de la Une soirée sans impair - Gourmets de France
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crivez dans autre chose que <strong>la</strong> vie<br />
banale.<br />
Vous aimez vous entourer <strong>de</strong> tablées<br />
joyeuses ?<br />
Oh non. Je préfère m'entourer <strong>de</strong><br />
p<strong>la</strong>ts qui sortent <strong>de</strong> l'ordinaire et<br />
éviter d'être plus <strong>de</strong> dix à table. A<br />
quatre ou six, il y en a toujours un<br />
qui parle, et à mon avis, il faut <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
concentration pour un p<strong>la</strong>t travaillé<br />
avec le cœur, le vrai, le cœur du<br />
cuisinier qui a mis toute son imagination<br />
et ses qualités morales <strong>de</strong>dans.<br />
A <strong>de</strong>ux ou trois, c'est alors mieux<br />
pour ne pas tuer <strong>la</strong> concentration.<br />
Quand vous tuez <strong>la</strong> concentration,<br />
vous tuez une partie <strong>de</strong> l'attrait du<br />
p<strong>la</strong>t.<br />
C'est une expérience très personnelle...<br />
Absolument. L'autre soir, j'étais avec<br />
un col<strong>la</strong>borateur et on ne par<strong>la</strong>it<br />
pas. C'était comme boire un vin extraordinaire<br />
ou aller dans un musée<br />
regar<strong>de</strong>r une œuvre extraordinaire.<br />
Vous ne sentez même pas les gens<br />
à côté <strong>de</strong> vous.<br />
C'est presque religieux.<br />
Pourquoi pas.<br />
Y a-t-il un p<strong>la</strong>t qui évoque pour vous<br />
<strong>de</strong>s souvenirs particuliers ?<br />
C'était les topinambours, pendant<br />
<strong>la</strong> guerre (rires) ! Et c'était pas les<br />
topinambours d'aujourd'hui. J'avais<br />
9 ans en 1945 et j'ai vécu <strong>la</strong> guerre<br />
avec les tickets pour bouffer. Chacun<br />
avait un morceau <strong>de</strong> pain<br />
pour <strong>la</strong> journée ou pour <strong>de</strong>ux jours.<br />
Il y avait <strong>de</strong>s rutabagas aussi, mais<br />
bouillis et c'était tout. Pas <strong>de</strong> beurre,<br />
pas d'huile.<br />
Votre fondation soutient <strong>de</strong>s artistes<br />
dans <strong>de</strong>s domaines aussi variés que<br />
<strong>la</strong> musique, <strong>la</strong> littérature, l'art contemporain.<br />
Pourquoi ce mécénat d'une<br />
telle ampleur dans les arts ?<br />
Dans ma vie professionnelle, j'ai eu<br />
beaucoup <strong>de</strong> chance. Et il y a un<br />
moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie où je considère<br />
qu'il faut redonner cette chance.<br />
(…) J'ai eu l'occasion <strong>de</strong> côtoyer<br />
pendant très longtemps <strong>de</strong>s artistes<br />
et je trouve que c'est un métier pas<br />
facile où même les gens qui ont du<br />
talent rencontrent <strong>de</strong>s difficultés.<br />
L'art contemporain, dans toutes ses<br />
disciplines, est un peu comme l'art<br />
mo<strong>de</strong>rne ou l'art impressionniste à<br />
« J'avais 9 ans en 1945<br />
et j'ai vécu <strong>la</strong> guerre<br />
avec les tickets pour bouffer »<br />
leur début : il n'est pas totalement<br />
compris donc pas accepté. Mais<br />
je considère que ces jeunes artistes<br />
ont une capacité à faire évoluer <strong>la</strong><br />
vie. Ils ont une approche généralement<br />
visionnaire. (…) Ils montrent en<br />
général <strong>de</strong>s voies que tout le mon<strong>de</strong><br />
n'arrive pas à conceptualiser.<br />
Vous parlez <strong>de</strong> chance que <strong>la</strong> vie<br />
vous a donné. Mais votre parcours<br />
doit-il beaucoup à <strong>la</strong> chance ?<br />
Il y a toujours une part <strong>de</strong> chance.<br />
Bien sûr, le travail permet à <strong>la</strong><br />
chance d'éclore. Mais il reste toujours<br />
<strong>la</strong> bonne étoile. La réussite,<br />
c'est d'aller vers les chemins que les<br />
autres n'ont pas encore empruntés,<br />
ou aller plus vite que les autres.<br />
Le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s vins <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux est<br />
petit ! Et on vous sent assez extérieur<br />
à ce milieu.<br />
Pas spécialement. Au moins 90 %<br />
<strong>de</strong>s gens ont hérité, dans ce mon<strong>de</strong>,<br />
et ils voient <strong>la</strong> vie d'une certaine<br />
manière. Je suis allé, en plus, vers<br />
<strong>de</strong>s chemins différents <strong>de</strong>s autres<br />
pour développer mon entreprise. Je<br />
ne suis pas contre ce milieu. Nous<br />
sommes différents. C'est tout.<br />
Vous avez déjà trente-sept châteaux<br />
dans le mon<strong>de</strong>. Votre prochaine<br />
acquisition ?<br />
Elle se fera à Bor<strong>de</strong>aux vraisemb<strong>la</strong>blement.<br />
C'est une question<br />
d'opportunité. Elle peut se présenter<br />
<strong>de</strong>main en Italie ou ailleurs ◊<br />
" L'étoffe du temps", exposition jusqu'au 14 janvier<br />
à l'Institut culturel Bernard Magrez, 5 rue Labottiière<br />
à Bor<strong>de</strong>aux.<br />
Retrouvez l'entretien intégral sur le site :<br />
www.gourmets<strong>de</strong>france.fr<br />
<strong>Gourmets</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong> - N°1 Novembre 2011<br />
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