Libretto de la saison 2011-2012 - Société des Concerts de Fribourg
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du style du XVIII e s. C. P. E. Bach écrivit dix-huit symphonies, dont les Huit Symphonies<br />
berlinoises, composées à Berlin entre 1741 et 1762. Mais seules cinq furent<br />
publiées <strong>de</strong> son vivant, dont <strong>la</strong> Symphonie n° 5 en mi mineur, composée en 1756, qui<br />
paraît à Nuremberg en 1759. Un autre cycle est célèbre, celui <strong>de</strong>s Six Symphonies<br />
hambourgeoises, créées en 1773. Les quatre <strong>de</strong>rnières symphonies, formant le cycle<br />
<strong>de</strong>s Symphonies pour orchestre avec douze voix obligées, furent toutes entendues<br />
à Hambourg le 16 août 1776, avec quarante musiciens, et seront publiées à Leipzig<br />
en 1780. Il y a six symphonies, dont <strong>la</strong> Symphonie n° 5 en mi mineur, qui existent en<br />
<strong>de</strong>ux versions, donc avec <strong>de</strong>ux instrumentations différentes, soit pour cor<strong>de</strong>s seules,<br />
soit pour un orchestre é<strong>la</strong>rgi aux vents, ici <strong>de</strong>ux cors, <strong>de</strong>ux hautbois et <strong>de</strong>ux flûtes.<br />
De tous les membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille Bach, Carl Philip Emanuel fut le plus célèbre <strong>de</strong><br />
son vivant, et attacha son nom à l’Empfindsamkeit (sensibilité), un courant musical<br />
en réaction contre le rationalisme, pour être bref. La musique <strong>de</strong> Carl Philipp Emanuel<br />
abon<strong>de</strong> en surprises harmoniques et rythmiques ; son style confine parfois à<br />
<strong>la</strong> bizarrerie et traduit <strong>de</strong>s états d’âme changeants. Les premiers mouvements <strong>de</strong><br />
ses symphonies sont en général audacieux et impulsifs, les <strong>de</strong>uxièmes mouvements<br />
élégiaques ou méditatifs, les troisièmes mouvements directs et joyeux. On ne trouve<br />
plus dans ces œuvres le déroulement continu du baroque, mais les symétries <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> phrase c<strong>la</strong>ssique sont consciemment évitées. Le discours est souvent heurté, et<br />
aucune symphonie ne commence par <strong>de</strong>s accords affirmant nettement une tonalité ;<br />
dans beaucoup <strong>de</strong> mouvements, le sentiment tonal est au contraire plutôt flou. Ces<br />
symphonies sont <strong>de</strong> courte durée, en trois mouvements (vif – lent – vif ou modéré),<br />
parfois enchaînés l’un à l’autre. Il y a souvent <strong>de</strong>s ca<strong>de</strong>nces suivies <strong>de</strong> silences et <strong>de</strong><br />
redémarrages dans <strong>de</strong>s tonalités inattendues. Les tonalités <strong>de</strong> base sont généralement<br />
atteintes par <strong>de</strong>s détours inopinés. (D’après Marc Vignal, 1986)<br />
Le Concerto pour piano n° 20 <strong>de</strong> Wolfgang Ama<strong>de</strong>us Mozart<br />
Longtemps l’un <strong>de</strong>s plus connus et <strong>de</strong>s plus joués <strong>de</strong> toute <strong>la</strong> production mozartienne,<br />
ce Concerto fut achevé le 10 février 1785. Mozart était alors au sommet <strong>de</strong><br />
sa gloire <strong>de</strong> compositeur et <strong>de</strong> virtuose, et, en tant que tel, soumis à l’obligation<br />
<strong>de</strong> fournir sans cesse <strong>de</strong> nouvelles compositions. Le jour où le musicien met <strong>la</strong><br />
<strong>de</strong>rniè re touche à cette nouvelle œuvre, son père arrive à Vienne. Le 14 février,<br />
Leopold écrit à sa fille : « Le soir <strong>de</strong> mon arrivée, nous sommes allés à son premier<br />
concert par souscription. Outre les symphonies, une cantatrice <strong>de</strong> théâtre italien<br />
chante <strong>de</strong>ux airs, puis il y eut un excellent concerto <strong>de</strong> piano sur lequel le copiste<br />
travail<strong>la</strong>it encore à notre arrivée et dont ton frère n’avait pas eu le temps <strong>de</strong> jouer<br />
le rondo parce qu’il <strong>de</strong>vait revoir <strong>la</strong> copie… » Peu après, Haydn <strong>de</strong>vait déc<strong>la</strong>rer à<br />
Leopold : « Votre fils est le plus grand compositeur que je connaisse. ». Que cette<br />
œuvre ouvre <strong>de</strong> nouvelles perspectives dans l’évolution esthétique du compositeur,<br />
est indéniable. Le choix d’une tonalité hautement dramatique (celle <strong>de</strong> l’ouverture<br />
<strong>de</strong> Don Giovanni), <strong>la</strong> mise en valeur <strong>de</strong> toutes les richesses offertes par l’orchestre et<br />
le sentiment <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur tragique qui étreint l’auditeur dès les premières mesures,<br />
suffisent à le prouver. Dès le début, dans une atmosphère fiévreuse, c’est bien un<br />
drame qui se <strong>de</strong>ssine. Ce<strong>la</strong> n’a plus rien à voir avec les conventions du style ga<strong>la</strong>nt !<br />
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