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La Recherche - Veolia Environnement

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TECHNOLOGIE DESSALEMENT<br />

Boire les océans<br />

© SIDEM-PHOTOTHÈQUE VEOLIA EAU SOLUTIONS & TECHNOLOGIE-R.SECCO<br />

Alain Maurel,<br />

ancien ingénieur<br />

au Commissariat<br />

à l’énergie atomique,<br />

est consultant.<br />

alain.silva.<br />

maurel@wanadoo.fr<br />

Performances améliorées, coûts réduits : les techniques de dessalement<br />

ont beaucoup progressé ces dernières années. Mais dans quelle<br />

mesure pourront-elles contribuer à répondre aux besoins croissants en<br />

eau potable ?<br />

<strong>La</strong> mer est une manne d’eau... salée. Pour<br />

certains pays du Moyen-Orient, c’est néanmoins<br />

la seule source possible d’eau douce :<br />

au Koweït ou au Qatar, le dessalement<br />

concerne même la quasi-totalité des moyens<br />

de production d’eau douce. À l’échelle mondiale,<br />

l’eau dessalée reste une « goutte d’eau », qui alimente<br />

environ 1,5 % de la population. Mais, depuis<br />

dix ans, le marché mondial du dessalement est en<br />

forte progression, de l’ordre de 10 % par an. En 2004,<br />

37,75 millions de mètres cubes (m 3 ) d’eau dessalée<br />

ont été produits par jour dans plus de 17 000 usines,<br />

réparties dans plus de 120 pays. Elle provenait à 60 %<br />

d’eau de mer et à 40 % d’eaux saumâtres (lire « Des<br />

eaux plus ou moins salées », p. 67). En une cinquantaine<br />

d’années, les technologies ont fait des progrès<br />

considérables. Mais les investissements nécessaires<br />

et les coûts de fonctionnement restent élevés.<br />

Ils dépendent principalement de la taille de l’installation<br />

et de la salinité de l’eau : au mieux de 0,6 à<br />

0,8 euros par mètre cube d’eau de mer pour les très<br />

grandes installations (plus de 100 000 m 3 par jour)<br />

et, en général, de 0,2 à 0,4 euros par mètre cube pour<br />

les eaux saumâtres, soit deux à trois fois plus cher<br />

que les traitements d’eaux de surface. C’est acceptable<br />

pour les besoins humains, pour l’industrie ou<br />

pour la production de produits agricoles à fort rapport<br />

économique (légumes, fleurs), moins pour les<br />

besoins agricoles très gourmands en eau (cultures<br />

de plein champ, céréales). Ainsi en Espagne (cinquième<br />

pays du monde en capacité installée de<br />

dessalement, avec 2,42 millions de mètres cubes<br />

par jour), 22,4 % de l’eau dessalée sert à la production<br />

de légumes primeurs. Deux grandes familles<br />

de procédés se partagent le marché : ceux par évaporation<br />

(ou distillation) et ceux de séparation par<br />

membranes, plus récents, qui concernent près de<br />

70 % des constructions actuelles.<br />

Deux techniques concurrentes<br />

Dans les procédés par évaporation, l’eau de mer<br />

chauffée produit une vapeur d’eau pure qu’il suffit<br />

de condenser sur des faisceaux de tubes refroidis<br />

par l’eau de mer pour obtenir de l’eau douce. Un<br />

principe très simple utilisé depuis les premiers<br />

transports en mer pour produire l’eau douce sur les<br />

bateaux. Actuellement trois tech-<br />

VEOLIA CONSTRUIT<br />

LA PLUS GRANDE USINE<br />

DE DESSALEMENT PAR<br />

DISTILLATION À BAHREÏN<br />

(GOLFE PERSIQUE).<br />

ELLE SERA ASSOCIÉE<br />

À UNE CENTRALE<br />

THERMIQUE.<br />

niques industrielles sont mises en<br />

œuvre : la distillation par détentes<br />

successives (ou procédé Flash), qui<br />

s’est largement répandue depuis les<br />

années 1960 ; la distillation multiples<br />

effets, qui s’impose depuis les années<br />

1990, et dont le coût d’installation est 10 % à 20 %<br />

moindre et la consommation énergétique réduite ; la<br />

compression mécanique de vapeur utilisée pour les<br />

faibles capacités (quelques milliers de mètres cubes<br />

par jour). Dans les années 1970, un procédé de séparation<br />

par membrane, l’osmose inverse* , est apparu.<br />

D’abord utilisé pour dessaler des eaux saumâtres et<br />

pour de petites unités de dessalement d’eaux de mer,<br />

il concurrence désormais la distillation, y compris<br />

pour des installations de capacité élevée comme<br />

celle d’Ashkelon en Israël. L’eau y est filtrée à travers<br />

des membranes en polymère de type polyamide et<br />

de structure dense. Sous l’effet d’une pression supérieure<br />

à la pression osmotique* de l’eau saline, les<br />

membranes laissent passer l’eau et elles retiennent les<br />

sels et les autres particules. À l’avenir, l’osmose k © PHOTOTHÈQUE VEOLIA-RICHARD MAS<br />

TECHNOLOGIE DESSALEMENT<br />

66 • LA RECHERCHE • OBJECTIF TERRE 2050 • JANVIER 2008 • N° 415 LA RECHERCHE • OBJECTIF TERRE 2050 • JANVIER 2008 • N° 415 • 67<br />

© HASHIM/GULFIMAGES/GETTY<br />

Des eaux<br />

plus ou moins salées<br />

Eau saumâtre (dont la salinité est sensiblement<br />

inférieure à celle de l’eau de mer, comme dans les<br />

nappes du Sahara ) : de 2 à 10 grammes de sel par<br />

litre d’eau (g/l).<br />

Eau de mers ouvertes (Atlantique, mer du Nord,<br />

Pacifique) : 35 g/l.<br />

Eau de mers fermées ou peu ouvertes : de 39 g/l<br />

(Méditerranée) à 70 g/l (Golfe arabo-persique).<br />

© PHOTOTHÈQUE VEOLIA-RICHARD MAS<br />

L’EAU DE MER EST UNE<br />

RESSOURCE ALTERNATIVE<br />

ABONDANTE.<br />

DANS CERTAINES RÉGIONS,<br />

LE DESSALEMENT EST<br />

LA SEULE SOURCE D’EAU<br />

POTABLE, COMME<br />

AU MOYEN-ORIENT.<br />

DEPUIS 2006, L’USINE<br />

DE DESSALEMENT<br />

D’ASHKELON<br />

(ISRAËL) PRODUIT<br />

320 000 MÈTRES CUBES<br />

PAR JOUR D’EAU POTABLE<br />

PAR OSMOSE INVERSE.<br />

L’EAU DE MER,<br />

PRÉLEVÉE AU LARGE,<br />

EST D’ABORD FILTRÉE<br />

DANS CES BASSINS :<br />

ELLE TRAVERSE<br />

1,5 MÈTRE DE SABLE.

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