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etrouvait sur le plongeoir, il y avait un instant o˘ il fallait choisir : essayer ou battre honteusement en
retraite et laisser la suivante devant le même dilemme.
quand on apprenait à conduire, il venait un jour o˘ Il fallait bien abandonner les petites routes de
campagne désertes, et se lancer dans la circulation urbaine. Le moment venait. Il venait toujours. Le
moment de plonger, celui de conduire, celui d'essayer d'atteindre la porte de service.
Le chien se montrerait tôt ou tard. La situation était critique mais pas encore désespérée. Le moment
psychologique reviendrait - cela, elle ne l'avait pas appris à la fac; elle le savait d'instinct. Si vous
parveniez à
plonger le lundi, rien n'indiquait que vous pourriez recommencer le mardi. Vous pouviez...
Elle s'avoua à contrecoeur que son raisonnement ne tenait pas debout.
Elle avait moins de forces ce soir que la veille. Et elle se sentirait plus faible encore et plus déshydratée
le lendemain. Et ce n'était pas le pire. Cela faisait maintenant - combien ? - vingt-huit heures environ, si
incroyable que cela p˚t paraître, qu'elle était assise. Et si ses muscles s'avéraient trop raides pour courir?
qu'arriverait-il si, arrivée à mi-chemin du porche, elle se retrouvait soudain pliée en deux et s'affalait sur
le gravier, prise d'une crampe à la cuisse?
quand il est question de vie ou de mort, coupa une petite voix impitoyable dans sa tête, il faut saisir
l'instant propice - il ne se présente qu'une fois.
Sa respiration et les battements de son coeur s'étaient accélérés. Son corps savait qu'elle allait essayer
avant même que son esprit ne se f˚t décidé.
Elle enveloppa solidement le chemisier autour de son poing droit, tandis que sa main gauche se posait sur
la poignée de la portière et elle sut que les dés étaient jetés. Elle n'avait pas eu conscience d'une véritable
décision, son corps la conduisait. Elle y allait maintenant, pendant que Tad dormait profondément et qu'il
ne risquait pas de vouloir la suivre.
La main glissante de transpiration, elle actionna la poignée. Elle retenait son souffle, guettant la moindre
alerte.
L'oiseau se remit à chanter. Ce fut tout.
Sil a trop enfoncé la portière, elle ne s'ouvrira même pas, songea-t-elle. Elle en ressentirait une sorte
d'amer soulagement. Elle pourrait alors se réinstaller sur son siège, revoir son plan, réfléchir pour être
s˚re qu'elle n'avait pas laissé des détails de côté... se sentir un peu plus assoiffée... un peu plus faible... un
peu plus lente...
Donna s'arc-bouta, donnant des coups d'épaule dans la porte, pesant de plus en plus contre la tôle récalcitrante.
Sa main transpirait dans l'étoffe de coton. Le poing y était si serré que ses doigts lui faisaient mal.
Elle sentait confusément la morsure de ses ongles pénétrant dans sa chair. Donna ne cessait de s'imaginer
brisant la vitre de la porte du porche pour atteindre la poignée, d'entendre les tessons de verre heurter le
sol à l'intérieur, de se voir saisir cette poignée...