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de commande. qu'ils aient envoyé un colis à Joe Camber paraissait on ne peut plus naturel. Mais si celuici
se trouvait dans son atelier, il aurait sans doute déjà pris son courrier.
Il n'y a personne, songea-t-elle avec découragement.
Donna ressentit une sorte de colère lasse à l'égard de Vic. Camber est toujours chez lui, mais oui, il
prendrait racine dans son garage sil le pouvait, bien s˚r, sauf quand j'ai besoin de lui.
- Bon, je vais voir quand même, déclara Donna en ouvrant sa portière.
- Je n'arrive pas à enlever ma ceinture, gémit Tad en se débattant inutilement contre le système de
fermeture.
- Attends, ne t'excite pas, Tad. Je vais te faire descendre.
Elle s'extirpa de la voiture, fit claquer la portière et avança de deux pas vers l'avant de l'auto dans
l'intention de rejoindre le côté passager pour délivrer Tad de ses harnais. Cela donnerait à Camber le
temps de sortir pour voir qui arrivait si jamais il était là. Donna n'aimait pas beaucoup débarquer ainsi,
sans avoir prévenu.
C'était certainement stupide, mais depuis la scène si éprouvante avec Steve Kemp dans la cuisine, elle
avait davantage pris conscience de ce que représentait le fait d'être une pauvre femme sans défense que
depuis l'‚ge de seize ans, ‚ge auquel ses parents lui avaient permis de sortir.
Le calme frappa la jeune femme. L'atmosphère était si chaude et si silencieuse qu'elle en devenait presque
énervante. Certains sons se faisaient entendre, bien s˚r, mais plusieurs années passées à Castle Rock
n'avaient pas réussi à donner une ouÔe campagnarde à
cette New-Yorkaise qui commençait à peine à se faire aux bruits d'une petite ville... et elle se trouvait ici
en pleine campagne.
Donna perçut un chant d'oiseau, puis un autre, plus grinçant, de corbeau, venant du grand champ qui
s'étirait sur le flanc de la colline qu'ils venaient de franchir.
Une légère brise soufflait et les chênes qui bordaient l'allée projetaient une ombre mouvante aux pieds de
la jeune femme. Mais elle ne distinguait aucun ronronnement de moteur, pas même le lointain ronflement
d'un tracteur ou d'une lieuse. Une oreille de la ville saisit plus facilement les bruits provoqués par
l'homme; les sons naturels ont du mal à passer au travers du filet très serré de la perception sélective.
L'absence totale de ces bruits " humains "
met mal à l'aise.
Je l'entendrais sil travaillait dans la grange, songea Donna. Mais elle ne percevait que le crissement de
ses propres pas sur le gravier de l'allée et un bourdonnement, très faible, à peine audible - sans même
réfléchir, son esprit décida qu'il provenait d'un transforma-teur fixé sur l'un des poteaux électriques situés
près de la route.
Elle atteignait le pare-chocs avant et s'apprêtait à