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19<br />
Aussitôt, André et l'autre disciple, sans doute <strong>Jean</strong>, fils <strong>de</strong> Zébédée 28 , se mettent à la suite <strong>de</strong><br />
Jésus. Le mot a ici son sens johannique, bien plus profond que celui <strong>de</strong> suivre simplement<br />
quelqu'un. Il s'agit ici <strong>de</strong> croire en Jésus, <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir son disciple, son ami, son confi<strong>de</strong>nt.<br />
«Que cherchez-vous ? », <strong>de</strong>man<strong>de</strong> Jésus en se retournant. Il les séduit par son attention. Il<br />
les<br />
rejoint dans ce qui est le plus intime en eux : leur soif <strong>de</strong> liberté et <strong>de</strong> bonheur. Et ce désir<br />
profond, il va l'élever et lui donner sa dimension d'infini.<br />
«Rabbi, où <strong>de</strong>meures-tu ? » - «Venez et voyez. » Il les met<br />
en route, mais pour les conduire<br />
où ? Au désert, là où il n'y a rien à voir. Jésus n'a pas <strong>de</strong> logis. Son «chez lui » n'est pas une<br />
maison. Sa <strong>de</strong>meure, c'est l'intimité <strong>de</strong> son Père. Partout, dans les villes, les villages ou les<br />
endroits déserts, il est chez lui parce qu'à tout moment il <strong>de</strong>meure dans son Père. Être là où se<br />
trouve Jésus, c'est entrer en relation avec lui et, par lui, avec le Père. En cette «dixième<br />
heure» 29 , commence à s'accomplir pour les disciples, qui « <strong>de</strong>meurèrent auprès <strong>de</strong> lui ce jourlà.»,<br />
le rêve fou <strong>de</strong> l'humanité : habiter en Dieu.<br />
«Dans la maison <strong>de</strong> mon Père, il y a <strong>de</strong> nombreuses <strong>de</strong>meures; sinon, je vous l'aurais dit;<br />
je vais vous préparer une place. Et quand je serai allé<br />
et que je vous aurai préparé une place, à nouveau je viendrai et je vous prendrai<br />
près <strong>de</strong> moi,<br />
afin que, là où je suis, vous aussi, vous soyez.»<br />
(14, 2-3)<br />
«Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut <strong>de</strong> lui-même porter<br />
du fruit s'il ne <strong>de</strong>meure pas sur la vigne,<br />
ainsi vous non plus, si vous ne <strong>de</strong>meurez pas en moi.»<br />
(15, 4)<br />
Au<br />
terme <strong>de</strong> la route, le maître pourra leur dire :<br />
«Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître;<br />
mais je vous appelle amis,<br />
parce que tout ce que j'ai entendu <strong>de</strong> mon Père, je vous l'ai fait connaître.»<br />
(15, 15)<br />
Q uatrième jour : d'André à Kêphas (1, 40-42)<br />
Et<br />
le récit se poursuit, vif et rapi<strong>de</strong>, comme la flamme qui se propage <strong>de</strong> broussailles en fourrés.<br />
André va chercher son frère Simon. «Nous l'avons trouvé, celui que nous attendions et<br />
désirions, il est là, enfin, au milieu <strong>de</strong> nous. » Il l'emmène à Jésus. Et Jésus le « regar<strong>de</strong> en<br />
profon<strong>de</strong>ur » (εµβλεψας) pour lui révéler sa mission : « Tu t'appelleras Kêphas, Rocher,<br />
Pierre. » C'est le début d'un long chemin au bout duquel Jésus pourra s'appuyer sur Pierre,<br />
parce que Pierre aura appris à ne s'appuyer en rien sur lui-même. Devenir « Rocher » pour<br />
Pierre sera ne plus faire, à la suite <strong>de</strong> Jésus, que la volonté du Père.<br />
«En vérité, en vérité, je te le dis, quand tu étais jeune, tu mettais toi-même ta ceinture, et tu<br />
allais où tu voulais; quand tu auras vieilli, tu étendras les mains, et un autre te ceindra<br />
et te mènera où tu ne voudrais pas.»<br />
(21, 18)<br />
28 En accord avec beaucoup <strong>de</strong> commentateurs qui l'i<strong>de</strong>ntifie aussi avec «le disciple que Jésus aimait». L'anonymat<br />
qu'a laissé l'évangéliste permet aussi à chacun <strong>de</strong> se reconnaître dans cet «autre disciple».<br />
29 Quatre heures du soir. Mais le chiffre dix, comme le fait remarquer saint Augustin (confirmé par la Bible et<br />
Philon d'Alexandrie) symbolise très vraisemblablement ici l'accomplissement.