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La Recherche - Veolia Environnement

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INFOGRAPHIE : VEOLIA ENVIRONNEMENT<br />

TECHNOLOGIE RECYCLAGE TECHNOLOGIE RECYCLAGE<br />

(1) Projet européen<br />

Techneau :<br />

www.techneau.org/<br />

(en anglais).<br />

Renforcement des<br />

transferts d’eau de<br />

surface vers les eaux<br />

souterraines suite<br />

au pompage.<br />

Pompage<br />

En 2050, il serait tout simplement normal d’utiliser<br />

20 % d’eau recyclée en moyenne dans le monde,<br />

voire 50 % à 70 % dans certaines villes de pays arides<br />

et autour de la Méditerranée.<br />

Où en est-on aujourd’hui ? Même si les différents<br />

procédés de traitement* sont connus et utilisés de<br />

longue date, l’eau recyclée ne représente pas plus de<br />

5 % de l’approvisionnement mondial en eau. Elle est<br />

surtout utilisée pour l’agriculture. Un pays comme la<br />

Tunisie recycle ses eaux depuis 1989 pour l’irrigation<br />

de cultures de citrons, d’olives et de coton. L’industrie<br />

vient ensuite, en particulier, dans les centrales de production<br />

d’électricité, mais aussi dans l’industrie chimique.<br />

En Allemagne, à Hamm, Dupont de Nemours<br />

recycle 90 % de ses eaux. Enfin, l’eau recyclée sert<br />

parfois pour des usages urbains. Ce n’est pas encore<br />

tout à fait dans les mœurs. Néanmoins, on installe,<br />

dans certains pays, de plus en plus de « doubles<br />

réseaux » : une canalisation pour l’eau potable, une<br />

autre pour l’eau recyclée, qui sert à alimenter les<br />

chasses d’eau ou l’arrosage. Ce système simple est<br />

utilisé au Japon, à Tokyo, depuis 1984 à hauteur de<br />

70 • LA RECHERCHE • OBJECTIF TERRE 2050 • JANVIER 2008 • N° 415<br />

8 000 mètres cubes (m 3 ) par<br />

jour et en Australie, à Adélaïde<br />

(lire « L’Australie mise sur le<br />

recyclage », p. 71).<br />

Quant aux exemples de recyclage<br />

en eau potable, ils sont<br />

encore rares et mettront du temps à se développer.<br />

En Afrique australe, la Namibie a été le premier<br />

pays à mettre cela en œuvre à grande échelle,<br />

Eau potable : on redécouvre que le sol est un filtre idéal<br />

« Peu connue en France, la “filtration sur berges” est utilisée depuis plus d’un siècle pour fournir de l’eau potable<br />

à des millions d’Européens », rappelle Yann Moreau-Le Golvan, responsable recherche et développement au<br />

Centre de compétences sur l’eau de Berlin (KWB), ville d’Allemagne où 75 % de l’eau potable est produite par<br />

cette technique (100 % à Düsseldorf, Allemagne). De quoi s’agit-il ? « D’utiliser les capacités naturelles d’épuration<br />

des sols, répond l’hydrogéologue. L’eau est prélevée<br />

directement dans des nappes souterraines, situées sous des<br />

fleuves (nappes alluviales) à quelques dizaines de mètres<br />

des berges des lacs et des rivières. » Durant son infiltration<br />

dans le sol, l’eau est soumise à une activité microbiologique<br />

intense qui permet la biodégradation aérobie et ana-<br />

Réalimentation<br />

naturelle<br />

Réalimentation<br />

artificielle<br />

par bassin de<br />

réinfiltration<br />

L’eau se fraye un chemin dans le sous-sol et subit une épuration naturelle.<br />

© VEOLIA<br />

LES EFFLUENTS<br />

D’UNE RÉSIDENCE<br />

TOURISTIQUE SONT<br />

TRAITÉS ET UTILISÉS<br />

POUR ARROSER<br />

LE GOLF DE SPERONE,<br />

EN CORSE.<br />

érobie* de nombreux composés indésirables. À Berlin,<br />

elle ne subit ensuite qu’une simple aération et filtration<br />

avant distribution. Depuis 2001, le procédé fait l’objet de<br />

plusieurs programmes de recherche, à Berlin (projet<br />

Nasri) et à Delhi, en Inde (projet financé par <strong>Veolia</strong> et projet<br />

européen Techneau (1)). « L’objectif est de quantifier et<br />

de modéliser les processus biophysico-chimiques qui ont<br />

lieu lors de l’infiltration afin d’optimiser le dimensionnement<br />

et les performances de tels systèmes », précise Yann<br />

Moreau-Le Golvan. En raison de sa simplicité et de son efficacité,<br />

le procédé fait l’objet d’un regain d’attention auprès<br />

des organisations internationales telles que l’Unesco.<br />

« Pour bénéficier d’un système efficace, il faut s’assurer<br />

que le milieu soit suffisamment perméable et que la nappe ne soit pas polluée », indique-t-il. L’aménagement<br />

de bassins d’infiltration permet d’augmenter les volumes qui peuvent contribuer à la recharge des nappes et<br />

garantir une exploitation durable des ressources souterraines. « Ce procédé ancien peut aussi apporter une<br />

réponse moderne pour gérer les problèmes de rareté de la ressource », explique-t-il. S. C.<br />

© VEOLIA-CHRISTOPHE MAJANI<br />

depuis bientôt quarante ans ! <strong>La</strong> production dépasse<br />

20 000 m 3 par jour. L’eau recyclée est aussi utilisée<br />

en complément des ressources en eau. Ainsi,<br />

à Singapour, dans le cadre d’un vaste programme<br />

de recyclage des eaux usées (projet NEWater), de<br />

l’eau recyclée est additionnée aux réservoirs d’eau<br />

potable, à hauteur de 1 % pour l’instant. L’Australie<br />

développe aussi ces solutions.<br />

<strong>La</strong> boucle est bouclée<br />

Le recyclage est en fait une réalité depuis longtemps<br />

dans des zones soumises à un stress hydrique, comme<br />

Israël qui recycle 70 % de son eau depuis 1977 pour<br />

son agriculture et envisage d’aller jusqu’à 100 %.<br />

Même chose en Espagne, sur toute la côte et les îles<br />

(soit un recyclage à hauteur de 35 % à l’échelle du<br />

pays) ou en Australie. Environ 200 municipalités<br />

européennes le pratiquent, dont une trentaine en<br />

France, comme Clermont-Ferrand ou Le Mont-<br />

Saint-Michel pour l’agriculture, Sainte-Maxime ou<br />

Sperone en Corse pour l’arrosage de golfs.<br />

À terme, c’est l’injection d’eaux usées épurées<br />

dans les aquifères qui devrait se développer à<br />

grande échelle (lire « Eau potable : on redécouvre<br />

que le sol est un filtre idéal », p. 70). Une<br />

façon de restituer l’eau au lieu de rejeter des eaux<br />

sorties des usines d’épuration, de bonne qualité,<br />

dans le milieu aquatique, pour rejoindre l’aval des<br />

fleuves (dans lesquels elles avaient été prélevées) et<br />

finalement… la mer.<br />

<strong>La</strong> pratique est déjà courante dans certaines villes<br />

situées au bord des baies, des golfes ou des estuaires<br />

où on recharge ainsi les nappes phréatiques, à partir<br />

d’eaux usées traitées. Cela permet de limiter<br />

du même coup les remontées salines, comme à<br />

Barcelone en Espagne ou en Belgique, un des pays<br />

européens les plus pauvres en ressource en eau, ou<br />

encore dans le sud de la Californie, aux États-Unis.<br />

Ensuite, il s’agit simplement de profiter des capacités<br />

RÉUTILISER LES EAUX<br />

APRÈS LEUR TRAITEMENT<br />

DANS LES USINES<br />

D’ÉPURATION : UNE<br />

RESSOURCE ALTERNATIVE<br />

À DÉVELOPPER.<br />

L’Australie mise sur le recyclage<br />

L’Australie s’est engagée dans un vaste programme de réutilisation des<br />

eaux usées, avec un objectif de 20 % de recyclage en 2012 dans certaines<br />

villes (au lieu de 12 % en moyenne actuellement) et qui, à terme, pourrait<br />

atteindre 50 %. Parmi les principaux projets, auxquels participe une filiale<br />

de <strong>Veolia</strong> Eau (United Water) : celui de la région du Queensland au Sud-Est.<br />

Il s’agit de l’un des plus grands projets au monde de recyclage des eaux<br />

usées en eaux industrielles et comme complément des ressources en eau,<br />

qui devrait aboutir en 2008. Il rassemblera et traitera les eaux de 6 usines<br />

d’assainissement de la région. Autre exemple, à Adélaïde (capitale de l’État<br />

d’Australie du Sud) : entre 20 % et 30 % des eaux usées traitées dans les<br />

usines de dépollution (Bolivar, Christies Beach) sont recyclées à des fins<br />

agricoles et domestiques. À Mawson <strong>La</strong>kes, à une dizaine de kilomètres du<br />

centre-ville d’Adelaïde, c’est un parc résidentiel d’environ 7 000 personnes<br />

qui sera alimenté d’ici à 2010 à 50 % par des eaux recyclées.<br />

naturelles du sous-sol pour traiter et stocker l’eau.<br />

Une méthode simple et peu coûteuse.<br />

Les technologies de traitement, quant à elles,<br />

devraient encore évoluer, devenir moins énergivores,<br />

plus fiables, grâce, par exemple, à de nouvelles<br />

membranes, des procédés biologiques améliorés,<br />

mais aussi de nouveaux systèmes de contrôle comme<br />

les traitements à la source des effluents industriels.<br />

Cela consiste à gérer les sources d’eaux usées, avant<br />

qu’elles ne rejoignent les réseaux d’assainissement.<br />

L’idéal serait que tous les produits soient labellisés en<br />

fonction de leurs performances environnementales,<br />

de leurs potentiels à être recyclés et que des normes<br />

soient établies, par exemple, pour les détergents,<br />

les cosmétiques, les agents nettoyants, les produits<br />

pharmaceutiques...<br />

Sécheresses, pluies intenses, mais de courte durée,<br />

incertitudes dues au réchauffement climatique...<br />

imposent une gestion de plus en plus rigoureuse et<br />

intégrée de la ressource. En quelques décennies,<br />

le recyclage des eaux usées devrait<br />

cesser d’être une voie de développement<br />

durable émergente pour<br />

devenir une solution incontour-<br />

nable pour l’alimentation en eau<br />

des villes. ● P. D. ET S. R.-P.<br />

POUR EN SAVOIR PLUS<br />

Le projet de la région de<br />

Queensland : www.westerncorridor.<br />

com.au/home.aspx?docId=1 (en anglais).<br />

Le projet NEWater à Singapour :<br />

www.pub.gov.sg/NEWater_files/<br />

overview/index.html (en anglais).<br />

* Les procédés<br />

de traitement<br />

peuvent comporter<br />

filtration,<br />

désinfection, voire<br />

microfiltration et<br />

osmose inverse<br />

pour de l’eau<br />

« ultra-pure ».<br />

Ils diffèrent selon<br />

l’utilisation finale<br />

de l’eau et la<br />

législation locale.<br />

* Anaérobie<br />

signifie<br />

en l’absence<br />

d’oxygène.<br />

LA RECHERCHE • OBJECTIF TERRE 2050 • JANVIER 2008 • N° 415 • 71

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