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qu'a subi sa moelle épinière ont d˚ ont d˚ ONT DU...
Cujo se releva, le museau en sang. Son regard paraissait errer, vide à nouveau. Dans la maison, la
sonnerie du téléphone retentissait toujours. Le chien fit mine de s'éloigner puis, comme piqué, se mordit
soudain le flanc avant de bondir sur la vitre de Donna. Il s'écrasa juste devant le visage de la jeune
femme avec un nouveau bruit sourd et effrayant. Le sang gicla sur le verre qui laissa apparaître une
longue fissure argentée. Tad hurla et se plaqua les mains sur la figure, ses ongles griffant ses petites
joues.
L'animal sauta une fois encore. Des filets de bave coulaient de son museau ensanglanté. Donna distinguait
ses crocs, énormes et de la couleur du vieil ivoire.
Il les fit claquer contre la vitre. Entre ses orbites, une coupure saignait. Les yeux du chien ne quittaient
pas ceux de sa victime; des yeux mornes et obtus mais qui trahissaient - Donna l'aurait juré - une certaine
conscience. Une conscience malveillante.
- Fous le camp!- cria-t-elle.
Cujo se jeta une nouvelle fois sur la portière, cognant la tôle. Encore. Et encore. La portière s'était
maintenant nettement enfoncée vers l'intérieur. A chaque choc porté à la Pinto par cette masse de cent
kilos, l'auto oscillait sur ses suspensions. A chaque choc, Donna entendait ce fracas sourd, terrible, et se
disait que la bête avait d˚ se tuer ou au moins s'assommer.
Mais à chaque fois le chien repartait vers la maison, faisait volte-face et se remettait à charger la voiture.
La tête de Cujo n'était plus qu'un masque ensanglanté de poils emmêlés d'o˘ ses yeux, autrefois d'un brun
clair si doux, jetaient des regards de fureur aveugle.
Donna se retourna vers Tad et s'aperçut qu'il était plongé en état de choc, ramassé sur lui-même en
position foetale, les mains nouées à la naissance du ster-
num, la poitrine se soulevant par saccades.
Peut-étre que cela vaut mieux. Peut-être...
Dans la maison, la sonnerie s'interrompit. Cujo, qui s'apprêtait à repartir à l'attaque, s'immobilisa. Il
inclina de nouveau la tête dans cette position curieusement évocatrice. Donna retint son souffle. Le
silence semblait très dense. Cujo s'assit, leva son museau horriblement mutilé vers le ciel, et poussa un
long hurlement, si lugubre et désolé que Donna frissonna, ne souffrant plus de la chaleur mais ayant
l'impression de se trouver au fond d'une crypte glacée. A cet instant précis, elle sut - il ne s'agissait plus
d'un sentiment ou d'une simple pensée -, elle sut que ce chien était plus qu'un animal ordinaire.
Le moment s'évanouit. Cujo se releva, très lentement, apparemment épuisé, puis se dirigea vers l'avant de
la Pinto. Donna supposa qu'il s'était couché là car elle ne distinguait plus sa queue. Elle resta néanmoins
tendue quelque temps encore, se tenant prête à voir la bête se jeter sur le capot comme cela lui était déjà
arrivé. Rien de tel ne se produisit. Seul le silence régnait.
La jeune femme prit Tad dans ses bras et se mit à lui fredonner une chanson.