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38<br />
Je vous ai envoyés moissonner là où vous ne vous êtes pas fatigués;<br />
d'autres se sont fatigués et vous, vous héritez <strong>de</strong> leurs fatigues. » 70<br />
Sur ces paroles, les Samaritains arrivent à Jésus. Et ils «crurent en lui à cause <strong>de</strong> la<br />
parole <strong>de</strong><br />
la femme, qui attestait : "Il m'a dit tout ce que j'ai fait." » Invité à <strong>de</strong>meurer <strong>de</strong>ux<br />
jours avec<br />
eux,<br />
malgré les interdits <strong>de</strong>s coutumes juives, Jésus les touche directement par sa parole, au<br />
point qu'ils disent à la femme : «Ce n'est plus sur tes dires que nous croyons; nous l'avons<br />
nous-mêmes entendu et nous savons que c'est vraiment lui le sauveur du mon<strong>de</strong>.» Le chemin<br />
<strong>de</strong> la foi culmine ici : en l'homme harassé du bord du puits, ils reconnaissent le Sauveur du<br />
mon<strong>de</strong>. La foi <strong>de</strong>s juifs basée sur les signes posés à l'occasion <strong>de</strong> la fête <strong>de</strong> Pâque était très<br />
fragile. 71 Celle <strong>de</strong> l'intellectuel Nicodème n'a pas encore abouti. 72 Mais à travers la démarche<br />
parfaite <strong>de</strong> la Samaritaine et <strong>de</strong> ses compatriotes, c'est déjà le mon<strong>de</strong> entier que le Père donne<br />
pour épouse à son Fils.<br />
e) La manifestation <strong>de</strong> la vie (4, 43-54)<br />
Le récit <strong>de</strong> cette guérison couronne le voyage qui, passant par la Samarie, conduit <strong>de</strong> Jérusalem<br />
en Galilée. L'épiso<strong>de</strong> est situé à Cana. Il y avait, dit le récit, un fonctionnaire royal<br />
( βασιλικος) dont le fils était mala<strong>de</strong> et qui vint trouver Jésus pour lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> le guérir.<br />
Le métier <strong>de</strong> l'homme est intéressant <strong>de</strong> relever. Cet homme n'est pas nécessairement un juif<br />
ou s'il l'est, il a du consentir à quelques compromissions du côté <strong>de</strong> l'occupant romain. Il est<br />
partagé entre le mon<strong>de</strong> juif et le mon<strong>de</strong> païen. Sa situation rappelle celle <strong>de</strong> la Samaritaine.<br />
Divers traits rapprochent aussi les <strong>de</strong>ux histoires <strong>de</strong> Cana, celle du changement <strong>de</strong> l'eau en vin<br />
et celle <strong>de</strong> la guérison d'un enfant :<br />
- La mère <strong>de</strong> Jésus, comme le père <strong>de</strong> l'enfant présentent à Jésus une détresse. D'un côté,<br />
elle dit : « Ils n'ont pas <strong>de</strong> vin ». De l'autre, il dit que son enfant n'a plus assez <strong>de</strong> vie, « il<br />
est sur le point <strong>de</strong> mourir ».<br />
- Remarquons le rôle joué dans chacune <strong>de</strong> ces narrations par les serviteurs.<br />
- Des <strong>de</strong>ux côtés, Jésus renvoie l'interlocuteur sans qu'ils n'aient rien vu. Marie ne voit pas<br />
qu'elle a été exaucée lorsqu'elle<br />
va trouver les serviteurs. Le fonctionnaire ne voit pas que<br />
son fils est guéri quand il est rejoint par ses serviteurs.<br />
- Tous <strong>de</strong>ux s'en vont en faisant confiance à Jésus. Et cette foi est confirmée par l'exaucement<br />
<strong>de</strong> la prière.<br />
- Les <strong>de</strong>ux récits culminent sur la foi : « ses disciples se mirent<br />
à croire en lui » (2, 11) et<br />
« il crut, lui, et sa maison tout entière » (4, 53). Le vrai miracle est celui <strong>de</strong> la foi.<br />
- Le miracle <strong>de</strong>s noces<br />
<strong>de</strong> Cana se produit « le troisième jour » ; celui <strong>de</strong> la guérison <strong>de</strong><br />
l'enfant a lieu « après les <strong>de</strong>ux jours » passés à Sychar. Cela renvoie au prophète Osée<br />
rons<br />
e<br />
-<br />
Le portrait <strong>de</strong> ce fonctionnaire royal n'est donc pas quelconque. Il ressemble à celui <strong>de</strong> la<br />
Vierge. Il n'est pas sans rapport non plus avec l'attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Samaritaine. L'un et l'autre<br />
73 :<br />
« après <strong>de</strong>ux jours il nous fera revivre, le troisième jour il nous relèvera et nous viv<br />
en sa présence. » Les <strong>de</strong>ux miracles évoquent déjà la résurrection <strong>de</strong> Jésus et sa victoir<br />
sur la mort.<br />
Enfin, l'évangéliste termine en insistant : «Ce nouveau signe, le second, Jésus le fit à son<br />
retour <strong>de</strong> Judée en Galilée. »<br />
70<br />
4, 35-38. Les Juifs ont tout semé ( le monothéisme, les Ecritures et Jésus le Messie) <strong>de</strong> ce que les chrétiens<br />
moissonnent…« car le salut vient <strong>de</strong>s Juifs » (4, 22). Voir H.Tisot, Le ren<strong>de</strong>z-vous d'amour, page 124.<br />
71<br />
2, 23-25<br />
72<br />
3, 1 et suivants<br />
73<br />
Osée 6, 2