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Andy était donc le crack de la famille mais sa mère ne l'avait jamais aimé. Elle le craignait un peu. quand
elle parlait de lui à ses amis, elle disait souvent
" Andy a un coeur de pierre ", et elle n'exagérait pas. Il contrôlait toujours le moindre de ses sentiments,
se tenait continuellement sur la réserve. Il savait depuis tout petit que, n'importe comment, il parviendrait
au bout de ses études et deviendrait homme de loi. Les hommes de loi gagnaient beaucoup d'argent. Ils
travaillaient avec logique et Andy ne jurait que par la logique.
Il considérait chaque événement comme un point d'o˘ partait un nombre limité de possibilités. Au bout de
chaque voie de possibilités se trouvait un autre point.
Et ainsi de suite. Cette philosophie du pointillé l'avait plutôt bien servi jusqu'à présent. Après une
scolarité
brillante de bout en bout, il obtint une bourse d'études et aurait pu choisir n'importe quelle université. Il
opta pour celle du Maine, rejetant ainsi un éventuel diplôme à Harvard car il avait déjà prévu de
commencer sa carrière à Augusta et ne voulait pas qu'un de ces bouseux en bottes de caoutchouc et gros
anorak lui renvoie un jour Harvard en pleine figure.
En cette chaude matinée de juillet, tout se passait selon un emploi du temps minutieux.
Il reposa le combiné du téléphone de Vic Trenton.
Personne ne répondait chez les Camber. L'inspecteur de la police d'Etat et Bannerman étaient toujours là,
attendant des instructions tels des chiens bien dressés.
Masen avait déjà travaillé avec Townsend, le type de la police d'Etat, et il s'entendait bien avec lui.
quand vous disiez cherche, Townsend se mettait à chercher. Bannerman, lui, était nouveau et ne lui
plaisait pas beaucoup. Il avait les yeux un peu trop brillants et la façon dont il avait brusquement émis
l'idée que Kemp aurait pu soumettre la femme en se servant du gosse... eh bien ces idées-là, Andy Masen
ne les acceptait que venant de lui-même. Tous trois restèrent donc assis sur le canapé, sans mot dire,
attendant que les types du Bureau fédéral arrivent avec leur matériel de repérage téléphonique.
Andy réfléchit à l'affaire. C'était peut-être beaucoup de bruit pour rien, mais il pouvait s'agir de quelque
chose de plus grave. Le mari était persuadé qu'on avait enlevé sa femme et son fils et n'accordait aucune
importance à l'absence de la voiture. Il restait obnubilé
par la certitude que Steve Kemp retenait sa famille.
Andy Masen n'en était pas si s˚r.
Camber ne se trouvait pas chez lui; il n'y avait personne là-haut. Peut-être étaient-ils partis en vacances.
Cela paraissait vraisemblable; juillet était le mois de congé par excellence et la jeune femme avait d˚
trouver porte close. Camber aurait-il accepté de prendre sa voiture s'il partait en vacances ? Peu
probable. La Pinto ne serait sans doute pas là-bas. Il faudrait pourtant vérifier; et il restait une éventualité
que Andy avait préféré taire à Vic.
Imaginons qu'elle ait effectivement conduit la voiture jusqu'au garage de Camber. Imaginons que