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Les nouvelles sources du droit commercial ... - unesdoc - Unesco

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COMPROMIS ET RÉSOLUTION DES CONFLITS<br />

indigènes. Au siècle dernier, la population se groupait en petits villages, au<br />

voisinage immédiat des cocotiers. Dès que quelqu'un pénétrait sur le terrain<br />

<strong>du</strong> village, les guetteurs donnaient l'alarme aux guerriers de la communauté.<br />

En fait, « la principale cause de guerre était la noix de coco ». La<br />

guerre éclatait souvent à l'occasion <strong>du</strong> masanga (période pendant laquelle la<br />

cueillette était interdite pour permettre la reconstitution des réserves naturelles<br />

<strong>du</strong> village), les habitants organisaient alors aussitôt des expéditions<br />

contre les plantations de leurs voisins. « <strong>Les</strong> principales res<strong>sources</strong> alimentaires<br />

étant supprimées pour une longue période, le seul moyen d'éviter la<br />

famine était de razzier d'autres îles, ce qui entraînait des guerres et des<br />

pertes de vies humaines. » Étant donné les dangers de l'entreprise, « le<br />

consentement unanime <strong>du</strong> groupe territorial devait être obtenu ». En 1853,<br />

une assemblée locale est convoquée pour décider l'application <strong>du</strong> masanga ;<br />

un indigène y est opposé, craignant que, la consommation de noix de coco<br />

étant interdite, on n'en vienne au cannibalisme ; il cède finalement. Un<br />

commerçant blanc naufragé, adopté par la tribu, est autorisé à exprimer<br />

son opinion ; il finit par « transiger, acceptant le masanga mais allant vivre<br />

dans une autre île pendant l'application de cette mesure 1 ».<br />

Nous retrouverons plus loin le liberum veto, coutume caractéristique d'un<br />

grand nombre de groupes primitifs.<br />

Dans le cas que nous venons de citer, le compromis n'intervient pas entre<br />

indivi<strong>du</strong>s recherchant les mêmes biens matériels, mais entre égaux en désaccord<br />

sur les moyens de faire face à une situation dont ils sont tous victimes.<br />

En pays hopi l'insuffisance des terres à maïs a donné lieu à des conflits à<br />

l'intérieur des villages. Nous connaissons deux cas remarquables de conflit<br />

grave entre clans appartenant à une même phratrie (grand groupe exogamique)<br />

et même un cas de frères ennemis dans un conflit opposant les clans<br />

de leurs femmes. Théoriquement, le chef <strong>du</strong> village administrait toutes les<br />

terres <strong>du</strong> Pueblo et l'une de ses fonctions principales était « de prendre des<br />

décisions concernant la propriété de telle ou telle parcelle et d'accorder des<br />

dommages et intérêts en cas de destruction de la récolte par le bétail ». Mais,<br />

pratiquement, il n'avait aucun pouvoir de coercition et les réfractaires<br />

avaient toutes chances de rester impunis. On voit que l'harmonie tant vantée<br />

des relations sociales chez les Hopi n'est qu'une pieuse illusion. Voici un<br />

exemple concret. Le chef <strong>du</strong> clan Patki <strong>du</strong> village d'Oraibi prétend qu'en<br />

raison <strong>du</strong> rôle de son clan dans certaines cérémonies les membres de ce clan<br />

ont <strong>droit</strong> à une bien plus grande surface de terre cultivée que les membres <strong>du</strong><br />

clan Pikyas, descendants d'immigrants étrangers 2 . Le grand chef rejette<br />

cette prétention. Au lieu de se soumettre, les Patki s'en vont essayer de fonder<br />

un village rival. Ils échoueront d'ailleurs. <strong>Les</strong> Hopi ont donc une procé<strong>du</strong>re<br />

pour régler les conflits fonciers, mais, en l'absence de pouvoir d'exécution,<br />

l'arbitre officiel ne peut imposer sa sentence.<br />

Une forme de propriété très considérée et très répan<strong>du</strong>e chez les peuples<br />

1. Buck 1932, p. 53-60, 108, 113.<br />

2. Titiev, p. 64, 201.<br />

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