La Recherche - Veolia Environnement
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MODÉLISATION EAU<br />
PLUS DE 40 %<br />
DE LA POPULATION<br />
DES PAYS LES MOINS<br />
AVANCÉS N’ACCÈDE PAS<br />
FACILEMENT À UNE EAU<br />
POTABLE, PAR EXEMPLE<br />
EN AFRIQUE.<br />
* Le Produit<br />
intérieur brut<br />
(PIB) est<br />
la valeur totale<br />
de la production<br />
interne nette de<br />
biens et services<br />
marchands dans<br />
un pays, pendant<br />
une année.<br />
© URSULA MEISSNER/LAIF-REA<br />
Stress hydrique et pauvreté<br />
On évalue les risques de pénurie d’eau avec un indicateur : l’Indice de stress hydrique (ISH), qui précise si la<br />
demande dépasse la ressource disponible. C’est le rapport entre la demande et la ressource d’eau renouvelable<br />
disponible dans une région ou dans un pays. Cette dernière correspond à la quantité d’eau circulant<br />
dans les rivières et les aquifères, cette eau venant soit des précipitations sur la région, soit des réserves<br />
des régions voisines, via les fleuves et les aquifères transfrontaliers. En Europe, la Norvège et la Suède ont,<br />
sans surprise, un faible ISH, reflétant l’absence de stress hydrique, alors que Chypre, Malte, la Bulgarie, la<br />
Belgique et l’Espagne sont moins privilégiés.<br />
Mais l’ISH n’est pas la seule pièce du puzzle. Même si nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne, la<br />
manière dont chaque communauté utilise et gère ses ressources en eau et son impact sur l’environnement<br />
compte beaucoup. C’est ce que traduit l’Indice de pauvreté en eau (IPE), proposé en 2002 par l’économiste<br />
britannique Peter <strong>La</strong>wrence, de l’université Keele, et par ses collègues du Centre d’écologie et d’hydrologie<br />
de Wallingford (4). Il est calculé à partir de nombreux paramètres comme les ressources en eau et le stress<br />
hydrique, mais aussi l’accès à l’eau courante et à l’assainissement, la richesse (en particulier le Produit intérieur<br />
brut, PIB* ), la mortalité infantile, l’éducation, la consommation d’eau pour les usages domestiques,<br />
industriels et agricoles... Il permet donc une évaluation plus complète de la gestion de l’eau. Les pays développés<br />
et riches en eau comme la Finlande et la Norvège ont ainsi les plus forts IPE (78 et 77), alors que les<br />
pays pauvres souffrant d’une pénurie en eau, comme l’Éthiopie, le Niger et Haïti, sont en bas de la liste avec<br />
des valeurs autour de 34. Les scores de la France (68), des Pays-Bas (69) et des États-Unis (65) sont assez<br />
comparables. Les IPE de pays émergents comme la Chine (51) et l’Inde (53) sont du même ordre que ceux<br />
d’Israël (54) et de Singapour (56). Les scores similaires de ces quatre pays cachent cependant des situations<br />
très disparates : alors que les deux premiers disposent de larges ressources en eau, les deux derniers font<br />
face à un stress hydrique important, mais ils ont mis en place des programmes ambitieux d’accès à l’eau et<br />
disposent d’un PIB élevé.<br />
38 • LA RECHERCHE • OBJECTIF TERRE 2050 • JANVIER 2008 • N° 415<br />
k<br />
ce qui provoquera une forte demande dans des<br />
zones relativement concentrées. Dans les pays développés,<br />
dans une moindre mesure, c’est l’accroissement<br />
du nombre de foyers composés d’une seule<br />
personne qui entraînera une hausse de la consommation<br />
d’eau par habitant, simplement en raison de<br />
la perte d’économies d’échelle. Globalement, ces<br />
différents facteurs démographiques provoqueront<br />
un stress hydrique sévère dans un grand nombre de<br />
régions du monde.<br />
Le deuxième facteur est le changement climatique,<br />
qui risque de multiplier les événements<br />
météorologiques extrêmes : sécheresses, inondations,<br />
tempêtes... À long terme, cela pourrait avoir<br />
des conséquences sur la disponibilité des ressources<br />
en eau. Par ailleurs, ces pluies plus intenses et plus<br />
concentrées constitueront un défi pour les systèmes<br />
urbains d’évacuation des eaux usées et des eaux<br />
pluviales (lire « Une démarche globale », p. 74).<br />
D’une façon générale, le réchauffement climatique<br />
accélérera le rythme du cycle de l’eau, d’où<br />
l’urgence d’accroître la flexibilité des systèmes de<br />
distribution et de collecte.<br />
Le troisième facteur est dans tous les esprits : il<br />
s’agit de l’énergie. Le secteur de l’eau connaît une<br />
forte augmentation de ses dépenses énergétiques,<br />
© TIBOR BOGN·R/CORBIS<br />
non seulement en raison de la hausse du coût<br />
de l’énergie, mais surtout à cause de l’évolution<br />
technologique des procédés de traitement : les technologies<br />
de pointe d’épuration des eaux sont désormais<br />
capables d’éliminer les polluants à l’état de<br />
trace, comme les produits pharmaceutiques, mais<br />
au prix d’une consommation énergétique accrue.<br />
De même, l’exploitation des nouvelles sources d’eau<br />
douce utilisées dans les zones de stress hydrique est<br />
gourmande en énergie : le dessalement de l’eau de<br />
mer en consomme ainsi deux à trois fois plus que les<br />
systèmes d’approvisionnement conventionnels (lire<br />
« Boire les océans », p. 66).<br />
Une autre gestion de l’eau<br />
<strong>La</strong> quatrième tendance concerne le vieillissement des<br />
infrastructures et, donc, leur dégradation. Un état de<br />
fait qui pose problème dans de nombreux pays. Les<br />
installations de réseaux urbains d’alimentation en eau<br />
potable et d’évacuation des eaux usées représentent<br />
d’énormes investissements. Même si leur durée de<br />
vie est assez longue, en général de plusieurs décennies,<br />
leur entretien et leur rénovation ne sont pas toujours<br />
réalisés à temps. Or, des conduites en mauvais<br />
état affectent la qualité de l’eau distribuée et risquent<br />
de contaminer les eaux souterraines et les sols. En<br />
Europe, quelque 5 milliards d’euros sont dépensés<br />
chaque année pour réhabiliter les réseaux. Aux États-<br />
Unis, où ils ont plus de cinquante ans, on estime qu’il<br />
faudrait pour cela 700 milliards de dollars.<br />
Tous ces facteurs nous poussent à réévaluer notre<br />
approche traditionnelle de la gestion des eaux<br />
urbaines, qui n’est plus adaptée à nos besoins. Les<br />
méthodes de potabilisation et d’assainissement<br />
de l’eau utilisées dans le monde ont, en effet, été<br />
inventées au milieu du xix e siècle et se sont développées<br />
dans des parties du monde où la ressource<br />
était abondante. Leur principe est une circulation<br />
« en boucle » où l’eau va de la source au robinet, puis<br />
de l’évier à l’égout qui l’achemine jusqu’à la station<br />
d’épuration, avant de repartir dans la nature.<br />
Du point de vue de la santé publique, ce système<br />
a largement fait ses preuves pour fournir une eau<br />
potable de qualité et un assainissement adéquat.<br />
Évolution de la consommation mondiale d’eau<br />
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MODÉLISATION EAU<br />
k<br />
À SINGAPOUR,<br />
LE BASSIN DE MARINA<br />
BAY, BIENTÔT ISOLÉ<br />
DE LA MER, RETIENDRA<br />
LES EAUX DE PLUIE<br />
ET DEVIENDRA UNE<br />
RÉSERVE D’EAU DOUCE.<br />
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L’agriculture absorbe plus de 70 % de l’eau douce dans le monde. L’eau potable<br />
compte pour moins de 10 %.<br />
LA RECHERCHE • OBJECTIF TERRE 2050 • JANVIER 2008 • N° 415 • 39<br />
INFOGRAPHIE : LUDOVIC DUFOUR-SOURCE SVGW/SSIGE