Les nouvelles sources du droit commercial ... - unesdoc - Unesco
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REVUE INTERNATIONALE DES SCIENCES SOCIALES<br />
ou une chèvre pour un sacrifice de purification et la chair de l'animal était<br />
consommée au cours d'un repas pris en commun par les deux groupes<br />
familiaux en cause. En outre, la famille <strong>du</strong> coupable offrait une grande<br />
couverture et une somme très importante en cauris à la partie adverse.<br />
Cette somme remplaçait une parente <strong>du</strong> meurtrier, qui devait, autrefois,<br />
être prise pour épouse par un proche parent de la victime. Le premier fils<br />
né de cette union recevait le nom <strong>du</strong> tué, prenait sa place dans le groupe et<br />
l'esprit <strong>du</strong> mort devenait son ancêtre protecteur. Il en allait de même quand<br />
la victime était une femme ; mais, en ce cas, ce n'était pas au mari mais à<br />
un frère ou à un proche parent de la morte qu'une femme devait être<br />
offerte 1 .<br />
Ces coutumes nous permettent de déceler l'influence de la parenté et le<br />
mélange de notions mystiques et temporelles.<br />
La coutume ifugao contraste, à certains égards, avec celle des Dogon ;<br />
mais, comme chez ces derniers, elle fait apparaître le rôle de la parenté.<br />
En ce qui concerne l'homicide, le principe (non appliqué en cas de sorcellerie)<br />
selon lequel « une famille ne peut intenter d'action contre ellemême»<br />
reste essentiel. Un cas extrême s'est présenté en décembre 1913 :<br />
un homme avait tué son père, dont la prodigalité compromettait l'existence<br />
de la famille ; les habitants <strong>du</strong> village estimèrent que cet acte ne les concernait<br />
pas et, si cela n'avait dépen<strong>du</strong> que d'eux, le parricide n'aurait pas été<br />
inquiété.<br />
Il convient de noter, cependant, que, chez les peuples qui ne sont pas<br />
divisés en clans, la parenté n'est pas toujours nettement définie. Certes,<br />
des frères et sœurs ne peuvent s'intenter de procès et des demi-frères ou des<br />
cousins ne doivent pas se trouver dans des camps adverses. Mais si un<br />
homme est grièvement blessé par un de ses cousins, il peut réclamer une<br />
indemnité, inférieure toutefois à celle qu'il serait en <strong>droit</strong> d'exiger d'un<br />
étranger. <strong>Les</strong> dommages mineurs ne doivent pas entrer en ligne de compte.<br />
<strong>Les</strong> liens résultant <strong>du</strong> mariage compliquent la situation. Si un indivi<strong>du</strong><br />
vole <strong>du</strong> riz à un homme marié appartenant à sa famille, la femme, étrangère<br />
au groupe, a <strong>droit</strong> à une indemnité équivalente à la moitié de l'indemnité<br />
habituelle. En règle tout à fait générale, l'indemnité est ré<strong>du</strong>ite ou<br />
même supprimée lorsque le coupable et la victime sont parents.<br />
Nous avons vu que les Ifugao accordent une grande importance à l'intention.<br />
Si un membre d'un groupe de chasseurs, voulant esquiver un sanglier,<br />
tue accidentellement un de ses compagnons avec sa lance — ce qui arrive<br />
parfois — il n'est pas puni si son innocence peut être établie par des témoins.<br />
Cependant, pour marquer qu'il regrette cet acte, il fournira une contribution<br />
volontaire à la cérémonie des funérailles. <strong>Les</strong> circonstances atténuantes<br />
sont accordées en cas d'homicide non prémédité, par imprudence<br />
ou par erreur — par exemple, si le meurtrier a pris un habitant de son village<br />
pour un ennemi rôdant dans l'obscurité. De même, dans les cas fréquents<br />
de querelles d'ivrognes se soldant par des blessures graves ou même<br />
1. Paulme, p. 116-122.<br />
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