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Evangile de Jean - Kerit

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4<br />

disciples <strong>de</strong> l’apôtre <strong>Jean</strong> (appelé « école johannique ») y aurait apporté remaniements et<br />

suppléments. Enfin, une <strong>de</strong>rnière main à la composition <strong>de</strong> l’évangile tel que nous le connaissons<br />

aurait été apportée par un rédacteur final, soit à Ephèse (témoignage d’Irénée) 3 , soit à<br />

Antioche (témoignage d’Ephrem) 4 ou encore dans ces <strong>de</strong>ux villes pendant un laps <strong>de</strong> temps<br />

assez long. Suivant les auteurs, l’évangile est daté <strong>de</strong> 60, au plus tôt, à 100 au plus tard.<br />

2. Le style<br />

<strong>Jean</strong> semble avoir adopté une composition « symphonique », où un même thème revient plusieurs<br />

fois, avec <strong>de</strong>s nuances et <strong>de</strong>s approfondissements successifs en « spirale », un peu à la<br />

manière du poète français Charles Péguy. Ce procédé est tout à fait en harmonie avec le génie<br />

oriental. Son grec reproduit d’ailleurs les sémitismes <strong>de</strong> l’hébreu et <strong>de</strong> l’araméen.<br />

L’univers religieux juif est jalonné <strong>de</strong> « signes » (otot) qui forment autant d’attestations <strong>de</strong> la<br />

volonté <strong>de</strong> Dieu. Ainsi en va-t-il avec l’évangile <strong>de</strong> <strong>Jean</strong> avec ses 7 signes (Cana, l’enfant<br />

mala<strong>de</strong>, le paralysé <strong>de</strong>puis 38 ans, le pain multiplié aux 5.000 hommes, la marche sur les<br />

eaux, l’aveugle-né, Lazare). Mais il est un signe parfait, décisif donné par Jésus quand vient<br />

son Heure, c'est la résurrection du crucifié.<br />

Son langage est symbolique, comme celui <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> tradition biblique : l’eau vive, le feu,<br />

la lumière, le pain, le vent, le souffle, la nuit, le jour, le serpent <strong>de</strong> bronze, toutes ces gran<strong>de</strong>s<br />

images – symboles qui expriment la vie et le salut offerts par la rencontre du Dieu vivant.<br />

Tout le texte du quatrième évangile est symbolique, ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas<br />

« réel ». Derrière ce qui est raconté (et qui souvent, lorsqu’on peut le vérifier par l’archéologie<br />

ou la critique textuelle, est plus précis que les trois autres évangiles), l’évangéliste renvoie à<br />

une réalité beaucoup plus profon<strong>de</strong>. Prenons un exemple. Le récit <strong>de</strong> l’expulsion <strong>de</strong>s marchands<br />

du temple (2, 13-22), qu’il relate en accord avec les trois autres évangiles, débouche,<br />

chez <strong>Jean</strong>, dans la symbolique du Nouveau Temple qu’est Jésus lui-même. Jamais il ne choisit<br />

<strong>de</strong> raconter un fait par hasard. Il ne le rapporte que si cet événement a une signification spirituelle.<br />

Il fait toujours passer « <strong>de</strong>s choses terrestres aux choses célestes » (entretien avec Nicodème<br />

3, 12). Il en dégage à chaque fois la portée et la profon<strong>de</strong>ur afin que le lecteur puisse<br />

s’ouvrir aujourd’hui à la vie éternelle.<br />

Aux hommes assoiffés <strong>de</strong> vie et souvent confrontés à l’épreuve <strong>de</strong> la mort, le génie <strong>de</strong> <strong>Jean</strong><br />

est <strong>de</strong> montrer que dans l’incarnation <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu, du Verbe <strong>de</strong> vie, Dieu vient ouvrir<br />

toutes gran<strong>de</strong>s les portes <strong>de</strong> la Terre <strong>de</strong>s vivants. <strong>Jean</strong> fait <strong>de</strong> nous les contemporains <strong>de</strong> celui<br />

qui a franchi les portes <strong>de</strong> la mort et <strong>de</strong>meure à jamais vivant. « On peut justement penser,<br />

écrit encore André Chouraqui, que ni dans la Bible ni dans la littérature universelle, il n’existe<br />

<strong>de</strong> livre comparable au quatrième évangile ». Sans plus tar<strong>de</strong>r, entrons dans ce texte, pris pour<br />

lui-même, sans trop le rapprocher <strong>de</strong>s trois autres évangiles ni guère nous soucier <strong>de</strong> la genèse<br />

<strong>de</strong> sa composition. Contentons-nous d'en dégager quatre parties :<br />

- Prélu<strong>de</strong><br />

- Les signes<br />

- L'Heure<br />

- Epilogue.<br />

Le premier volume <strong>de</strong> notre travail traite <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux premières et le second <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux suivantes.<br />

3 « Après les autres disciples, <strong>Jean</strong>, le disciple du Seigneur qui reposa sur sa poitrine, donna lui aussi sa version<br />

<strong>de</strong> l'évangile comme il séjournait à Ephèse » (Adversus Haereses III, 1, 2). Lui même disciple <strong>de</strong> Polycarpe, un<br />

proche <strong>de</strong> <strong>Jean</strong>, Irénée est sans doute le continuateur jusqu'à l'aube du troisième siècle <strong>de</strong> l'école fondée par le<br />

quatrième évangéliste.<br />

4 Diacre et poète d'Antioche.

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