité enfantine parce
qu'ils exigent une longue patience (la marque);
ils /l'ont pas dans la forme où ils se sont figés
la valeur éducative, qu'on en peut attendre ;
pendant que les doigts exécutent des points
dont l'enfant ne comprend pas l'intérêt, parce
qu'il n'en voit pas une application immédiate,
l'esprit dort, l'imagination trotte, l'attention
s'émousse, l'ennui naît.
{A suivre). J. BERGEVI?*.
Directrice d'école.
Maintenant, voyons comment s'y prend notre
marchande, même si la vente des étoffes n'est
pas sa partie. A cela près qu'elle compte en
sous plutôt qu'en centimes, elle se dit :
10 m. à 4 fr. 30, ça fait 43 fr.
3 m. à 4 fr. 30 — 12 fr. 90
ainsi 13 m. valent 55 fr. 90
10 centimètres valent 0,43 ou 0,45
20 - — 0,90
à cause du fort denier (usage qu'il n'est pas inutile
de faire connaître à nos écoliers).
En tout, 55 fr. 90 + 0,90, soit 56 fr. 80.
Ce qui nous intéresse, c'est la différence de
procédés. Elle est considérable et surtout instructive.
La bonne femme emploie des moyens purement'concreJs
: jamais elle ne perd de vue la
quantité de marchandise et la somme correspondante.
Elle suit l'une et l'autre dans leurs
variations relatives et simultanées, si bien qu'en
cas de rupture d'équilibre entre les deux nombres
parfaitement concrétisés, aussitôt elle s'en
rend compte.
, Nos élèves opèrent in abstracto. Ils mettent
en œuvre des règles qui ont une valeur pratique
incontestable, mais, à l'ordinaire, ils ne
voient pas, ne suivent pas l'objet matériel de
leurs opérations. Dès lors, ils perdent pied et,
outre la lenteur inhérente aux hésitations, peuvent
se trouver entraînés à des erreurs fort graves.
Il y aurait intérêt, dans nos écoles primaires,
à faire plus souvent, presque toujours (et cela
est possible par écrit, comme mentalement) du
calcul concret, c'est-à-dire du calcul vivant.
C'est par cette méthode, pratiquée dans les
classes de préapprentissage, qu'on réussit à
débrouiller les retardés, aussi bien en arithmétique
qu'en géométrie. P. LAGEY,
Directeur d'école à Paris.
ch * livret
11 u"''--»- .. Majoration temporaire do 38'/, -— ri 1 • 1 1 '