Les nouvelles sources du droit commercial ... - unesdoc - Unesco
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REVUE INTERNATIONALE DES SCIENCES SOCIALES<br />
peut avoir des effets très divers à différents moments : les Shawnee n'avaient<br />
jamais protesté contre l'emploi des briquets <strong>du</strong> commerce, jusqu'au jour<br />
où Tenskwatawa fit de ces objets l'un des symboles de la destruction des<br />
valeurs autochtones. Lorsqu'une idée nouvelle, qu'elle soit d'origine<br />
autochtone ou étrangère, n'a pas de signification symbolique, son intro<strong>du</strong>ction<br />
a des chances de passer inaperçue. Y aura-t-il ou non une « guerre<br />
à outrance » dans un cas donné ? Tout dépend <strong>du</strong> milieu culturel et de la<br />
personnalité des intéressés.<br />
Heureusement, nous ne sommes pas obligés de nous en tenir à des considérations<br />
abstraites. Des études telles que celle <strong>du</strong> professeur Mandelbaum<br />
sur les Kota nous permettent de nous représenter les processus psychosociologiques.<br />
Tout aussi instructif est le schisme qui se pro<strong>du</strong>isit, en 1906,<br />
dans le village hopi d'Oraibi et qui a été décrit par plusieurs auteurs.<br />
Nous suivrons, dans l'ensemble, le récit détaillé <strong>du</strong> professeur Titiev, en<br />
donnant quelques indications préliminaires sur l'histoire des Hopi et sur<br />
les aspects pertinents de leur culture 1 .<br />
Bien que ré<strong>du</strong>it à 1 878 membres en 1904, le groupe Hopi a toujours<br />
vécu, aux temps historiques, dispersé dans un certain nombre de villages<br />
politiquement autonomes. Oraibi, jadis le plus important de ces villages,<br />
avait, en 1890, une population estimée à 905 habitants. Aussi loin que<br />
puissent remonter nos connaissances, les Hopi ont toujours tiré leur subsistance<br />
de la culture <strong>du</strong> maïs, et l'objet manifeste des fêtes complexes qu'ils<br />
célèbrent à dates fixes est d'obtenir de riches récoltes. La vie sociale est<br />
dominée par la division en clans matrilinéaires, dont le nom est associé aux<br />
fêtes et aux salles de cérémonies (kivas) où se célèbrent les rites ésotériques<br />
qui précèdent les manifestations publiques. Le chef <strong>du</strong> village d'Oraibi<br />
appartient au clan de l'Ours et préside à l'importante cérémonie <strong>du</strong> Soyal<br />
(solstice d'hiver) mais, comme tous les chefs hopi, il n'a aucun pouvoir de<br />
coercition.<br />
En principe, les Hopi prônent la coopération et réprouvent les discordes,<br />
qui irritent les dieux et les incitent à refuser la pluie indispensable<br />
à la vie. En fait, les Hopi sont querelleurs, rancuniers, et vont jusqu'à<br />
rompre tous liens sociaux. Cependant, leur idéologie officielle les empêche<br />
normalement de se livrer à des actes de violence à l'intérieur de la tribu.<br />
En 1540, les Espagnols découvrent Oraibi, dont la population, après une<br />
brève résistance, fait sa soumission à don Pedro de Tovar. Peu après la<br />
visite de Juan de Onate, en 1598, des missionnaires arrivent chez les Hopi,<br />
convertissent en apparence quelques indigènes, mais suscitent de violents<br />
ressentiments par leur sévérité. Aussi, les Hopi se joignent-ils aux autres<br />
Indiens Pueblo lors de la rébellion de 1680, massacrant les quatre prêtres<br />
qui résidaient parmi eux. Après la défaite, deux factions rivales se forment :<br />
celle des conciliateurs et celle des irréconciliables. Cette dernière semble<br />
l'emporter : en 1770, les habitants d'Oraibi s'unissent à d'autres Hopi<br />
pour détruire le village d'Awatobi, qui avait accueilli un religieux et lais-<br />
1. Titiev, p. 69-95, 207-211; Parsons, p. 83, U34f.; Fewkes.<br />
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