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La Recherche - Veolia Environnement

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TECHNOLOGIE BÂTIMENT ET TRANSPORT TECHNOLOGIE BÂTIMENT ET TRANSPORT<br />

Daniel<br />

Quénard<br />

est chef de la division<br />

caractérisation<br />

physique des<br />

matériaux au Centre<br />

scientifique et<br />

technique du bâtiment<br />

(CSTB) de Grenoble.<br />

daniel.<br />

quenard@cstb.fr<br />

Vers l’autonomie<br />

énergétique<br />

Comment concilier bâtiment et transport pour répondre aux nouvelles<br />

réglementations, aux obligations de Kyoto ? Quels sont les concepts<br />

émergents, applicables dès maintenant ?<br />

<strong>La</strong> question de la lutte contre les émissions<br />

de gaz à effet de serre ne porte plus,<br />

dorénavant, sur la nécessité de l’action,<br />

mais sur les modalités pour répondre à<br />

l’urgence. En France, le rapport 2006 de<br />

l’Institut français de l’environnement indique que<br />

le logement et le véhicule particulier offrent le plus<br />

gros potentiel de réduction des gaz à effet de serre.<br />

Les 30 millions de logements et les 30 millions de<br />

véhicules représentent près de la moitié des émissions<br />

nationales. Alors que celles-ci<br />

diminuent dans tous les secteurs, elles<br />

progressent depuis 1990 dans le bâtiment<br />

et les transports, avec respectivement<br />

+22 % et + 23 %.<br />

Pourtant, les efforts réalisés ont abouti à<br />

de réelles avancées. Dans les logements<br />

neufs et existants, la priorité concerne<br />

les consommations dues au chauffage<br />

(principalement au fioul et au gaz) qui<br />

représentent 75 % du total. En France, le renforcement<br />

de la réglementation thermique et l’apparition<br />

de matériaux isolants efficaces ont déjà abaissé<br />

la consommation d’énergie de 372 kilowattheures<br />

par mètre carré et par an (kWh/m 2 /an), en 1973, à<br />

245 kWh/m 2 /an, actuellement.<br />

Toutefois, il reste beaucoup à faire pour atteindre les<br />

performances des bâtiments à basse consommation,<br />

répondant, par exemple, au nouveau label français<br />

Effinergie, dont la consommation est de l’ordre<br />

de 50 kWh/m²/an ou, mieux, des habitations dites<br />

76 • LA RECHERCHE • OBJECTIF TERRE 2050 • JANVIER 2008 • N° 415<br />

Transformer<br />

60 millions de<br />

consommateurs<br />

en producteurs<br />

« passives »* (plusieurs milliers en Allemagne et en<br />

Autriche), voire à énergie positive* (1, 2). Ces bâtiments<br />

présentent des besoins en énergie réduits au<br />

minimum (conception bioclimatique, isolation thermique<br />

et étanchéité à l’air renforcées, fenêtres haute<br />

performance, éclairage naturel…). Ils comportent<br />

des équipements à haute efficacité énergétique, à<br />

la fois hybrides (utilisant énergies renouvelables et<br />

fossiles), compacts et multifonctionnels (produisant<br />

simultanément chauffage, ventilation et eau chaude<br />

sanitaire), pour réduire les coûts et<br />

rechercher des synergies. Enfin, ils<br />

possèdent généralement une toiture<br />

photovoltaïque pour assurer la production<br />

locale d’électricité.<br />

Suivant cette logique, les bâtiments<br />

deviendront dans quelques années des<br />

sites de production d’énergie, principalement<br />

électrique, grâce au photovoltaïque<br />

ou au micro-éolien. Les<br />

60 millions de Français consommateurs d’énergie<br />

se transformeront en autant de producteurs. Cela va<br />

radicalement changer nos rapports avec l’énergie :<br />

quand on en produit soi-même, on s’en préoccupe<br />

forcément plus et mieux. Mais ces efforts resteront<br />

limités, si la démarche n’est pas imaginée de façon<br />

globale. Ainsi, les diminutions de consommation<br />

d’énergie réalisées dans le secteur du bâtiment pourraient<br />

être d’emblée annihilées par un usage croissant<br />

de la voiture : une réduction de 80 kWh/m²/an<br />

dans l’habitat est annulée par 20 kilomètres (km)<br />

© ROLF DISCH<br />

parcourus en véhicule particulier chaque jour, pendant<br />

un an (3) ! Il est donc nécessaire de s’attaquer<br />

parallèlement au problème des transports et à celui<br />

des véhicules individuels qui représentent la majorité<br />

des émissions de ce secteur.<br />

Pourtant, dans le domaine des transports aussi, beaucoup<br />

de progrès ont été accomplis : la consommation<br />

unitaire des véhicules a été réduite de 15 % depuis<br />

1990 et les émissions de dioxyde de carbone (CO 2 ) de<br />

30 % entre 1975 et 2003. Mais ces progrès ont aussitôt<br />

été balayés par d’autres évolutions. Primo, l’éloignement<br />

entre l’habitat et les lieux de services ou d’activités<br />

ont fait passer la distance journalière parcourue par<br />

une automobile d’une vingtaine de kilomètres environ<br />

à plus de trente. Secundo, le modèle du ménage multi-<br />

équipé en automobiles a enrichi le parc de 3 millions<br />

de véhicules.<br />

De l’hybride rechargeable sur le réseau…<br />

Si le bâtiment bénéficie d’un « bouquet » énergétique<br />

diversifié, les transports (véhicules particuliers et<br />

transports routiers) dépendent, quant à eux, à plus<br />

de 98 % du pétrole. Le service d’évaluation des<br />

choix scientifiques et technologiques (STOA) (4)<br />

du Parlement européen a comparé les technologies<br />

alternatives au tout pétrole, que ce soient les piles à<br />

combustible, les véhicules électriques, hybrides, les<br />

biocarburants et le gaz naturel. Si aucune ne peut<br />

prendre à elle seule le relais du pétrole, le STOA<br />

estime néanmoins que, dans vingt à trente ans, la plus<br />

grande partie des véhicules seront construits selon<br />

FRIBOURG, SURNOMMÉE<br />

LA « VILLE SOLAIRE »<br />

EN ALLEMAGNE,<br />

PRIVILÉGIE<br />

L’ÉNERGIE SOLAIRE<br />

DE LONGUE DATE,<br />

SUR LES BÂTIMENTS.<br />

la technologie hybride, alliant un moteur électrique<br />

à un moteur thermique (essence, Diesel, gaz, biocarburants,<br />

hydrogène). Actuellement, les véhicules<br />

hybrides rechargent leurs batteries, de faible capacité<br />

pour l’instant, à partir de l’énergie produite par le<br />

moteur thermique et l’énergie cinétique (freinage<br />

et décélération). C’est pourquoi, rouler en électrique<br />

pur n’est possible que sur une courte distance,<br />

de quelques dizaines de kilomètres au maximum.<br />

Pour pallier cette faible autonomie, est apparue<br />

l’idée d’un Véhicule hybride rechargeable (VHR)<br />

que l’on alimenterait directement sur le réseau électrique<br />

collectif.<br />

En France, 60 % des trajets journaliers pourraient<br />

être couverts par un VHR disposant d’une autonomie<br />

électrique de 30 km (5). Par ailleurs, avec des<br />

émissions de CO comprises entre 40 et 80 grammes<br />

2<br />

par kilomètre (g/km), selon l’autonomie du véhicule,<br />

contre 155 g/km pour un véhicule familial moyen à<br />

essence, les VHR permettraient de diviser par quatre<br />

les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 et<br />

ainsi d’atteindre le Facteur 4 dans le secteur automobile<br />

! Bien sûr, ces gains importants ne sont possibles<br />

que si la production de l’électricité fournissant<br />

l’énergie des VHR est exempte d’émission de CO : 2<br />

elle proviendrait du nucléaire, de l’hydraulique ou<br />

des énergies renouvelables.<br />

Encore à l’état de prototypes, les VHR font l’objet<br />

d’un intérêt croissant à travers le monde. Plusieurs<br />

sociétés (Hymotion, EnergyCS, ACPropulsion)<br />

proposent des kits pour augmenter la capacité<br />

k<br />

(1) J.-C. Sabonnadière<br />

(dir.), D. Quenard,<br />

Nouvelles<br />

Technologies<br />

de l’énergie 4,<br />

« Vers des bâtiments<br />

à énergie positive »,<br />

Hermes-<strong>La</strong>voisier,<br />

2007.<br />

(2) A. Maugard<br />

et al., « Le bâtiment<br />

à énergie positive »,<br />

Futuribles, 304,<br />

2005.<br />

(3) T. Chambolle<br />

et H. Pouliquen,<br />

Perspectives<br />

énergétiques de<br />

la France à l’horizon<br />

2020-2050, Rapport<br />

de la commission<br />

Énergie, 2007.<br />

(4) www.europarl.<br />

europa.eu/stoa/<br />

publications/<br />

studies/stoa179_<br />

en.pdf (en anglais).<br />

LA RECHERCHE • OBJECTIF TERRE 2050 • JANVIER 2008 • N° 415 • 77

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