Les nouvelles sources du droit commercial ... - unesdoc - Unesco
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REVUE INTERNATIONALE DES SCIENCES SOCIALES<br />
mise à la masse des fidèles. L'autorité des livres saints (le Koran et la Sunna,<br />
ou tradition), ainsi que Yijma (c'est-à-dire les décisions unanimes de la<br />
communauté), règlent dans leurs moindres détails les relations entre indivi<strong>du</strong>s<br />
et entre ceux-ci et l'État. La législation reflétant la volonté divine a<br />
été, pendant longtemps, interprétée de façon très stricte. Le scrupule religieux<br />
a visiblement gêné les maîtres <strong>du</strong> <strong>droit</strong> musulman. En théorie <strong>du</strong><br />
moins, il ne saurait y avoir de doute sur la solution à apporter à chaque cas<br />
juridique. Tel était le caractère sacré des lois dictées par Dieu que le pouvoir<br />
législatif échappait, en principe, aux califes, puisqu'ils ne pouvaient<br />
les modifier. Tout au plus leur était-il permis d'interpréter les textes et de<br />
prévoir certaines réglementations. Leurs décisions étaient d'ordre doctrinal<br />
et n'avaient pas, théoriquement <strong>du</strong> moins, force obligatoire.<br />
La communauté des croyants est conçue comme une entité religieuse et<br />
politique dont la fonction est de propager la foi. Le consensus de cette<br />
communauté a force de loi, le prophète ayant dit : « Ma communauté ne<br />
sera pas unanime à consacrer une erreur. » Dans son souci d'assurer la<br />
cohésion de cette communauté, la législation islamique a multiplié les<br />
articles réglementant la vie <strong>du</strong> musulman, afin de minimiser les chances<br />
de conflit, même sur le plan indivi<strong>du</strong>el. Le sentiment d'appartenance à la<br />
communauté est encore entretenu par de nombreuses pratiques et, en plus,<br />
cimenté par le contrôle sévère de la conscience sociale. Au sein de Youmma<br />
(communauté), les fidèles doivent rester unis et organisés pour faire face à<br />
l'incré<strong>du</strong>lité. La guerre sainte — obligation qui l'oppose aux autres peuples<br />
— renforce encore la structure de cette communauté.<br />
Caractère sacré de la législation, exaltation de la communauté, ces deux<br />
facteurs auraient pu faire naître une intransigeance qui n'est pas, cependant,<br />
un des aspects marquants de la civilisation musulmane examinée à la<br />
lumière de son histoire. Le Prophète lui-même, en grand politique, a su<br />
transiger chaque fois qu'il l'a cru nécessaire et, même en matière religieuse,<br />
il s'est montré conciliant envers les traditions les plus anciennes des peuples<br />
arabes. L'esprit de tolérance dont il a fait preuve à l'égard des religions<br />
chrétienne et juive se retrouve dans l'attitude de l'islam vis-à-vis des coutumes<br />
des peuples africains qui se sont convertis. La facilité avec laquelle<br />
il accepte que les néophytes conservent les coutumes qui leur sont chères a<br />
beaucoup contribué au succès de sa propagande.<br />
L'implantation de l'islam sur les territoires des civilisations byzantine et<br />
perse a forcément intro<strong>du</strong>it des innovations importantes dans l'administration<br />
et même dans la législation. <strong>Les</strong> institutions de tribus nomades ne<br />
pouvaient convenir à des populations sédentaires et urbanisées. <strong>Les</strong> successeurs<br />
de Mahomet ont transformé l'autorité qu'ils tenaient de Dieu et de<br />
l'élection en un pouvoir héréditaire.<br />
De même que Mahomet avait fait de larges emprunts au judaïsme et au<br />
christianisme, ses successeurs ont subi l'influence des empires byzantin et<br />
persan et se sont inspirés, dans l'organisation de leurs États, des traditions<br />
bureaucratiques et despotiques de leurs voisins. Si puissants que fussent les<br />
califes et si arbitraires que fussent souvent leurs décisions, ils n'ont pas cru<br />
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