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Chapitre 4 Le sabbat du paralytique (5, 1- 47)<br />
40<br />
(a) Le signe (5, 1-18) : la première partie raconte le miracle et ses conséquences.<br />
(b) Le discours explicatif (5, 19-47) : ce signe permet à l'évangéliste d'introduire<br />
le thème<br />
<strong>de</strong> l'hostilité <strong>de</strong>s Juifs et <strong>de</strong>s paroles <strong>de</strong> Jésus sur sa mission et son i<strong>de</strong>ntité.<br />
a) Le signe (5, 1-18)<br />
C'est le <strong>de</strong>uxième séjour <strong>de</strong> Jésus à Jérusalem à l'occasion d'une fête qui n'est pas précisée. 74<br />
Cette<br />
précision est insignifiante pour l'évangéliste. Il lui importe plus d'indiquer que l'histoire<br />
se déroule un jour <strong>de</strong> sabbat.<br />
La<br />
scène se déroule à Bézatha (ou Bethesda), une piscine qui se trouvait au nord-est <strong>de</strong> Jéru-<br />
salem, près <strong>de</strong> la Porte <strong>de</strong>s brebis, appelée ainsi parce c'est par-là que les brebis <strong>de</strong>stinées aux<br />
sacrifices entraient sur l'esplana<strong>de</strong> du temple.<br />
n passant le bouillonnement intermittent <strong>de</strong> l'eau attribué à un<br />
nger<br />
le signe est la<br />
75 Il s'agit d'un lieu <strong>de</strong> culte populaire, et donc un<br />
peu suspect. <strong>Jean</strong> mentionne e<br />
« ange » ainsi que la croyance populaire aux propriétés curatives <strong>de</strong> ce phénomène. Mais il le<br />
fait sans insister. Il concentre surtout son attention sur la foule <strong>de</strong> ces plus pauvres d'entre les<br />
pauvres que sont les infirmes à qui l'accès au Temple est interdit.<br />
Comme par un zoom <strong>de</strong> caméra, un homme est isolé <strong>de</strong> la foule <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s qui gisent tout<br />
autour <strong>de</strong> la piscine. Il est infirme <strong>de</strong>puis 38 ans 76 , c'est-à-dire <strong>de</strong>puis très longtemps, et souffre<br />
d'un double handicap. D'abord, sa maladie qui dure <strong>de</strong>puis tant d'années semble bien inguérissable.<br />
Ensuite, il souffre <strong>de</strong> l'isolement : personne ne le prend en charge pour le plo<br />
dans l'eau le premier lorsqu'elle se met à bouillonner. Son cas est désespéré. Alité et privé<br />
d'ami, cet homme n'est-il pas comme exclu <strong>de</strong> la vie ? Il est résigné, découragé et amer (« Je<br />
n'ai pas d'homme… » 5,7). Ne rejette-t-il pas la responsabilité sur les autres ? En tout cas, il<br />
n'attend rien <strong>de</strong> Jésus et ne répond pas vraiment à sa question : « Veux-tu <strong>de</strong>venir sain ? ».<br />
C'est au plus malheureux d'entre ces mala<strong>de</strong>s, celui qui ne peut que confesser une impuissance<br />
extrême, sans espoir, que Jésus d'une seule parole, plus efficace que le signe douteux <strong>de</strong>s eaux<br />
agitées, apporte une guérison instantanée (« aussitôt l'homme <strong>de</strong>vint sain »). Il est le véritable<br />
ange (= envoyé) <strong>de</strong> Dieu qui, par la puissance <strong>de</strong> sa parole, donne santé et vie.<br />
Le texte poursuit : « C'était le sabbat en ce jour-là ! » Et quelques mots plus loin, les juifs<br />
disent à celui qui est guéri : « C'est sabbat ! » N'y aurait–il pas dans cette insistance <strong>de</strong> l'évangéliste,<br />
ainsi que dans l'expression «en ce jour-là », comme une allusion au vrai sabbat, celui<br />
où culmine l'œuvre <strong>de</strong> Dieu, par son Fils, les <strong>de</strong>rniers jours du salut plénier dont<br />
guérison <strong>de</strong>s infirmes. Ainsi l'annonçait le texte d'Isaïe :<br />
«Fortifiez les mains affaiblies, affermissez les genoux qui chancellent.<br />
Dites aux cœurs défaillants : "Soyez forts, ne craignez pas; voici votre Dieu.<br />
C'est la vengeance qui vient, la rétribution divine. C'est lui<br />
qui vient vous sauver."<br />
Alors se <strong>de</strong>ssilleront les yeux <strong>de</strong>s aveugles, et les oreilles <strong>de</strong>s sourds s'ouvriront.<br />
Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la langue du muet criera sa joie.<br />
74 Les juifs étaient tenus <strong>de</strong> monter à Jérusalem pour trois gran<strong>de</strong>s fêtes : Pâque, Pentecôte et les Tentes.<br />
75 Cette piscine était constituée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux grands bassins profonds <strong>de</strong> 14 mètres, séparés par une digue large <strong>de</strong><br />
6,50 mètres, et entourées <strong>de</strong> toutes parts par <strong>de</strong>s portiques, à l'époque <strong>de</strong> Jésus. Des escaliers situés sur les coins<br />
permettaient <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre dans l'eau. Les réservoirs étaient alimentés par <strong>de</strong>s canalisations souterraines, avec<br />
peut-être un phénomène <strong>de</strong> siphon, qui expliquerait le bouillonnement intermittent <strong>de</strong> l'eau. On en voit les vestiges<br />
près <strong>de</strong> la belle basilique romane Sainte-Anne, actuellement propriété <strong>de</strong>s Pères blancs.<br />
76 Saint Augustin voyait dans ce chiffre la marque <strong>de</strong> l'imperfection (40-2=38). Le père Boismard, lui, pense au<br />
temps du désert qui a duré 38 ans selon Deutéronome 2, 14.