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Libretto de la saison 2011-2012 - Société des Concerts de Fribourg

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que le Quatrième Concerto, non moins novateur, annonçait comme dépassement<br />

d’un genre, le Cinquième Concerto le réalise magistralement. La partie soliste exige<br />

à coup sûr le grand piano <strong>de</strong> concert mo<strong>de</strong>rne, que ne réc<strong>la</strong>maient pas encore les<br />

concertos <strong>de</strong> Mozart, ni les premiers concertos beethovéniens. Œuvre lumineuse et<br />

profon<strong>de</strong>, d’un équilibre parfait, cependant prodigue <strong>de</strong> nouveautés qui nourriront<br />

tout le Romantisme musical (un Schumann, un Liszt, un Brahms), ce Cinquième<br />

Concerto reste une pièce maîtresse du répertoire pianistique, aussi fréquemment<br />

jouée que le Quatrième Concerto, car, à l’inverse <strong>de</strong>s contemporains <strong>de</strong> <strong>la</strong> création,<br />

les auditeurs actuels paraissent toujours plus sensibles à son inépuisable richesse.<br />

(D’après François-René Tranchefort, 1986)<br />

La Symphonie « Harold en Italie » d’Hector Berlioz<br />

L’œuvre entier <strong>de</strong> Berlioz est marqué par sa hardiesse et sa mo<strong>de</strong>rnité qui frappe<br />

encore et qui est dominée par l’originalité <strong>de</strong> l’inspiration mélodique et par <strong>la</strong> prodigieuse<br />

diversité <strong>de</strong> l’invention rythmique. S’y joint une étonnante maîtrise <strong>de</strong>s<br />

possibilités instrumentales, al<strong>la</strong>nt jusqu’à l’expérimentation d’alliages <strong>de</strong> timbres<br />

inédits et <strong>de</strong> phénomènes acoustiques. Tout ceci a fait surnommer Berlioz le « créateur<br />

<strong>de</strong> l’orchestre mo<strong>de</strong>rne ». Il est certain que tous les symphonistes <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin du<br />

XIX<br />

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e s. – et jusqu’aux recherches les plus avancées du XXe – lui sont re<strong>de</strong>vables.<br />

Parmi ses oeuvres symphoniques, à côtés d’ouvertures et d’extraits symphoniques<br />

d’opéras couramment joués au concert, on compte quatre « Symphonies », <strong>de</strong> formes<br />

et d’effectifs instrumentaux ou vocaux très divers : <strong>la</strong> Symphonie fantastique,<br />

Harold en Italie, Roméo et Juliette et <strong>la</strong> Symphonie funèbre et triomphale. « Tout<br />

avec Berlioz <strong>de</strong>vient drame », jugeait Paul Dukas, et tout est neuf, porteur d’avenir,<br />

comme chez Beethoven, avec qui <strong>la</strong> comparaison s’impose obligatoirement. C’est<br />

à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> Paganini que cette « Deuxième Symphonie » fut écrite : l’illustre<br />

virtuose souhaitait une pièce pour alto solo et orchestre, dont Berlioz entreprit <strong>la</strong><br />

composition dès les premiers mois <strong>de</strong> 1834, et qui <strong>de</strong>vint une véritable symphonie<br />

concertante en quatre mouvements ou épiso<strong>de</strong>s, « une suite <strong>de</strong> scènes auxquelles<br />

l’alto solo se trouve mêlé comme un personnage mé<strong>la</strong>ncolique, dans le genre <strong>de</strong><br />

Chil<strong>de</strong> Harold, <strong>de</strong> Byron ». Berlioz, en effet, avait d’abord songé à intituler l’œuvre<br />

Les <strong>de</strong>rniers instants <strong>de</strong> Marie Stuart. C’est finalement <strong>la</strong> figure du héros byronien<br />

qui s’imposa à son esprit, avec sa hautaine mé<strong>la</strong>ncolie traduite par une nouvelle<br />

« idée fixe » confiée à l’alto. À <strong>la</strong> vérité, cette idée fixe a peu <strong>de</strong> rapports avec celle<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Symphonie fantastique. C’est ici un simple thème cyclique traversant l’œuvre,<br />

assez peu caractérisé, et qu’assume un instrument « sans bril<strong>la</strong>nt », qui se fond aisément<br />

dans <strong>la</strong> masse orchestrale, <strong>de</strong> même que le personnage qu’il incarne semble se<br />

perdre dans le décor et se dissoudre dans une série <strong>de</strong> visions poétiques. L’œuvre<br />

n’est donc en rien un concerto (l’orchestre n’est jamais accompagnateur, mais développe<br />

ses thèmes propres). C’est pourquoi Paganini, jugeant qu’il y avait « trop peu<br />

à jouer » pour lui, se récusa pour <strong>la</strong> création. Celle-ci fut confiée à Chrétien Uhran,<br />

un célèbre altiste <strong>de</strong> l’époque, le 23 novembre 1834 à <strong>la</strong> salle du Conservatoire <strong>de</strong><br />

Paris. Le succès fut énorme, mais sans len<strong>de</strong>main ; en effet, une secon<strong>de</strong> audition,<br />

qui eut lieu peu après, rencontre alors l’indifférence complète du grand public. La<br />

19. 06. <strong>2012</strong>, Équilibre

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