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Libretto de la saison 2011-2012 - Société des Concerts de Fribourg

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en Hongrie. Membre du Club <strong>de</strong>s Cent <strong>de</strong>puis 2002, il est un gastronome averti. Il<br />

pratique régulièrement le ski et <strong>la</strong> plongée sous-marine et est amateur <strong>de</strong> voitures<br />

anciennes, tout comme <strong>de</strong> Formule 1. Il est élevé au gra<strong>de</strong> <strong>de</strong> Chevalier dans l’Ordre<br />

National du Mérite en 1996. Il est nommé professeur <strong>de</strong> piano au Conservatoire <strong>de</strong><br />

Paris en mai <strong>2011</strong>.<br />

Le cycle <strong>de</strong> lie<strong>de</strong>r, Winterreise, <strong>de</strong> Franz Schubert<br />

Le cycle du Voyage d’hiver est sans doute le plus beau cycle <strong>de</strong> lie<strong>de</strong>r <strong>de</strong> Franz<br />

Schubert. Par sa <strong>de</strong>nsité et son dramatisme, l’œuvre dépasse tout ce qu’il a produit<br />

dans le genre. C’est à partir <strong>de</strong> 1827 que le compositeur é<strong>la</strong>bore ses plus hauts<br />

chefs-d’œuvre (<strong>la</strong> Sonate pour piano n° 21, le Quatuor à cor<strong>de</strong>s n° 15, le Quintette<br />

à <strong>de</strong>ux violoncelles en ut, le Voyage d’hiver et le Chant du cygne). Plus sa mort<br />

pressentie approche, plus sa musique <strong>de</strong>vient profon<strong>de</strong> et émouvante. Le Voyage<br />

d’hiver est l’œuvre <strong>la</strong> plus triste du compositeur, il n’y a aucune issue ; l’hiver est<br />

<strong>la</strong> mort. Schubert est un solitaire dans Vienne, il est très peu connu et mis à l’écart<br />

par le succès <strong>de</strong> Beethoven, son modèle. Schubert vit dans <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die, <strong>la</strong> solitu<strong>de</strong><br />

et l’angoisse <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort. Il semble certain que le compositeur se soit i<strong>de</strong>ntifié, dans<br />

les poèmes <strong>de</strong> Müller, à cet homme blessé par un amour non partagé qui, solitaire,<br />

voyage dans l’hiver. Dès le premier lied (Gute Nacht – Bonne nuit), <strong>la</strong> tonalité mineure<br />

est donnée ; Schubert dit « adieu » sur un rythme <strong>de</strong> marche. Dans le <strong>de</strong>rnier<br />

lied (Der Leiermann – Le joueur <strong>de</strong> vielle), le poète <strong>de</strong>man<strong>de</strong> au joueur <strong>de</strong> vielle –<br />

qui pourrait personnifier <strong>la</strong> mort – s’il peut le rejoindre pour en finir. Voici quelques<br />

vers du cyle Winterreise :<br />

« En étranger je suis venu, en étranger je repars. » (Gute Nacht – Bonne nuit)<br />

« Je dois prendre une route dont nul homme encore n’est revenu. » (Der Wegweiser<br />

– Le poteau indicateur)<br />

« Étrange vieil<strong>la</strong>rd, dis-moi, viendrai-je avec toi ? Pourrai-je chanter mes peines<br />

au son <strong>de</strong> ta vielle ? » (Der Leiermann – Le joueur <strong>de</strong> vielle)<br />

À cette interprétation c<strong>la</strong>ssique, et à première vue conséquente, <strong>de</strong> cet ultime cycle<br />

<strong>de</strong> lie<strong>de</strong>r <strong>de</strong> Schubert, on peut en opposer une autre, inattendue peut-être, qui envisage<br />

que le voyageur soit, in fine, condamné à survivre, mais dans un état <strong>de</strong> folie,<br />

partagé avec cet hypothétique camara<strong>de</strong> d’une prison en plein air, enfin trouvé sur<br />

<strong>la</strong> route g<strong>la</strong>cée <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie :<br />

« Le cycle Winterreise (Voyage d’hiver) a été composé dans les <strong>de</strong>ux années précédant<br />

<strong>la</strong> mort <strong>de</strong> Schubert, survenue en 1827. L’œuvre est souvent citée comme le<br />

plus grand <strong>de</strong>s cycles <strong>de</strong> mélodies, et pour cause. Schubert y a repoussé les limites<br />

courantes du <strong>la</strong>ngage mélodique et harmonique, au point que les premières exécutions<br />

se sont heurtées à <strong>la</strong> consternation <strong>de</strong>s auditeurs. Pour au moins l’une <strong>de</strong>s<br />

per sonnes présentes à <strong>la</strong> première audition, <strong>la</strong> seule pièce compréhensible du cycle<br />

était Der Lin<strong>de</strong>nbaum, <strong>la</strong> plus proche du folklore et <strong>la</strong> plus lyrique du cycle, en même<br />

temps qu’elle en est <strong>la</strong> moins typique. Il est en effet remarquable <strong>de</strong> noter l’absence<br />

généralisée dans ce cycle, à peu d’exceptions près, du lyrisme, apparemment<br />

sans effort, si caractéristique <strong>de</strong> Schubert. On peut y voir <strong>la</strong> souplesse <strong>de</strong> son style<br />

49<br />

29. 02. <strong>2012</strong>, Au<strong>la</strong>

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